A tout juste 18 ans, Paul-André Guérin a déjà tout d’un grand. Et pour cause: le gardien corse a connu sa toute première titularisation en Ligue 1 le 9 décembre dernier, lors de la rencontre opposant son équipe du GFC Ajaccio face au FC Nantes (1-1). Paul-André Guérin a accepté de répondre aux questions d’Au Stade, en toute simplicité – INTERVIEW
Pour commencer l’interview, qui es-tu Paul-André Guérin ?
Je m’appelle Paul-André Guérin, je viens d’avoir 18 ans au mois de septembre, et suis natif de Bastia. Je suis actuellement le 3ème gardien du GFC Ajaccio dans la hiérarchie. J’évolue avec les U19 Nationaux du gaz, tout en m’entraînant quotidiennement avec le groupe pro.
Comment as-tu découvert l’univers du football ?
En fait, j’ai commencé le foot assez tardivement, après avoir pratiqué pendant 4-5 ans le tennis. Je me suis donc inscrit à l’âge de 8 ans dans un petit club, sans ambition aucune, c’était surtout pour jouer et m’amuser avec mes copains. A l’âge de 12 ans, j’ai fait des tests pour rentrer dans le pôle Espoir de la Fédération Française de Football. J’ai été pris à la grande surprise générale, ce qui m’a conduit à passer 2 années de préformation. Après ces 2 ans de préformation, j’ai signé à l’AC Ajaccio (l’autre grand club phare de la ville, qui évolue actuellement en Ligue 2, ndlr) pour intégrer le centre de formation. C’est-à-dire que j’ai fait 2 ans de U17 Nationaux, puis une année de U19 Nationaux à l’AC Ajaccio. Après ces 3 ans passés à l’ACA, j’ai signé cette saison au GFC Ajaccio.
Le 2 décembre dernier, sur la pelouse de Montpellier, tu rentrais en cours de jeu (50′) pour le compte de ta première apparition en Ligue 1. Ça fait quoi de jouer sur une pelouse de Ligue 1 à seulement 18 ans ?
Quand tu es régulièrement sur le banc d’une équipe de Ligue 1, tu te prépares mentalement à rentrer en jeu. Après, une fois que tu es sur la pelouse, tu ne réfléchis à rien et tout va très vite ! Faut surtout ne pas se mettre de pression, et faire ce que tu sais faire sans se prendre la tête. Il faut faire abstraction de tous les éléments extérieurs pour ensuite réaliser ton match comme tous les week-ends.
Ça a dû être un choc pour toi de passer des pelouses des U19 Nationaux à celles de Ligue 1…
C’est sûr que ça fait tout drôle ! En Ligue 1, la pelouse est parfaite, il y a plusieurs milliers de personnes dans les tribunes qui t’entourent… En plus, après le match, il y a beaucoup de personnes qui t’envoient des messages d’encouragements et de félicitations, dans la rue des personnes me reconnaissent… Franchement, c’est très sympa. En tout cas, ce n’est en aucun cas un aboutissement, c’est juste un avant-goût de ce magnifique métier !
La journée suivante cette fois-ci, tu étais titulaire dans les cages face au FC Nantes, en l’absence de Clément Maury (gardien n°1) et de Jules Goda (n°2), tous deux blessés. As-tu eu une appréhension particulière dans le couloir du stade Ange Casanova, avant de rentrer sur la pelouse devant toute une ville ?
Je pense que le plus dur, c’était la préparation d’avant match, la veille, toute la journée à essayer de ne pas trop y penser, à ne pas se prendre la tête. Dans le couloir j’étais déjà rentré dans mon match. Après, tu entends raisonner dans tout un stade la musique d’entrée des joueurs du Gazélec « So Elli » alors que j’entendais cette même chanson résonner dans le stade du SC Bastia étant petit avec mon père ! Je peux te dire que cet instant est inoubliable et gravé à tout jamais dans ma mémoire !
En août dernier, tous les spécialistes de Ligue 1 étaient unanimes pour dire que le GFC Ajaccio redescendrait en Ligue 2 en fin de saison, quoi qu’il advienne. Toi, personnellement, as-tu cru au projet ?
Étant donné que j’ai fait la préparation estivale avec le groupe pro, j’ai trouvé qu’il y avait une bonne ambiance. Je ne savais vraiment pas ce que ça allait donner en Ligue 1, mais j’y croyais bien évidemment. Après dix journées, les résultats n’étaient pas catastrophiques, mais après quelques réunions et concertations, on s’en vraiment bougés et on a commencé à gagner. On verra bien quand est-ce que ça va s’arrêter ! (rires) Aujourd’hui, on est toujours en course pour le maintien. On fait taire tous ceux qui nous ont critiqués en début de saison.
