Voulu par le président du FC Nantes Waldemar Kita, le YelloPark, stade entièrement privé et propriété du FC Nantes, devait permettre au club Canari d’entrer dans une nouvelle dimension. Néanmoins, les déboires juridiques du président du FCN ont ralenti le projet, si bien que ce dernier n’a plus de terrain où s’implanter. Fin du projet de nouveau stade ? Nouvelle jeunesse pour le stade de La Beaujoire ? Au Stade vous décrypte ce dossier rocambolesque.
Depuis son retour en Ligue 1 à l’été 2014, Nantes semble redevenue une place importante du football français. Malgré des saisons mi-figue mi-raisin, une valse de changement d’entraîneur quasi ininterrompue, le FC Nantes s’est réinstallé durablement en Ligue 1. Le dernier projet en date de la direction devait permettre au FC Nantes de poursuivre son retour dans les hautes sphères du football français et de changer de dimension. L’objectif était de doter le FC Nantes d’un stade flambant neuf de 40 000 places. Un projet ambitieux dont nous reparlerons par ailleurs. Mais un projet qui pourrait surtout ne pas voir le jour. Alors que l’objectif était de pouvoir disposer de cet écrin pour la Coupe du Monde de rugby en 2023 et éventuellement pour les Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024, un contre-temps de taille met en péril le projet du Président Kita: la rétraction de la métropole du Grand Nantes.
Cette collectivité locale devait activement participer à la construction du YelloPark (nom envisagé pour ce futur stade) et céder la parcelle de terrain dédiée à ce projet non-loin de l’actuel stade de La Beaujoire. Néanmoins, l’enquête ouverte par le Parquet national financier (PNF) à l’encontre de Waldemar Kita pour étudier sa situation fiscale a remis le projet en cause. La métropole du Grand Nantes a stoppé la vente de la parcelle de terrain déjà mentionnée. Pour Johanna Rolland, la maire PS de Nantes, il n’est pas question de « donner de l’argent public au football business« . Le projet de stade privé du président Kita est-il pour autant enterré ? Que deviendra le stade de La Beaujoire ?
À quoi devait ressembler le YelloPark ?
Le YelloPark devait véritablement permettre au FC Nantes de passer un cap. Moderne et novateur, les premiers visuels du projet nous en donnaient une image de bijou d’architecture et de technologie. Doté d’un écran géant à 360 degrés, une première en France, d’un musée de 1000 mètres carrés et d’une boutique de 600 mètres carrés, ce stade était conçu pour révolutionner l’expérience des supporters au stade et inciter ces derniers à y venir plus massivement tout en y consommant. Plus qu’un simple outil économique, ce stade aurait aussi pu devenir l’un des plus chauds de l’Hexagone. Totalement fermé et doté d’un toit rétractable, il devait être pourvu d’une acoustique sans pareil en France. Le président Kita avait en effet fait la part belle aux clubs de supporters en leur offrant un kop de 7 000 places derrière un but. Néanmoins, si le projet semble au point mort, il n’est pas encore enterré. Si bien que certains espèrent encore voir ce bijou sortir de terre.
?Voici en exclusivité les dernières image du projet urbain #YelloPark. Comme promis par @YoannJoubert aucun bâtiment à proximité du quartier RANZAY & HALVÊQUE ne dépasse 2 étages soit une hauteur de 10 mètres.
cc @ASA_DU_RANZAY @Gare_a_la_B @Claire44300 #CQFD Stop aux #Fakenews pic.twitter.com/Djv7A9v7QZ— YelloPark (@YelloPark) 3 novembre 2018
Le YelloPark peut-il encore voir le jour ?
Waldemar Kita a vivement réagi au retrait de la Métropole du Grand Nantes. Il a ainsi répondu directement à Johanna Rolland par le biais d’un courrier adressé à la maire de Nantes. Parlant d’une « décision aussi soudaine qu’inattendue« . Le président du FC Nantes, qui aurait déjà investi plus de 10 millions d’euros pour son nouveau stade, a fait part de sa « détermination à mener ce projet à terme« , soulignant les nombreuses retombées positives pour la ville de Nantes. Il a ainsi évoqué la possibilité pour la ville « d’accueillir de grands événements sportifs internationaux dans les conditions d’excellence que sportifs, spectateurs et téléspectateurs du monde entier, sont en droit d’attendre« . Le président Kita a ensuite présenté son projet comme un vecteur d’emploi important, notant que « dans le contexte économique difficile, où la lutte contre le chômage et pour la maîtrise des dépenses publiques sont des préoccupations majeures, ce projet ambitieux est aussi la garantie d’un vivier considérable d’emplois directs et indirects, non seulement pendant la durée du chantier mais aussi à moyen et long terme, le tout, entièrement financé par le privé« .
Malgré ces arguments, le YelloPark a-t-il encore des chances de ne pas rester un projet stérile et classé sans-suite ? En présentant ce projet comme capital pour la ville et « les générations futures« , le président Kita espère faire fléchir la position de Johanna Rolland. Néanmoins, trois mois après la décision de la Métropole, les positions ont très peu changé et il est clair que le stade ne pourra être livré pour la Coupe du Monde de rugby dans quatre ans. D’autres pistes ont depuis été évoquées. S’il est clair que La Beaujoire se fait vieillissante malgré des améliorations progressives (changement des sièges), certains militent désormais pour la rénover.
Quid de La Beaujoire ?
Alors que beaucoup voyaient ce monument du football français comme un vestige du passé avec la construction annoncée du YelloPark, le stade de La Beaujoire pourrait connaître une seconde jeunesse. Certaines associations de fans du FC Nantes se sont même opposées au fait de quitter ce stade emblématique. L’échec actuel du projet de nouveau stade pourrait faire réfléchir les dirigeants du FC Nantes et les collectivités locales à aller dans ce sens. Si aucun projet concret n’a filtré pour le moment, certaines pistes de rénovation de La Beaujoire semblent assez probables si le projet du YelloPark venait à tomber définitivement aux oubliettes. Ces dernières incluraient la rénovation de la toiture, des bornes d’accès plus modernes au stade et la réfection des toilettes et espaces de restauration. Si les prix oscillent entre 3 et 3,5 millions d’euros pour une rénovation « légère » de La Beaujoire (accès au stade informatisé, nouveau studio TV), un projet plus ambitieux pourrait chiffrer entre 30 et 35 millions d’euros.
Néanmoins, le président Kita ne voit pas cette piste d’un bon oeil, la jugeant trop onéreuse et pas assez ambitieuse. Le président nantais rechigne à sortir son argent propre pour tout autre projet que le YelloPark. Si la mairie souhaite pérenniser le stade de La Beaujoire comme un lieu d’accueil d’événements sportifs, cette dernière ne compte cependant pas sortir son porte-feuille et estime que « le foot a atteint un tel modèle économique que ce n’est plus aux impôts des Nantais de financer cela« . Mais alors ? YelloPark ou stade de la Beaujoire rénové ? Léger lifting ou complète modernisation pour le stade de la Beaujoire ? Face à la multiplication des projets, difficile de savoir dans quelle enceinte le FC Nantes jouera dans quatre ou cinq ans.
Crédits photo à la Une: HKS Architects et ATS architectes