Cette nouvelle décennie va marquer un tournant important pour le tennis tricolore avec le départ à la retraite de nos quatre mousquetaires. Durant les années 2010 ils ont alterné le bon et le mauvais, mais c’était bien eux le fer de lance du tennis français. Nous avons aussi assisté à l’émergence de Lucas Pouille, destiné à porter le tennis hexagonal, mais qui a du mal à enchainer. Et si l’avenir de la balle jaune tricolore se trouvait ailleurs ? Au Stade vous propose un dossier sur Ugo Humbert, auteur d’un très bon début d’année.
2020 commence bien pour le tennis français: Corentin Moutet en finale à Doha, malheureusement défait par Andrey Rublev, et Ugo Humbert qui s’impose face à Benoit Paire la semaine suivante à Auckland pour son premier titre ATP. La première consécration d’une carrière a toujours une saveur particulière, comme il l’a confié lui-même. Sur sa route il aura fait mordre la poussière à des habitués du tournoi tels que John Isner et Denis Shapovalov, deux membres du Top 20 à l’aise sur surface rapide. A seulement 21 ans, ce tournoi est loin d’être une finalité. Au contraire il est le point de départ de belles promesses pour la suite.
Un joueur explosif
Explosif est peut être le caractère qui s’adapte le mieux au style de Humbert. Non pas pour sa personnalité, au contraire d’un Benoit Paire ou de son jeune compatriote Corentin Moutet, mais bien pour sa façon de jouer. Sa taille (1,88m) lui permet d’être dangereux sur son service, arme avec laquelle il parvient à trouver des bonnes zones, jamais au détriment de la puissance. A Auckland, face à John Isner expert en la matière, il n’a jamais été breaké sur son service. Mieux, il a gagné 100% des points derrière sa première balle et s’est offert 7 balles de break sur le service adverse. En convertir une suffira dans le second set pour s’imposer (7-6, 6-4).
Son jeu fond de court est lui aussi particulièrement dynamique. Il se bat sur toutes les balles, abandonnant rarement un point quelque soit le score. Il pousse ses adversaires à la faute, à jouer le coup de trop. Shapovalov a par exemple commis beaucoup de fautes directes face à lui à Auckland. Il possède une grosse frappe en coup droit, et est tout à fait capable de tenir les échanges en fond de court, voire même de déborder son adversaire rapidement. Toujours face à Shapovalov, gros frappeur du circuit, il n’a pas hésité à rentrer dans des diagonales coup droit entre deux gauchers et à prendre le contrôle du point. Ajoutons à cela sa rapidité pour monter à la volée, et on obtient un joueur complet aux qualités offensives indéniables, qui a également prouvé sur la régularité de ses matchs à Auckland sa capacité à encaisser fond de court.
Tout sauf une surprise
Ugo Humbert sort déjà d’une bonne année 2019. Il y a un an, il disputait son premier match en Grand Chelem en Australie où il fût éliminé au premier tour par Jérémy Chardy sans démériter en cinq sets. Ce match sera source d’enseignements, et il continuera de s’assagir sur des tournois plus mineurs. Il remportera 3 tournois challengers au cours de l’année et participera en fin d’année au Next Gen ATP Finals, tournoi auquel participe les 8 joueurs les plus performants de la saison âgés de 21 ans ou moins.
Mais c’est dans le mythique jardin de Wimbledon qu’il se fait véritablement un nom au cours de l’été. Au premier tour il se débarrasse de Gaël Monfils, pourtant en grande forme l’an passé. Il remonte un retard de 2 sets pour arracher la victoire, symbole d’un mental solide. Au second tour il expédie Marcel Granollers en 3 sets secs avant de rencontrer le prodige canadien Félix Auger-Aliassime au 3e tour. Son adversaire est présenté comme un futur grand du circuit masculin et Humbert se retrouve malgré lui outsider face à son cadet de 2 ans. La suite est à sens unique en faveur du français : Ugo rallie la seconde semaine en ne laissant que des miettes à son adversaire (6-4, 7-5, 6-3). A la clé, un match face au numéro 1 mondial Djokovic. Et même s’il ne lui prendra pas grand chose (défaite 3-6, 2-6, 3-6), le serbe dira de lui après la rencontre qu’il « a un jeu très complet » et qu’il « a le potentiel pour aller haut dans le tennis ».
2020 pour franchir un cap
Il n’aura même pas fallu 1 mois à Ugo pour s’adjuger son premier titre ATP à Auckland en cette nouvelle année. L’Open d’Australie qui démarre dès demain sera un grand test pour lui. 1 an après sa défaite au premier tour, le chemin parcouru est impressionnant. Son premier tour face à l’australien John Millman, fait office de test intéressant. Il lui faudra gérer la pression et le public acquis à la cause de son adversaire. Mais s’il évolue au même niveau qu’à Auckland, Humbert peut voir loin, beaucoup plus loin. On en salive d’avance.
Crédits photo à la Une: Capture d’écran YouTube – BeIN SPORTS