Depuis 2 ans, les ultras ont fait leur retour dans les travées du Parc des Princes. Cela faisait près de 8 ans qu’ils en étaient tenus à l’écart. Leur disparition a été la conséquence du « plan Leproux » de 2010, mis en place suite à la mort tragique de Yann Lorence, un supporter parisien tabassé par les siens. À la suite de cet évènement, le président du Paris Saint-Germain a déclaré la guerre aux groupes de supporters radicaux. Dossier.
Si les ultras ont accusé Robin Leroux d’avoir tué l’âme du Parc des Princes, la suite lui a donné raison. Non seulement l’image du PSG s’est améliorée, mais le rachat par QSI a propulsé le club au sommet du foot national. Même si les cotes de l’équipe ont très largement chuté sur les sites de pronos, elles restent encore intéressantes. Si vous êtes fan de Paris, ouvrez un compte sur Bwin et profitez de 120€ de paris remboursés (voir les conditions ici). Comme cela, en cas de remontada, vous récupérerez votre mise.
Aux origines du plan Leproux, la mort tragique de Yann Lorence
Le 28 février 2010, le PSG reçoit l’OM au Parc des Princes. Alors que l’on redoute des débordements entre les supporters des deux clubs, c’est entre supporters parisiens que les bagarres éclatent. Des fans de la tribune Boulogne font le tour du stade jusqu’au virage Auteuil pour venir en découdre. Les membres du Kop Boulogne, moins nombreux, se font facilement repousser. Au milieu de la mêlée, un homme tombe: Yann Lorence. Membre de la tribune Boulogne, il est tabassé à mort par des supporters du virage Auteuil. Transporté à l’hôpital Beaujon de Clichy, il y décédera le 17 mars 2010. À son chevet se succèdent ses amis, sa famille, mais aussi des membres du virage ennemi. Deux ans plus tôt, alors que Paris joue son maintien contre Sochaux à la dernière journée, Yann Lorence s’interpose entre supporters parisiens et forces de l’ordre alors que l’affrontement menace. Ce geste de bravoure lui avait valu un certain respect de l’autre côté du parc des Princes. Parmi toutes les visites qu’il reçoit à l’hôpital, l’une d’entre elles aura une importance capitale: celle de Robin Leproux, le président du PSG. Ce dernier fait la promesse solennelle au père de Yann Lorence de changer les choses. Si ce genre de phrase pouvait prêter à sourire dans un autre contexte, force est de constater que Robin Leproux a tenu sa promesse. Et plutôt deux fois qu’une.
Plan Leproux: détails et objectifs des mesures
Le 8 mai 2018, le président du Paris Saint-Germain convoque la presse pour présenter un plan nommé « Tous PSG », que l’on appellera par la suite le « Plan Leproux ». En compagnie du ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux, de plusieurs hauts responsables et de l’actionnaire Sébastien Bazin, Leproux annonce une série de mesures radicales:
- Fin des abonnements à l’année pour les tribunes Auteuil et Boulogne: création d’une tribune famille, séparation des tribunes hautes/basse dans le virage, mise en place d’une billetterie nominative et placement aléatoire.
- Modification de la grille tarifaire des virages: places gratuites derrière les buts pour les femmes et à 6€ pour les enfants.
- Suspension temporaire de la billetterie pour les matchs à l’extérieur, suivie d’un encadrement des supporters.
- Plus d’appel auprès de la Ligue après une condamnation à huis clos.
- Fermeture des locaux à disposition des associations.
Si la mort de Yann Lorence a été l’élément déclencheur du plan, la violence était présente depuis très longtemps aux abords de la porte d’Auteuil. En 2006 déjà, Julien Quéméneur avait été tué par un policier en civil en marge d’une rencontre face à l’Hapoël Tel-Aviv. Ce dernier tentait de protéger un supporter français de l’Hapoël pris à parti par des fans du PSG. Autre élément important: la France était à cette époque en pleines tractations pour obtenir la tenue de l’Euro 2016. Le drame a rendu le plan d’urgence absolument nécessaire, afin de donner des gages l’UEFA. Robin Leproux a donc été sommé d’agir par de nombreux acteurs du football, depuis les actionnaires du club jusqu’aux ministres et au chef de l’État. La finalité du plan était « pacifier et restaurer l’image du club » et donc en finir avec une certaine forme de hooliganisme qui collait au Paris Saint-Germain depuis plusieurs années. D’autant que la direction était connue pour être bienveillante à l’égard des groupes les plus extrémistes.
Les effets du plan Leproux: rejet des ultras et apaisement en tribune
Dès le début de la saison 2010-2011, 250 supporters sont interdits de stade. Dans la foulée, la Loi LOPSSI 2 renforce la capacité d’action des pouvoirs publics: vidéosurveillance, possibilité de croiser les dossiers Police/Gendarmerie pour la petite et moyenne délinquance et renforcement des prérogatives de la Police Municipale. L’opposition à Robin Leproux est rapidement désorganisée. Les supporters historiques appellent au boycott du stade. Cet appel à déserter le Parc des Princes a sans aucun doute permis la réussite du plan. Quels auraient été les effets de la billetterie aléatoire si les deux tribunes s’étaient retrouvées mélangées ? Explosive, sans aucun doute.
Le plan Leproux peut être vu comme le point de départ d’un durcissement de la politique anti-hooligans. Toutefois, avec un peu de recul, on s’aperçoit que c’est surtout le changement de contexte (avec notamment la vague d’attentats qui a secoué le pays depuis 2012) qui en est le principal responsable. Le président du PSG a été accusé d’avoir transformé le stade en un deuxième Disneyland. Les ultras lui reprochent aussi de n’avoir jamais cherché à dialoguer. Mais pouvait-il le faire ? Rappelons qu’à la mort de Yann Lorence, les pressions de l’État étaient énormes.
Le retour des ultras au Parc des Princes
La pacification du parc des Princes a entraîné une baisse de l’ambiance. Pour sortir le PSG de sa léthargie, Nasser Al-Khelaïfi a souhaité le retour des ultras au parc des Princes. Après une très longue concertation avec les pouvoirs publics, ils retrouvent officiellement leur place 1er octobre 2016. Si cette réintroduction a été un succès, le plan Leproux n’est pas officiellement enterré. Son assouplissement a été très rendu possible par le durcissement de l’arsenal législatif. Toutefois, les franges les plus radicales n’ont pas totalement disparu. Le club est d’ailleurs très vigilant quant à la reconstitution des kops.
Les groupes sont encore maintenus sous pression. À l’étage supérieur de la tribune Boulogne, seuls deux tambours, deux mégaphones et des drapeaux sont acceptés durant les matchs. Les bâches ne sont pas encore acceptées. Le Block Parisii, principal groupe de la tribune, n’est d’ailleurs pas officiellement reconnu par la direction. En tribune Auteuil, par contre, le « Collectif Ultra Paris » a une longueur d’avance : c’est le premier groupe d’ultras à avoir refoulé les tribunes du Parc. Le collectif a même a signé une convention avec les dirigeants. Près de 10 ans après la mort de Yann Lorence, il apparaît qu’un semblant de normalité soit revenu à Paris. Le plan Leproux a été précurseur en France. Il a permis d’apaiser (anesthésier, diront certains) le parc des Princes, mais a surtout été la matérialisation d’une promesse faite au père de Yann Lorence. Au-delà des critiques que l’on peut formuler, le plan est et restera dans les mémoires comme une réussite.
Crédits photo à la Une: PAULMAXWELL