Une élimination pitoyable en Europa League face à Qabala en début de saison, un premier tiers de Ligue 1 très compliqué; le LOSC ne débute pas sa saison 2016-2017 sur les meilleures bases. Pourtant, il y a de ça cinq ans, le LOSC était la meilleure équipe de France. Comment un club qui a pu être si haut, peut-il tomber si bas ? Tentative d’explication avec en point d’orgue le possible rachat par Gérard Lopez.
2000-2010: des bases solides pour un LOSC en construction
Il n’est pas si loin le temps ou le LOSC faisait partie des clubs majeurs dans l’hexagone. Aujourd’hui englué dans les bas-fonds de notre championnat, les lillois se remémorent les joies que leur a procuré ce titre de champion en 2011, comme l’on se souviendrait d’une douce soirée d’été lorsque la pénombre de l’hiver approche. C’était il y a à peine cinq ans, et cela semble déjà si lointain. Pourtant le LOSC est loin d’avoir fait un coup d’éclat comme a pu le faire Montpellier en 2012. Lorsque Lille remporte le titre en 2011, on voit là le fruit d’une décennie de travail, entamée par Claude Puel, puis récolté par Rudi Garcia. Si l’on prend les quinze dernières saisons à compter d’aujourd’hui, Lille a pris neuf fois part au Top 5 en fin de saison, cinq fois sur le podium et a donc remporter un titre en 2011. On peut également rajouter une coupe de France cette même année.
Ces deux titres sont donc le fruit d’une politique sportive globalement bien menée durant les années 2000. Après le départ de Vahid Halilhodzic, Claude Puel est nommé entraîneur de Lille. Réputé pour ses qualités de formateurs, l’ancien entraîneur de Monaco dispose d’un certain temps pour bâtir son équipe comme il l’entend. Après une première saison décevante terminée à la 14e place, l’actuel entraîneur de Southampton réalise des saisons encourageantes avec notamment deux podiums. La formation mise en place permet au club d’être dans le vert financièrement et de progresser saison après saison. On notera également les performances en coupe d’Europe avec des huitièmes de finale en Ligue des Champions ainsi qu’en coupe de l’UEFA. Sur le banc, Claude Puel aura assisté au changement de propriétaire dont le club a fait l’objet en 2004. Luc Dayan ayant laissé place à Michel Seydoux. Un changement qui aura une incidence notable sur la chute du LOSC post-titre de champion.
Une gestion d’après titre catastrophique
Un titre de champion qui vient seulement deux ans après la prise de fonction de Rudi Garcia et la perte de nombreux joueurs, (Mathieu Bodmer, Kader Keita…). L’ancien entraîneur du Mans arrive avec la flatteuse réputation de savoir faire jouer son équipe. Une donnée qui se confirme dès son arrivée puisque Rudi Garcia parvient à faire de Lille une équipe agréable à voir jouer. De plus l’entraîneur français parvient à suivre les bases construites par son prédécesseur et se fond parfaitement dans le moule nordiste. La montée en puissance d’Eden Hazard en est le parfait exemple. Le jeune belge est élu deux fois meilleur jeune en 2009 et 2010 avant d’être élu meilleur joueur du championnat en 2011. L’année du doublé championnat-coupe de France. Au lieu d’être un lancement, cela a été une finalité, comme une impression d’accomplissement. Lille est sur le toit de la France, et la chute va être brutale.
Après ce titre, la qualification en Ligue des Champions et la bonne santé financière du LOSC, le président Seydoux va faire l’erreur que les présidents de Ligue 1 font chaque année. Augmenter les salaires de joueurs d’un niveau assez lambda pour les empêcher d’aller à l’étranger et se retrouver avec une masse salariale trop importante. Grâce à ça, il parvient à garder Eden Hazard dans ses rangs, tandis que Gervinho part vers l’Angleterre juste après le titre. Ces deux derniers rapporteront 40 et 20 millions d’euros au club pour leurs départs en Angleterre. Des sommes qui pourraient être réinvesties dans les transferts. Seulement, il faut savoir que le président a accordé une prime d’une dizaine de milliers d’euros à chaque joueur de l’effectif sur le transfert de Hazard. Une somme que l’on peut juger minime au vu du prix du transfert, mais un club ne touche jamais la somme indiquée dans les médias.
Si la gestion financière a été mauvaise, que dire de la gestion sportive. Le choix de construire un stade neuf – dont la construction a débuté en 2009 – dans l’optique de l’Euro 2016, 50 000 places, toit rétractable. Avec une affluence moyenne à la vue du bassin de population, et le loyer payé par le LOSC à la ville de Lille, le club ne gagne sur un an, qu’un petit million d’euros. On parlera également du choix des entraîneurs, après Claude Puel et Rudi Garcia qui ont des vraies idées de jeu, Michel Seydoux est allé chercher René Girard. Ce monsieur a désormais un crédit à vie puisqu’il a gagné le titre avec Montpellier en 2012, mais il n’y a qu’à voir le bilan des années Girard pour se convaincre que ce n’est pas un bon entraîneur. Hervé Renard et Frédéric Antonetti ont eux aussi échoué à faire grandir le LOSC. Ce club a vécu un changement de dimension trop brutal et n’a pas su faire les choses au bon moment. On notera par exemple le cas Boufal; avec 2 buts en 45 matches de Ligue 1, la cellule de recrutement a fortement déconseillé de l’acheter. Au final le club l’a acheté, il a fait quelques bons matchs, et est parti pour 20 millions, qui seront réinvestis on ne sait où.
Gérard Lopez en sauveur ?
Depuis le changement de dimension qui intervient à l’été 2012, Michel Seydoux souhaite vendre le club. Malheureusement pour lui, aucun investisseur sérieux ne se présente, et le dossier parallèle de l’OM lui fait de l’ombre. Seulement un dénouement inattendu va peut-être se produire puisque Gérard Lopez, candidat au rachat de l’OM il y a quelques mois vient d’entrer en « négociations exclusives » avec Michel Seydoux. Le communiqué officiel du club publié le 16 octobre dernier raconte la mise en place de ce statut. Outre les amabilités échangées par les deux hommes via communiqués interposés, on note que le rachat, comme celui de l’OM, devrait être réalisé dans le courant de la saison.
Gérard Lopez, ancien gérant de l’écurie de Formule 1 Lotus, pourrait prendre possession du capital du club et faire venir dans ses valises, un directeur général des plus influents, Luis Campos. Le portugais, très ami avec Jorge Mendes, et qui a l’habitude de travailler avec des fonds d’investissements pourraient faire changer le mercato du LOSC. C’est notamment lui qui a fait venir Falcao, Moutinho ou encore James Rodriguez à Monaco. Si tout cela n’est pas encore qu’officieux, on est en droit de penser que le LOSC pourrait, cette fois-ci, réussir à passer un cap dans sa progression. Cinq ans après la plus belle année du club.
Crédits photo à la une: LE SAUX LIONEL/SIPA