Invité surprise dans le gratin européen, le « petit poucet » de la compétition revient de loin. Avec 0 point au bout de 3 confrontations, l’Atalanta glane ses 7 points sur le fil. Pourtant, sa qualification n’a rien d’extraordinaire. À l’attention de toutes les équipes éliminées cette année, voici trois ingrédients nécessaires pour se qualifier.
Une attaque de feu
Qualifiée in extremis avec seulement 7 petits points pris en 6 journées, l’équipe de Gian Piero Gasperini s’est tout de même dotée d’une attaque assez bien huilée. Comme en témoigne sa victoire historique sur le terrain du Chakhtar Donetsk (0-3), les transitions offensives du club italien sont redoutables, au point de réaliser un exploit quasi-historique dans cette compétition. L’apport offensif de joueurs comme Duvan Zapata ou Alejandro Gomez, capitaine émérite de cette équipe, permettent à la formation de déployer un football chatoyant et ouvert. De trop nombreux procès sont faits aux « petites » équipes, venues découvrir la Ligue des champions.
Réputées injouables car focalisées sur maintenir une défense de fer, les joueurs de l’Atalanta peuvent se targuer de n’avoir jamais cherché à fermer le jeu, bien au contraire. Car avant de se qualifier, le club a connu deux énormes désillusions qui auraient dû annihiler tous leurs espoirs. Outre le revers, logique, sur la pelouse du champion d’Angleterre, Manchester City, sur le score de 5 buts à 1, la défaite inattendue face au Dinamo Zagreb (4-0) démontrait, dès le mois de septembre, les limites tactiques de l’équipe italienne. Force est de constater que l’Atalanta a totalement inversé la tendance, et ce, grâce à une attaque de feu. Cet élan offensif ne date pas de cette année. L’équipe de Gasperini traîne cette réputation depuis l’année dernière. Meilleur attaque de Série A avec 77 buts marqués (le champion turinois n’a scoré que 70 fois pour comparaison) la saison dernière, le club de Bergame récidive cette année et caracole en tête de ce classement au bout de 16 journées. Une nouvelle preuve de la philosophie prônée par l’entraîneur italien : un jeu porté vers l’avant.
Un style et une philosophie inamovibles
Combien d’équipes auraient tout chamboulé après 3 défaites en phase de poules de la Ligue des champions ? L’Atalanta Bergame ne s’est pas laissé embarqué par l’urgence des résultats et s’est réinventé dans son système, leur style. Séduisante en 3-4-2-1, l’équipe se laisse souvent surprendre en position défensive. Outre ses réelles carences, en majorité expliquées par un jeu déséquilibré, le onze italien laisse transparaître une mécanique bien huilée, où tous les joueurs participent à la construction des actions. Tout d’abord, les défenseurs se doivent de jouer et de relancer proprement. Le trio Masiello-Djimsiti-Palomino (tous titulaires en Ukraine) prend beaucoup de risques pour transpercer le milieu adverse. L’apport des deux latéraux-pistons est donc déterminant. L’Allemand Robin Gosens ou le Belge Timothy Castagne cumulent les forces et faiblesses du latéral moderne: surpuissant offensivement, mais très limitée dans sa propre surface de réparation.
Le style de jeu mis en place par Gasperini ressemble à celui de Manchester City: la recherche du décalage et du centre puissant. Les buts de l’Atalanta, sont dans la majeure partie du temps, la conclusion d’une action construite dans leur propre zone de jeu. Les milieux de terrain sont donc largement amenés à conclure les actions. L’évolution du jeune croate Mario Pasalic est notable. Après un passage éclair par la Ligue 1 et le club de la Principauté, le joueur s’est trouvé de nouvelles vertus au sein de l’équipe de Bergame. Sa justesse technique et son apparent sens du but (doublé contre Brescia lors de la 14e journée) font de lui une des révélations du championnat italien. Devant, portée par l’inoxydable « Papu » Gomez, l’attaque bénéficie de la présence de renards comme Duvan Zapata et Luis Muriel. L’entraîneur profite de joueurs complémentaires, qui appliquent stricto sensu un style de jeu inamovible, peu importe le résultat. La preuve que cela fonctionne ? L’Atalanta poursuit son parcours en Ligue des champions.
Entraineur et meneur d’hommes
Le succès de la « Déesse » de Bergame, est à mettre au profit à Gian Piero Gasperini. Le technicien de 61 ans a profondément transformé le jeu de l’équipe, fait de transitons rapides et de pressing haut. Gasperini est un meneur d’hommes, le bouclier qui reçoit toutes les critiques avec bienveillance. Son obsession: protéger ses joueurs de l’ivresse du succès. Après une saison 2018-2019 historique en tout point (3e avec 69 points), l’entraineur a su re-diriger l’excitation vers un seul objectif: bien figurer dans la plus belle des compétitions. La qualification est la cerise sur le gâteau. Comment résister à la pression après une défaite lourde contre le Dinamo Zaghreb, équipe réputée la plus faible du groupe ? Les positions de l’Italien n’ont pas bougé, même après les trois défaites consécutives, qui condamnait quasiment l’Atalanta à l’élimination. Les équipes qui se qualifient ne sont pas coachés que par des entraîneurs, mais bien des meneurs d’hommes inflexibles quant à leurs convictions et leur vision du football. Gasperini est, malgré lui, entré dans une cour composée de techniciens à l’identité prononcée tels que Guardiola, Tuchel ou le jeune Nagelsmann.
Le prochain adversaire pour l’Atalanta, le FC Valence. Un duel d’outsiders qui promet d’être ouvert. Malgré tout, le représentant du club espagnol, Ricardo Arias promet d’être vigilant: « Apparemment, tout le monde voulait tomber sur eux, mais il faut respecter cette équipe. Il faut leur donner le crédit qu’ils méritent, ils sont au même niveau que nous, en huitièmes de finale ». L’Europe est prévenue, le club de Bergame ne joue pas pour faire de la figuration malgré son parcours déjà héroïque. Son entraîneur a su créer une osmose, redoutable offensivement. Rendez-vous en février prochain pour reprendre plaisir de voir jouer la « Déesse » italienne. À travers l’Atalanta, la recette pour faire un parcours honorable en Ligue des champions reste le même: une équipe offensive, fidèle à ses principes, portée par un technicien à l’identité inamovible. Leur exploit doit désinhiber les « petites » équipes qui se cachent derrière un faux complexe d’infériorité. Sixième du championnat, à 4 points de la quatrième place, l’Atalanta tentera, cette année encore, de se familiariser avec la plus belle des compétitions.
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