Avec seulement 13 millions d’euros de budget, la tâche s’annonçait quand même très difficile…
Oui c’est sûr que par rapport aux grosses écuries, le Gaz est bien en dessous. Mais on prouve qu’on peut faire quelque chose avec un petit budget et des joueurs moins payés qu’ailleurs. Malgré cela, on peut observer de la qualité dans le groupe. Des joueurs cadres comme Bréchet, Ducourtioux, Pujol ou même Jules Goda ou Clément Maury te donnent beaucoup de conseils. C’est un plaisir de s’entraîner avec eux !
Penses-tu qu’on a trop rapidement enterré le Gazélec ?
Oui tout à fait. On est désormais dans le train lancé pour la course au maintien. On verra par la suite comment ça va se passer. On fait durer le suspense !
Comment as-tu vécu la montée en Ligue 1 du « Gaz » ?
J’ai vécu cette montée en Ligue 1 de l’extérieur étant donné que j’évoluais encore à l’époque avec l’AC Ajaccio. Je crois que je n’ai même pas pu aller voir au stade Casanova un de leur match la saison passée, c’est pour te dire ! Au centre de formation, on nous laissait sortir le soir uniquement pour aller voir les matchs de l’ACA. L’hygiène de vie au centre était très stricte. On ne pouvait pas aller voir des matchs à droite ou à gauche… A aucun moment la saison dernière, je me suis dit que j’allais faire partie du groupe du GFCA la saison suivante.
Quels sont tes objectifs pour la deuxième partie de saison à venir ?
Continuer à travailler, la base quoi. Après on verra bien ce que l’avenir nous réserve. Sinon le maintien en U19 est mon objectif sur le plan collectif, même si cela va être difficile, on peut encore le faire ! (Après 15 journées, le GFC est avant dernier de sa poule, ndlr). Nous évoluons dans un groupe très relevé en U19, le groupe où il y a le plus de centres de formation de clubs pros je dirais même (Nice, Marseille, Monaco, Montpellier … ndlr). On joue contre des équipes où les joueurs évoluent ensemble depuis très longtemps. De plus, beaucoup de joueurs de mon équipe n’ont jamais évolué en U19 Nationaux… On a le mérite d’avoir un bon groupe et de faire quelque chose de cohérent, mais après on pêche dans le manque d’expérience, surtout que les matchs se jouent à des petits détails.
Avec 320 000 habitants, on ne peut pas dire qu’il y ait un grand réservoir de joueurs de foot sur l’île de beauté ?
Oui, c’est vrai. Il n’y a pas un grand réservoir, mais il y a tout de même beaucoup de qualité. C’est sûr qu’on est obligé de faire venir des joueurs du continent pour combler nos besoins, mais tout cela sans renier la qualité corse. Je pense notamment à Vincent Marchetti qui est souvent titulaire au AC Ajaccio en Ligue 2. Il y a donc beaucoup de qualité à mon avis ! On est loin d’être ridicules comparé au continent !
Depuis tes récentes performances en Ligue 1, des recruteurs t-ont-ils contacté ?
J’ai eu quelques contacts en effet. Mais bon rien de vraiment concret… enfin rien du tout quoi ! (il se reprend tardivement) Je suis très bien au gaz de toute façon, et on verra bien ce que l’avenir me réserve.
A part le foot, tu as d’autres activités favorites dans ta vie de tous les jours ?
Non, pas vraiment. J’aime bien jouer à la Playstation, surtout à FIFA en fait ! (rires) Généralement, pendant la journée, je révise pour l’école car je prépare un concours pour partir aux États-Unis. J’ai donc ma porte de sortie aux États-Unis au cas où ça ne marcherait pas ici.
De quoi envisager une carrière de star de « soccer » aux États-Unis alors ?
Oui ça pourrait être envisageable ! (rires) Pour le moment je me concentre surtout sur ce qu’il y a ici, et si un jour il n’y a plus rien, je saurai que la porte ne sera pas fermée là-bas. Ce serait pour moi, une belle porte de sortie !
Question pronostic maintenant : Tu vois le Gazélec à quelle place en fin de saison ?
Je vois le Gazélec en milieu de tableau. Entre la 10ème et la 14ème place je dirais. Il faut être ambitieux ! (rires)
Propos recueillis par Nicolas TANNER – @Nicolas_Tanner
Crédits photo à la une: page Facebook Paul-André Guérin