Connue et reconnue pour sa formation, la Ligue 1 semble réellement être entrée dans la cour des grands au terme de cet été 2017 inédit. Au-delà de ventes une nouvelle fois très fructueuses, les écuries françaises ont également cassé leurs tirelires à tel point que huit d’entre elles ont établi des records de dépenses. En cette rentrée 2017, l’Observatoire du football s’est penché, dans son rapport mensuel, sur les chiffres sans précédent de ce mercato. L’occasion pour la rédaction d’Au Stade de s’intéresser de plus près à l’émancipation internationale de la Ligue 1 Conforama. Décryptage.
PSG-Monaco, le grand écart
5.9 milliards. C’est la somme pharaonique, en euros, engagée par l’ensemble des clubs du Big-5 européen au cours de ce mercato estival 2017. Les clubs anglais auront participé à hauteur de 1.7 milliard d’euros, soit 35% des sommes dépensées. Mais il ne faut pas s’y tromper. Cette part est la plus faible depuis quatre ans. N’y voyez pas-là le déclin du foot anglais, ni un quelconque effet Brexit; les clubs de Premier League restent les plus dépensiers sur le Vieux Continent. C’est plutôt l’effet PSG qui impacte ces résultats. Avec pas moins de 418 millions d’euros dépensés cet été, le PSG a fait trembler les murs et repoussé les frontières de l’imaginable. Le gouffre financier creusé par le club de la capitale est aux antipodes de la plus-value record monégasque. Le club de la Principauté a vu partir quatre de ses cadres à l’intersaison. Mbappé, Silva, Bakayoko et Mendy auront permis à l’ASM de réaliser un retour sur investissement de 631 %. Pour 1 million dépensé, 6.31 rentrent dans le coffre monégasque, de quoi faire pâlir Wall Street.
En attendant le sacre national, le club parisien reçoit de son côté le prestigieux titre de « champion des déficits »: avec une dette abyssale de 343 millions d’euros contractée au cours de l’été, le PSG devra dégraisser sa masse salariale sous peine d’être lourdement sanctionné par l’UEFA. De son côté, Monaco ne compte plus les millions qui affluent dans ses caisses et réalise un bénéfice record de 289 millions d’euros soit 2,63 fois plus que Dortmund, pourtant deuxième plus gros bénéficiaire de ce mercato. Cependant, au-delà des deux géants français, les équipes de l’Hexagone voient leur rôle s’amplifier sur le marché des transferts et les présidents de clubs ne lésinent plus sur les moyens mis en œuvre.
La Ligue 1 a sorti le carnet de chèques
Neymar, Mbappé mais aussi Keita ou Traoré; du beau monde a débarqué sur les pelouses de Ligue 1 pendant cette trêve estivale. Si les ventes sont également record cette année, le changement réside dans le fait que les clubs français ont décidé de réinvestir les bénéfices engrangés au cours de cet été mais également des étés précédents. Saint-Étienne, Lille, Marseille, Rennes, Nice: toutes ces écuries prestigieuses de Ligue 1 ont réalisé leurs records de dépenses. A tel point que les comptes de la Ligue 1 sont dans le rouge cet été. La balance commerciale est déficitaire de 55 millions d’euros ce qui parait anecdotique à côté des 835 millions britanniques. Il apparaît donc que le rôle des clubs français ne se cantonne plus à la seule formation de pépites. La Ligue 1 est désormais au cœur de la bulle inflationniste qui touche le football européen.
Enfin, le transfert de Killian Mbappé de Monaco au PSG, laisse entrevoir une autre bonne nouvelle pour la Ligue 1: sa capacité à conserver ses pépites au sein de son championnat. Malgré l’absence de données concernant la part des investissements des clubs français dans le championnat national, nous pouvons sans nul doute affirmer que celle-ci est croissante. Cela met en exergue la bonne santé du football français qui parvient à attirer des joueurs de son championnat, mais aussi de l’étranger. Cependant cette attirance est à relativiser à la vue des nombreux refus essuyés notamment par l’Olympique de Marseille. La Ligue 1 reste donc moins bankable que la Premier League. Mais le développement des cellules de recrutement pourrait renforcer l’internationalisation du football français: les investissements divers en Belgique, au Portugal, ou encore au Brésil montrent bien que les pépites à l’image Tielemans (AS Monaco) sont de plus en plus séduites par les projets français. Dans ces trois pays la Ligue 1 aura investi plus de 120 millions d’euros, illustration de la volonté conjointe d’attirer stars et pépites dans le florissant championnat français. Tellement florissant qu’il pourrait à l’avenir faire de l’ombre aux géants européens. Et pour cela, la seule manière d’y arriver ne se trouve pas dans le portefeuille mais sur le terrain. A vos trophées, messieurs.
Crédits photo à la une: C.GAVELLE / PSG