FRANCE-RFA 1982 – En cette période de confinement où le monde du football est à l’arrêt, la rédaction d’Au Stade vous propose de revenir sur des matchs de légende qui ont marqué l’histoire du foot. Pour ce troisième épisode, retour en 1982 à Séville pour la demi-finale de la Coupe du monde entre la France et la RFA.
France-RFA 1982: un contexte singulier
Le palmarès tricolore est toujours vierge en 1982 et « la bande à Platini » a l’occasion de se hisser pour la première fois de l’histoire du football français en finale d’une Coupe du monde. Avant cette rencontre France-RFA, les joueurs de la République fédérale d’Allemagne, champions d’Europe en titre, sont dans la tourmente: défaits par l’Algérie lors de leur premier match et au cœur d’un scandale de match truqué face à l’Autriche, leur moral est loin d’être au beau fixe.
D’ailleurs, les noms inscrits sur la feuille de match France-RFA ce jour-là rappelleront sûrement de vieux souvenirs à certains: Michel Platini au sommet de son art, accompagné par Alain Giresse et Jean Tigana (entre autres) symbolisaient le talent technique des Bleus. La rugueuse Allemagne de l’Ouest pouvait quant à elle compter sur le double Ballon d’Or en titre: Karl-Heinz Rummenigge, trophée qui reviendra d’ailleurs à Platini entre 1983 et 1985.
Une rencontre qui va basculer
Le début de la rencontre est à l’avantage des Allemands et Littbarski, après avoir heurté la barre transversale quelques instants plus tôt, ouvre rapidement la marque (17’). La réaction française ne se fait pas attendre et les Bleus reviennent au score sans tarder grâce à un penalty transformé par leur numéro 10 vedette (27’). Les hommes de Michel Hidalgo montent en puissance au fur et à mesure de la rencontre mais subissent de nombreuses fautes, preuve de l’opposition de style entre les deux équipes.
Le tournant du match intervient dès le début de la seconde période: 50e minute de jeu, Genghini, touché à la cheville, cède sa place à Battiston. Ce dernier réalise une très bonne entrée et dix minutes plus tard, il est parfaitement lancé dans la profondeur par Platini, se retrouvant face au but. Sa frappe lobée finit malheureusement à côté du cadre mais il est violemment heurté par Schumacher, emporté dans son élan sur cette intervention qui lui vaudra le surnom de « boucher de Séville ». Pendant que le pauvre Patrick Battiston est évacué sur civière, l’arbitre se contente d’indiquer une sortie de but et signe, par la même occasion, d’une des plus grandes injustices de l’histoire du football. Comme revigorés par ce triste coup du sort, les Bleus vont proposer une dernière demi-heure de grande qualité en asphyxiant leurs adversaires mais sans pouvoir inscrire le but libérateur.
France-RFA 1982: un dénouement incroyable
La physionomie des prolongations n’est guère différente du reste du match: les assauts français se répètent et avec plus de réussite cette fois puisque Trésor (92’) d’une magnifique reprise de volée puis Giresse (98’) donnent deux buts d’avance à l’équipe de France. Dans cette rencontre France-RFA, la victoire semble acquise mais le relâchement n’est pas de mise. Pourtant l’arbitre va une nouvelle fois faire parler de lui en oubliant deux fautes allemandes qui permettent la contre-attaque et la réduction du score de Rummenigge (102’), tout juste entré en jeu. Galvanisés à leur tour, les champions d’Europe trouvent les ressources pour revenir au score grâce à un somptueux retourné de Fischer à la 108e minute de jeu. 3 buts partout après 120 minutes: pour la première fois de l’histoire, une demi-finale de Coupe du monde va se jouer aux tirs aux buts !
Avec un air de revanche, Giresse, Amoros et Rocheteau marquent les trois premiers penalties français. Stielike est le premier tireur à échouer, imité par Six dans la foulée. Rummenigge répond à Platini: 4-4, c’est la mort subite, le suspense est insoutenable. C’est au tour de Bossis, auteur d’un match énorme, de s’élancer, sa tentative est repoussée et Hrubesch ne manque pas la balle de match. Cruelle désillusion pour cette équipe de France. Un match de légende à n’en pas douter, malgré un dénouement des plus insoutenables pour les joueurs tricolores. D’ailleurs, ces derniers parviendront tout de même à se relever deux ans plus tard en remportant l’Euro 1984, à domicile.
Crédits photo à la Une: El Grafico