Désormais meilleur buteur de Manchester United, Wayne Rooney rentre un peu plus dans la légende. Une caste que peu de gens acceptent qu’il atteigne, tant l’attaquant anglais divise les siens.
Il n’aimera jamais prendre toute la lumière et s’attirer les louanges de ses pairs. Même lorsqu’il rentre dans l’histoire du plus grand club anglais, il le fait dans le temps additionnel d’un vulgaire match face à Stoke. Pourtant, Wayne Rooney est aujourd’hui le meilleur buteur de la sélection anglaise ainsi que de Manchester United, une performance qui lui permet de dépasser Sir Bobby Charlton, l’illustre ex-détenteur de ces records. A 31 ans, et après plus de 15 ans de carrière professionnelle, l’attaquant anglais n’en fini plus de diviser un peuple qui se plaît à le détester.
Wayne Rooney, héros de l’ombre
Natif des quartiers populaires de Liverpool, le petit Wayne n’a jamais cessé de vivre de façon simple, et cela même après que son compte en banque ne grossisse à la suite de toutes ses années de performances au plus haut niveau. Ce qu’il aime par dessus tout, c’est le foot et la boxe. Et s’il n’a réussi que dans le premier sport cité, on sent dans son jeu et dans l’énergie qu’il déploie encore aujourd’hui, tous les fondamentaux que le sport de combat nécessite. Car Wayne Rooney est sur la pelouse ce que les plus grands boxeurs ont été sur un ring, des esthètes au jeu de jambes fluide, au tempérament de guerrier et à la force destructrice. Une force que le jeune anglais aura utilisé très tôt, en octobre 2002 précisément, alors qu’il n’a que 16 ans. Sous le maillot d’Everton il nettoie la lucarne du portier d’Arsenal d’une superbe volée. Goodison Park est alors en transe devant ce jeune enfant au visage encore rond et en pleine période d’adolescence. 5 ans auparavant, ce même Wayne Rooney en était encore à frapper du poing contre un mur parce que le professeur lui avait confisqué son ballon.
Ce n’est pas son transfert à plus de 31 millions d’euros alors qu’il n’a que 18 ans qui va impressionner le jeune prodige anglais, désigné alors comme le meilleur joueur de sa génération. Il remporte deux années de suite en 2005 et 2006 le titre de meilleur espoir du championnat anglais. Des performances qui vont faire dire alors aux journalistes de l’époque que 3 joueurs ont le profil pour devenir les meilleurs joueurs du monde: Lionel Messi, Cristiano Ronaldo et Wayne Rooney. Lorsque l’on voit aujourd’hui que ces trois joueurs sont respectivement les meilleurs buteurs de trois des plus grands clubs au monde, il est aisé de se dire que le destin qu’a connu l’anglais est magnifique. Pourtant il ne faut pas oublier que si les deux premiers cités enveniment chaque débat pour savoir qui est le meilleur, Wayne Rooney, lui, a évité ce débat, préférant se concentrer sur sa vie et sur ses affaires, pas toujours très lisses, ni roses.
C’est d’ailleurs sur ce point qu’il se rend unique comparé aux restes des immenses footballeurs. Jamais avare de coups de gueule, comme en 2010 à la Coupe du Monde où il déclare « c’est bien de se faire siffler par ses propres supporteurs », après le match nul 0-0 des siens contre l’Algérie. Il est également allé au bras de fer avec Manchester United, à l’été 2011, clamant haut et fort ses envies de départ pour le voisin et rival de Manchester City. Officiellement, il a fait ça pour s’assurer que Manchester United continuerait à attirer les meilleurs joueurs afin de gagner encore des titres. Officieusement, il a surtout souhaité gagner plus, et il a obtenu un contrat de 14 millions brut par an, faisant de lui l’un des plus gros salaires de la planète foot.
Les anglais aiment le détester
Être le meilleur buteur de sa sélection et le meilleur buteur du club le plus titré de son pays ne signifie pas toujours être adulé par les siens. C’est le cas de Wayne Rooney, qui n’en fini plus de s’attirer les moqueries de personnes qui ne le prennent pas au sérieux. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard s’il est aujourd’hui détesté par la plupart de la classe noble du royaume. « Wazza » comme il est surnommé, n’a jamais souhaité ressembler à cette noblesse, lui qui vient des quartiers populaires. Pire que ça, il ne sera jamais Beckham et il ne ressemblera jamais à la star anglaise. Non, Wayne Rooney est roux, avec une multitude de tâche de rousseur, s’est fait des implants pour masquer sa calvitie, et il n’a pas d’abdos apparents. Pour cause, loin des dîners mondains dans les beaux quartiers de Manchester, Rooney préfère les pintes des petits pubs, la bière c’est son truc, même lorsqu’il faut la boire dans des pubs aux réputations peu flatteuses.
La carrière exceptionnelle dont il fait l’objet ne peut pas être immense si l’on n’évoque pas son côté bad boy immature, ce côté qui l’a rendu tant détestable mais qui l’a rendu unique. Mettre de côté un joueur qui vous fait gagner 5 titres de champion d’Angleterre, une Ligue des champions, et une coupe d’Angleterre, est totalement impossible, même lorsque celui-ci est accroc à la cigarette, à l’alcool, aux prostituées et qu’il se bat à la sortie des pubs avec un taux d’alcool dans le sang important. Ces frasques à répétition ne lui permettront jamais d’avoir l’amour qu’il mérite auprès d’un peuple à qui il a tant donné. Il essuiera toute sa carrière les moqueries et les injures d’anciennes gloires ou de journalistes qui ont essayé de vendre du papier en profitant de ses bévues en dehors des terrains.
Désormais, et comme l’a dit Sir Alex Ferguson, nous ne verrons plus jamais de Wayne Rooney. Unique sur et en dehors du terrain, l’attaquant anglais ne sera jamais adulé par tout le monde, mais ça il s’en fou, il a déjà laissé sa trace dans le pays qui a inventé le foot, et ça personne ne lui enlèvera.
Crédits photo à la une: Austin Osuide