Alors que la vente de l’AJ Auxerre traine en longueur depuis des mois, les négociations sont encore en cours. L’occasion pour la rédaction d’Au Stade de vous décrypter cet épineux dossier.
Club historique du paysage footballistique français cherche à renouer avec son glorieux passé. Ce club historique, c’est l’AJ Auxerre. Un club qui rime bien trop souvent avec « Ligue 2 » pour les nouvelles générations. Pourtant, l’AJA est un club atypique, indéboulonnable du foot hexagonal. Son palmarès bien garni en atteste: quadruple vainqueur de la coupe de France (1994, 1996, 2003, 2005), champion de France de D1 (1996), vainqueur de la coupe Intertoto (1998), capable de battre de grands clubs européens en coupes d’Europe (Arsenal, Milan, Liverpool, Dortmund pour ne citer qu’eux)… Comment l’AJA en est-elle arrivée-là ? Quand est-ce que le rachat sera officialisé pour de bon ? Décryptage.
La relégation en Ligue 2: le début de la fin
Malgré cette renommée continentale, le club cher à Guy Roux est peu à peu retombé dans le brusque anonymat qu’engendre une relégation en Ligue 2, à l’issue de la saison 2011-2012. Une descente qui va propulser le club ajaïste dans une guerre en interne, où deux clans s’opposent: le président de l’époque, Alain Dujon, et la triplette Bourgoin-Hamel-Roux, souhaitant le départ de ce même Dujon. Un conflit qui débouchera sur la démission d’Alain Dujon, remplacé dans la foulée par Gérard Bourgoin – homme controversé, impliqué en politique comme dans les affaires. Alors que le club végète encore et encore en L2, Guy Cotret est nommé président, à la suite du rachat du club, pour 5 millions d’euros, par Emmanuel Limido (en 2013). A défaut de pouvoir rejoindre l’élite du football français – sa digne place -, le club auxerrois réussira tout de même à se hisser en finale de la coupe de France 2015, mais butera finalement sur le PSG (1-0). Le matin même de la finale, l’actionnaire majoritaire, Emmanuel Limido, décède des suites d’une crise cardiaque. Un décès précipité et inenvisagé, qui a eu pour conséquence de catapulter Corinne Limido, sa femme, à la tête du club.
Viorel Moldovan, coach de l’AJ Auxerre depuis cette saison. (Photo: Getty Images/Jean-Paul Thomas)
Agacée par les résultats médiocres de son équipe, et souhaitant couper net les investissements « de la fortune familiale » au sein du club, c’était donc la fin inévitable de l’ère Limido à la tête de l’AJ Auxerre. Dès l’annonce de la mise en vente du club bourguignon, bon nombre de pistes ont été annoncées dans la presse: investisseurs américains, anglais, albanais, français, saoudiens… Mais seule l’offre chinoise d’ORG Packaging – entreprise spécialisée dans l’emballage industriel – a été véritablement sérieuse aux yeux de Corine Limido, qui voyait en M. James Zhou – directeur de l’entreprise chinoise – le candidat idéal.
A quand un accord définitif ?
Rapidement, un terrain d’entente fut trouvé. Il était prévu, dans cet accord, que la famille Limido – par le biais de sa holding nommée PLP, détenant l’AJA – revendrait l’ensemble de ses parts (environ 60% du club, soit 7 millions d’euros) au nouvel investisseur. Par ailleurs, il était aussi entendu que l’entreprise ORG Packaging devait procéder à une augmentation de capital, à hauteur de 6 millions d’euros sur trois ans. L’affaire était donc bouclée. Il ne suffisait plus que l’accord du dernier actionnaire du club, et pas des moindres: l’Association AJA, détentrice du reste des parts de la SAOS (soit 40%). Mécontente que l’augmentation de capital sur trois saisons abaisserait ses parts de 40 à 24, puis à 10% (où elle perd alors son droit de blocage), elle exerça alors son pouvoir de bloquer la vente.
Ces derniers jours, un compromis aurait été trouvé: ORG Packaging, souhaitant accélérer les négociations, proposerait alors à l’Association AJA de conserver ses pouvoirs actuels – droit de blocage, trois sièges sur neuf au conseil d’administration… – tout en lui laissant 10% du club icaunais. Des informations à prendre avec des pincettes, étant donné qu’elles n’ont jamais été officialisées. Pendant ce temps-là, l’AJA est toujours en Ligue 2, et n’est toujours pas vendue…
Crédits photo à la une: Jean-Louis Fel/L’Équipe