Jusqu’où Roger Federer parviendra-t-il a repousser les limites du possible dans le monde du tennis ? À 37 ans, l’icône suisse demeure l’attraction principale du circuit et continue de faire lever les foules partout où il joue. Son come-back victorieux à l’Open d’Australie en 2017 n’a fait que renforcer sa légende. Auréolé de vingt titres en Grand Chelem, le Suisse restera très probablement l’un des sportifs les plus important du 21e siècle. Quoique éliminé par le jeune Tsitsipas ce dimanche en 8es de l’Open d’Australie, le « maestro » a encore faim. Dossier.
Une icône paradoxalement anachronique
Il y a bien longtemps que le strass et les paillettes se sont emparés du sport, forgeant dans leur sillage des sportifs devenues de véritable personnalités caractérisées par le bling-bling. Pourtant, Roger Federer semble bien loin de cela. À première vue, certains s’y tromperaient même et ne distingueraient même pas le maestro de la balle jaune d’un simple homme lambda. Le Suisse semble l’une des dernières véritables rockstars du monde sportif à défendre des valeurs telles que la famille ou la simplicité. C’est ce qui frappe directement chez Roger Federer. Cette volonté à vouloir rester dans l’ombre alors que certains auraient accaparé la lumière. Les sollicitations médiatiques ne manquent jamais, mais Federer parle rarement pour ne rien dire.
La plupart des suiveurs pointus du circuit ATP le répètent: il existe bien un « esprit Federer » dans le monde de la balle jaune. Un esprit d’ouverture, de simplicité et d’élégance qui tire tout le monde vers le haut. Ainsi, Roger Federer restera comme celui qui aura permis au tennis de conserver ses lettres de noblesse et aura ouvert la voie à une célébrité plus accessible et plus humaine. Partout où il passe, le Suisse attire les foules mais ce dernier sait rendre la pareille. Roger Federer ne veut décevoir personne. Ainsi, parle-t-il plusieurs langues et ne cesse de gâter la foule en pratiquant à chaque tournoi le meilleur de son tennis.
Une cure de jouvence inattendue
L’Open d’Australie restera un lieu à part dans la carrière du Suisse. Sextuple vainqueur du majeur de Melbourne (tout comme Novak Djokovic), c’est Down Under que RF est revenu de l’enfer d’une blessure au genou qu’il l’avait écarté des courts les six derniers mois de la saison 2016. Vainqueur inattendu du tournoi en 2017 et 2018 avec des finales mémorables remportées en 5 manches devant Rafael Nadal ou Marin Cilic, le Suisse a écrit une nouvelle page de sa légende alors que plus grand monde ne le voyait capable de remporter un nouveau titre majeur. Mais Federer n’a-t-il jamais été enterré au cours de sa carrière ? En 2011, les performances stratosphériques de Djokovic suggéraient qu’une nouvelle ère s’était ouverte sur le circuit. Roger Federer, idole d’un autre temps désormais ? Tel un phénix, le Suisse a travaillé dur pour cueillir tous ses détracteurs en s’imposant par surprise à Wimbledon en 2012, au nez et à la barbe d’un Djokovic taillé pour la victoire, raflant dans le même temps la place de numéro 1 mondial. Ce retour inattendu reste d’ailleurs une caractéristique rare sur le circuit et la marque des très grands, car seuls Rafael Nadal et Novak Djokovic peuvent se vanter d’avoir réussi une performance analogue.
Une ambition restée intacte
Avant le début de l’Open d’Australie, Federer a très clairement expliqué que c’était sa passion pour le tennis qui le maintenait sur un court. Depuis son retour à l’Open d’Australie en 2017, le Suisse aménage méticuleusement son calendrier pour préserver son corps. Car, comme RF l’a fait remarquer en commentant la retraite anticipée d’Andy Murray due à une hanche capricieuse, l’organisme impose parfois les décisions au joueur. Prudent, Federer n’a pas rejoué sur terre depuis trois ans, estimant cette surface trop exigeante pour ses genoux qui lui ont causé tant de déboires médicaux. Néanmoins, un constat clair est ressorti de sa deuxième partie de saison 2018 très contrastée: la longue coupure entre la fin de la tournée américaine à Indian Wells et Miami fin mars et le début de la saison sur gazon début juin ne lui a pas réussi.
En manque de rythme, le Suisse n’avait pu pleinement défendre son titre à Wimbledon, sortant de route dès les quarts face à Anderson. D’ailleurs, le natif de Bâle participera à Roland-Garros en 2019, dix ans après son dernier sacre sur la terre battue parisienne. Preuve de son envie indéfectible de jouer, lui qui compte bien jouer encore deux à trois saisons. Atteindra-t-il le stade de la quarantaine en tant que joueur de tennis professionnel ? Sera-t-il capable de maintenir un niveau de jeu déjà inédit à 37 ans encore quelques années de plus ? Vainqueur de 99 titres ATP depuis le début de sa carrière, RF aimerait déjà atteindre la barre des 100 avant d’essayer de titiller le record absolu de Jimmy Connors (109), histoire d’assouvir encore un peu plus sa légende. Il faut le souhaiter pour le circuit, pour qui la perte d’un tel joueur après celle d’Andy Murray pourrait s’apparenter à un rude coup en terme d’attractivité. Mais rassurons-nous: tant que son corps suivra, Federer jouera.
Crédits photo à la Une: Fred Romero