Jakob Fuglsang a remporté d’une main de maître la Doyenne des classiques. Le Danois de la Team Astana a placé une accélération victorieuse dans la dernière difficulté de la course avant de s’imposer en solitaire pour signer l’une des plus belles victoire de sa carrière. Annoncé comme le grand favori de ce Liège-Bastogne-Liège, le Français Julian Alaphilippe n’a pas pu suivre.
Il existe donc une justice dans le monde cycliste. La joie et le large sourire de Jakob Fuglsang à l’arrivée en disait beaucoup sur le soulagement du Danois, qui remporte la première grande classique de sa carrière. Battu par le Français Julian Alaphilippe sur les Strade Bianche et sur la Flèche Wallonne, quatrième sur l’Amstel Gold Race, Fuglsang s’est imposé en costaud à Liège hier, sans que personne n’ai rien à redire. Le Danois était tout simplement le plus fort sur la Doyenne. Son attaque dans la Roche-aux-Faucons à quinze kilomètres de l’arrivée a d’abord laissé le groupe des favoris sur le carreau. Julian Alaphilippe a eu toutes les peines du monde à répondre à l’attaque du Danois avant de se résoudre à l’évidence et de rendre les armes.
Fuglsang, la course parfaite
Jakob Fuglsang a parfaitement géré son affaire, lâchant Formolo (Bora-Hansgrohe), le seul coureur l’ayant suivi dans son attaque, dans la dernière difficulté de la journée avant de s’envoler vers la victoire. Malgré une très grosse frayeur dans la descente vers Liège, où il aurait pu tout perdre au moment où sa roue arrière a chassé sur la chaussée humide et a failli le mettre à terre, rien ni personne ne pouvait l’empêcher de lever les bras à l’arrivée. Sa victoire sur la Doyenne des classiques vient compléter un début de saison très réussi. Vainqueur du Tour d’Andalousie, troisième sur le Tour de Lombardie et constamment dans le coup pour s’imposer durant la campagne des classiques, Jakob Fuglsang a passé un palier dans sa carrière.
Le coureur d’Astana a certes 34 ans, mais il a donc du attendre ce début d’année 2019 pour s’imposer comme un ténor incontestable du peloton et s’emparer de la place de numéro 4 mondial. Placé dans l’ombre de Vincenzo Nibali puis de Fabio Aru au sein de l’équipe kazakhe en 2016 et en 2017, Jakob Fuglsang jouit aujourd’hui d’une plus grande liberté et s’impose de course en course comme un véritable leader. Un leader qui a donc pris une nouvelle dimension et dont les performances seront forcément scrutées sur la prochaine Grande Boucle cet été. Car s’il brille depuis le début d’année sur des courses d’un jour, ses qualités sur des courses à étapes restent indéniables. Vainqueur du Critérium du Dauphiné en 2017, une victoire comparable à celle d’hier à Liège en termes de satisfaction personnelle selon les dires du coureur, l’appétit de ce dernier sera grand sur les routes du Tour en juillet, avec l’idée de jouer le général jusqu’au bout.
Julian Alaphilippe est resté hors du coup
La défaillance dans la Roche-aux-Faucons et la seizième place au final du coureur phare de la Deceuninck-Quick Step peuvent se comprendre. Le début de saison chargé de Julian Alaphilippe a forcément joué sur son état forme sur la Doyenne des classiques. À l’oeuvre sur les routes depuis janvier, le coureur Français aura quasiment tout gagné (Strade Bianche, deux étapes sur le Tirreno-Adriatico, Milan-San Remo, Flèche Wallonne) ou fini sur le podium ou à portée (2e sur la Flèche Brabançone, 4e sur l’Amstel Gold Race). Les conditions météo exécrables jusqu’à l’arrivée finale à Liège n’auront aussi pas joué en sa faveur. Une fois la ligne franchie, Alaphilippe ne s’est d’ailleurs pas voilé la face, expliquant sa défaite par la supériorité incontestable du vainqueur du jour et par son grand état de fatigue.
« Je suis complètement vidé, a-t-il lâché. Je suis allé au bout du bout et je peux être fier de ce que j’ai fait« . Pas de regrets donc, même si la possibilité de réaliser le doublé Milan-San Remo – Liège-Bastogne-Liège constituait une véritable source de motivation pour le numéro 1 mondial. Seul hic de la journée ? La stratégie de l’équipe Deuceninck-Quick Step qui a pris la course en main à une centaine de kilomètres de l’arrivée, avant d’en payer les frais dans l’ascension de la Roche-aux-Faucons, juge de paix de cette édition. Julian Alaphilippe va maintenant pouvoir souffler avant de reprendre son show sur les routes du Critérium du Dauphiné en juin, puis surtout sur les routes du Tour en juillet où il s’était révélé aux yeux du grand public l’an passé en remportant deux étapes ainsi que le maillot à poids. Les fans de la Grande Boucle en salivent déjà.
Crédits photo à la une: bert de boer