Vainqueur avec brio de la dernière étape, Jakob Fuglsang (Astana) a remporté ce dimanche le classement général du Critérium du Dauphiné. Il devance Richie Porte (BMC) et Daniel Martin (Quick-Step Floors). Chris Froome, lui, ne s’est toujours pas rassuré.
Comme à l’accoutumée, les meilleurs coureurs des courses à étapes et leurs batteries de coéquipiers se sont donnés rendez-vous sur le Critérium du Dauphiné. Réputée difficile pour son plateau relevé et la concurrence qui y règne, la course française fait figure de meilleure préparation pour le Tour de France – avec le Tour de Suisse. Durant les huit jours de compétition, les principaux favoris et outsiders de la prochaine Grande Boucle – hormis Nairo Quintana (Movistar) et Thibaut Pinot (FDJ) au repos après le Tour d’Italie, et Tom Dumoulin (Sunweb) aligné sur le Tour de Suisse – se sont livrés à une lutte acharnée pour le général.
Fuglsang s’offre une deuxième jeunesse
A 1’15 » de Richie Porte, solide leader au général, avant cette huitième étape, Jakob Fuglsang ne pensait sans doute pas pouvoir jouer la gagne en Haute-Savoie ce dimanche. Mais, en l’espace de cent-quinze kilomètres, le Danois a renversé avec panache la hiérarchie, imposée la veille par le travail de sape du team BMC pour Richie Porte. A la rue entre Albertville et le Plateau de Solaison (voir par ailleurs), l’équipe helvético-américaine a vu Jakob Fuglksang accélérer à cinq kilomètres de l’arrivée, prévue au sommet. Accompagné de Daniel Martin (Quick-Step Floors) – qui terminera deuxième de l’étape et troisième au général final -, le coureur de 32 ans a su être régulier tout au long de la semaine, glanant même la sixième étape, marquée par l’ascension du Mont du Chat.
En accélérant au bon moment, alors que les principaux favoris étaient en difficulté, Fuglsang s’est offert le « plus beau succès de [sa] carrière« , selon ses propres termes. Longtemps coéquipier de luxe sous différents maillots – aux services d’Andy Schlek au sein du team Nissan-RadioShack, puis de Vincenzo Nibali et Fabio Aru chez Astana -, le natif de Silkeborg s’affirme enfin, dévoilant tout le talent qui est le sien.
Porte, le grand vaincu
Solide tout au long des huit jours de course, Richie Porte, trop attentiste, a tout perdu ce dimanche. Rapidement désarçonné face aux attaques à répétition des favoris et outsiders, le leader de l’équipe BMC n’a pas su maîtriser tactiquement la course. Voyant le groupe de favoris prendre près de 1’30 » d’avance sur lui, l’Australien s’est enfin mis à rouler. Esseulé par tous ses coéquipiers, qui ont réalisé une grande étape la veille, Richie Porte va mettre les bouchées doubles pour recoller sur la tête de course. Il passera la ligne avant la plupart des favoris grâce à une montée finale bien gérée, mais terminera à 1’15 » de Fuglsang. Trop tard, à une poignée de secondes près, la faute aux bonifications de victoire empochées par le coureur danois. Néanmoins, à quelques semaines du Tour de France, le natif de Launceston peut aborder confiant le plus grand objectif de sa saison, tant il a su se montrer le plus fort physiquement tout au long du Critérium du Dauphiné.
Froome, Bardet et Contador déçoivent
Christopher Froome, déjà décevant sur le Tour de Romandie, voulait se rassurer sur ce Critérium du Dauphiné. Il n’en a rien été. Toujours en retard sur ses concurrents lors des fins d’étapes comportant une arrivée au sommet, le natif de Nairobi n’abordera pas le 104e Tour de France comme il a pu aborder les éditions de 2013, 2015 et 2016, où il était sorti vainqueur indéboulonnable. Après huit jours intensifs de course, le leader de l’escadron Sky ne s’est même pas placé sur la boite, terminant quatrième, une seconde derrière Daniel Martin (Quick-Step Floors), troisième.
Romain Bardet, second l’an passé, n’a pu accrocher qu’une sixième place au classement général final. Le leader de l’équipe française AG2R La Mondiale termine à 2’02 » derrière Jakob Fuslsang, la faute à un contre-la-montre raté. A moins d’un mois du Tour de France, le natif de Brioude sort du Critérium du Dauphiné 2017 avec une (petite) dose de confiance supplémentaire. S’il veut briller sur les routes françaises en juillet, il devra cependant améliorer sa condition physique, encore perfectible.
Si Chris Froome et Romain Bardet ont pu intégrer le Top 10 à défaut de briller, Alberto Contador (Trek-Segrafredo), lui, est dans une posture beaucoup moins favorable. Onzième au général final, à 5’20 » du vainqueur final, El pistolero semble n’avoir jamais été autant en difficulté à l’approche d’un Tour de France. Vainqueur de chacun des trois Grands Tours (seuls six coureurs ont réussi cette performance), le coureur du team Trek-Segafredo à la danseuse légendaire n’a pas pu suivre le train imprimé par ses rivaux dès que la route s’élevait cette semaine. A 34 ans, et alors qu’il n’a plus gagné depuis un an et le prologue du Critérium du Dauphiné 2016, la retraite semble lui avoir envoyé un premier préavis.
Crédits photo à la une: bert de boer