Reformé au Stade Rennais, le duo lyonnais Bruno Genesio-Florian Maurice va tenter de relancer un projet à l’arrêt depuis la démission de Julien Stephan. Mais malgré leur proximité, le binôme venu du Rhône peut-il réussir en Bretagne ? Dossier.
Julien Stephan, un héros résigné
Arrivé sur le banc rennais en décembre 2018, Julien Stephan a offert au club breton le seul trophée de toute son histoire, la Coupe de France 2019. Un exploit pour le Stade Rennais, habitué plutôt à un relatif anonymat voire aux railleries locales (défaites en finale de cette même Coupe de France face au voisin de l’En Avant Guingamp en 2009 et 2014). Stephan a également permis à Rennes de retrouver une fierté et de l’ambition, ce qui n’est pas neutre au vu des échecs passés.
Mais dès le début de saison, tout s’est mal emboité.
On notera, pêle-mêle: le départ pour Leeds de Raphinha, meilleur joueur du club et non remplacé, un parcours catastrophique en Ligue des champions (1 point pris en 6 matchs), un jeu en déliquescence totale… Sans oublier bien sûr la crise liée au Covid-19 qui prive le Stade Rennais de ses fidèles supporters et des revenus qui vont avec. Alors Julien Stephan a renoncé et s’en est allé, « le coeur gros » et à la surprise générale, laissant la direction rennaise perplexe et sans solution.
Bruno Genesio, le choix de Florian Maurice
En quittant l’Olympique Lyonnais pour le Stade Rennais à l’été 2020, Florian Maurice n’a pas seulement changé de club, il a aussi évolué dans ses fonctions. Plus de responsabilités, plus de libertés. Et une plus grande autonomie comparé à Lyon où l’ombre de Jean-Michel Aulas n’est jamais bien loin. Il avouera après son départ: « J’étais dans une phase ascendante et j’avais le sentiment que ça n’évoluerait plus pour moi à Lyon« . C’est donc naturellement vers lui que le board rennais composé de Nicolas Holveck (toujours hospitalisé), Jacques Delanoë (président du conseil d’administration) et de l’actionnaire François Pinault s’est tourné au moment de trouver dans l’urgence un remplaçant au démissionnaire Julien Stephan.
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Si l’ancien coach des Girondins de Bordeaux, Jocelyn Gourvennec, a semblé tenir la corde un moment, c’est naturellement vers une vieille connaissance que va se tourner le directeur sportif rennais. Libéré de son contrat en Chine au Beijing Guoan, Bruno Genesio est sur le marché. Et si l’on en croit sa déclaration au moment de son intronisation, sa réponse fut rapide. « Quand Florian m’a appelé, très vite ma réflexion a évolué. J’ai senti que c’était le bon moment et le bon projet. » En 48h, après avoir pris conseil auprès de son influent agent Pini Zahavi et de rencontrer le propriétaire du club François Pinault, sa décision était prise.
Au Stade Rennais, une saison à sauver
C’est désormais un véritable binôme Genesio-Maurice qui se retrouve en première ligne à Rennes. Si l’omnipotent Jean-Michel Aulas prenait sur lui la pression de tout un club, cela ne sera pas le cas à Rennes. Le président Nicolas Holveck est très discret et le propriétaire François Pinault a toujours été en retrait en ce qui concerne le domaine sportif. Et le club breton est clairement en retard sur ses objectifs annoncés de début de saison. Actuellement 10e au classement, le Stade Rennais se doit d’accrocher la Ligue Europa en fin de saison.
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Le mercato estival fut conséquent et onéreux, et pour l’instant les recrues déçoivent. Le club a dépensé près de 71M€ cet été. Un record. Daniele Rugani, prêté par la Juventus, est déjà reparti en Serie A. Jérémy Doku, arrivé pour 26M€ est un flop total, idem pour Martin Terrier, Guirassy ou encore Dalbert. Des choix orientés et validés par Florian Maurice qui sent le vent quelque peu tourner sur lui. Avec le départ de Julien Stephan, il se retrouve à présent en première ligne et compte bien sur son complice Bruno Genesio pour remettre les têtes à l’endroit, notamment celle de Eduardo Camavinga, pépite du club en perdition depuis des semaines.
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« Avant de parler du résultat, il faut repenser au jeu, au plaisir et à l’enthousiasme retrouvé« , a annoncé le nouveau coach Genesio. C’est louable et tout à son honneur, car Genesio est venu en terre bretonne pour un projet global et à moyen terme. Mais il reste 10 journées de championnat. Et Florian Maurice saura lui rappeler que le temps presse. Même à Rennes.