Quatre. Quatre longues années au cours desquelles le PSG a affirmé sa suprématie sur le reste du football français en remportant, sans discontinuer, le championnat national. Mais ce temps semble révolu. Forte d’un collectif sans faille et berceau d’une nouvelle génération dorée, l’AS Monaco a marqué de son empreinte l’exercice 2016/17 et ravi au PSG tout-puissant le trophée tant convoité. De quoi rebattre les cartes pour la saison à venir. Auréolée d’une toute nouvelle appellation, la Ligue 1 Conforama reprendra ce vendredi 4 août; une nouvelle saison dont Au Stade a voulu décrypter les principaux enjeux tant elle s’annonce indécise et palpitante.
En 2016/17, c’est bien l’ASM qui fut le plus brillant représentant du football français, que ce soit sur la scène nationale ou européenne. Avec une attaque sans égale et un panache pour le moins rafraîchissant, l’équipe de Leonardo Jardim n’a laissé au PSG que des miettes. Certes vainqueurs des deux coupes nationales, les Parisiens ont pourtant dû quitter la Ligue des champions sur une cinglante défaite au Camp Nou (dès les huitièmes de finale) et céder le trophée de Ligue 1 aux hommes du Rocher. Un trophée sur lequel ont longtemps lorgné les aiglons Niçois, champions d’automne et finalement troisièmes derrière les Parisiens. L’Olympique Lyonnais a quant à lui échoué au pied du podium et ne disputera pas la C1 cette saison. D’ores et déjà qualifié pour l’Europa League, le club de Jean-Michel Aulas y côtoiera probablement les Marseillais ainsi que les Girondins, respectivement cinquièmes et sixièmes de l’exercice précédent.
En bas de tableau, suite à une course au maintien indécise et captivante, ce sont en fin de compte les Nancéiens et les Bastiais qui ont été condamnés à prendre l’ascenseur vers l’échelon inférieur, la Domino’s Ligue 2. Une chute qui s’est avérée plus vertigineuse que prévue pour les Corses, finalement rétrogradés en National 1 en raison de troubles budgétaires. Le mythique RC Strasbourg, accompagné des novices Amiénois pour leur première saison dans l’élite ont donc été promus aux côtés de Troyes, heureux vainqueur du barrage contre le 18e de Ligue 1, le FC Lorient qui évoluera donc en deuxième division cette année.
LA COURSE AU TITRE ET A L’EUROPE
Une concurrence féroce
A l’aube de cette nouvelle saison et après un début de mercato mouvementé, plusieurs équipes semblent pouvoir prétendre au sacre cette année.
Malgré une déconvenue inédite la saison passée, le PSG s’annonce une nouvelle fois comme LE favori; avec de fortes individualités, un collectif soudé et un recrutement avisé (notamment Dani Alves, décisif lors du Trophée des Champions), les Parisiens devront légitimement endosser ce statut. D’autant que les Monégasques ont dû subir un véritable pillage avec le départ de cadres tels que Bernardo Silva et Benjamin Mendy pour Manchester City, et celui de Bakayoko pour Chelsea, tous trois artisans du titre la saison passée. Ces transferts records (près de 150M€ à eux trois) ont néanmoins permis au club de la Principauté de recruter des espoirs tels Youri Tielemans ou Jordi Mboula.
Avec ces renforts, l’ASM espère pouvoir reconduire ses glorieux faits d’armes de l’an dernier. L’entraîneur portugais Leonardo Jardim pourra compter sur une attaque quasi-inchangée pour le moment malgré des rumeurs concernant un éventuel départ de Kylian Mbappé. Si l’équipe parvient à retrouver l’efficacité qui était la sienne la saison dernière, alors elle pourra logiquement et en toute impunité prétendre à sa propre succession. Toutefois, si Unai Emery arrive à imposer son style de jeu au PSG, et s’il compte à l’avenir un joueur de l’envergure de Neymar dans son effectif, il sera compliqué de concurrencer son équipe tant elle paraît complète et équilibrée.
L’OL amputé de deux de ses cadres, Alexandre Lacazette et Corentin Tolisso, tentera néanmoins de s’accrocher aux locomotives parisienne et monégasque. L’indéboulonnable coach rhôdanien Bruno Génésio pourra s’appuyer sur de jeunes recrues à l’instar de Bertrand Traoré et de Fernando Marçal qui essayeront de donner de l’allant au jeu offensif lyonnais.
L’OGC Nice quant à lui tentera de réitérer son exploit de l’an dernier tout en gardant un œil sur son voisin azuréen, l’OM, dont le projet prend peu à peu forme. Enfin, l’arrivée de Marcelo Bielsa sur le banc lillois et le recrutement impressionnant des Dogues pourraient faire du LOSC la sensation de cette saison, le club présentant l’avantage de ne pas disputer de coupe d’Europe en plus du championnat.
La course à l’Europe s’annonce donc épique. Cette année plus que jamais, les places seront chères pour décrocher le précieux billet. A ces six cadors s’ajoutent les Girondins dont les renforts estivaux s’efforceront de s’inscrire dans le projet de jeu prometteur de Jocelyn Gourvennec. Ce dernier pourra compter sur une équipe type quasi-identique à celle de la saison dernière malgré le départ de l’emblématique Cédric Carrasso remplacé par le gardien international, Benoît Costil. Le FC Nantes, excellent tout au long de la phase retour l’an passé, sera emmené par Claudio Ranieri qui s’efforcera de faire des Canaris la sensation de cet exercice 2017-2018. Enfin, en dépit d’un lent recul du classement depuis trois saisons, l’ASSE prendra sans doute part au combat en s’appuyant sur un effectif rajeuni ainsi que sur un nouveau projet de jeu, conduit par le coach espagnol, Oscar Garcia.
Neuf clubs, cinq places (voire six). Une équation impossible qui illustre parfaitement la concurrence féroce qui règne en Ligue 1. Un plateau dense auquel pourraient s’ajouter d’éventuelles surprises. En somme, une Ligue 1 de plus en plus attractive, emmenée par de nouveaux acteurs…
Investisseurs, entraîneurs et joueurs
L’émergence de nombreux projets, de Paris à Lille en passant par Monaco et Marseille, a permis au football français de s’ouvrir au monde. Attirés par le fort potentiel de la Ligue 1, les investisseurs étrangers se sont multipliés. Malgré quelques projets chancelants (Lens, Sochaux), le football français profite globalement de cet intérêt. Les droits TV ont nettement augmenté et la qualité du jeu n’en est que meilleure. Seul point négatif, une affluence moyenne toujours aussi faible (moins de 20 000 spectateurs la saison dernière) et un taux de remplissage désastreux en dépit de la qualité du jeu proposé par certaines équipes (Monaco, Nice…).
Néanmoins, l’argent, véritable outil de persuasion, a permis à la Ligue 1 de se doter des meilleurs entraîneurs; Unai Emery et Lucien Favre prendront part à leur deuxième exercice sur leurs bancs respectifs tandis que Leonardo Jardim entraînera pour la quatrième saison sur le Rocher. Oscar Garcia, disciple de Johan Cruyff, découvrira la Ligue 1 du côté de Saint-Étienne. Pour sa part, Claudio Ranieri, après un épisode victorieux outre-manche (Leicester champion d’Angleterre sous ses ordres), retrouvera l’élite française sur le banc nantais. S’ajoutent à ces entraîneurs de renom des coachs français tout aussi talentueux à l’image de Jocelyn Gourvennec (Bordeaux) et Rudi Garcia (Marseille). Voilà qui promet des duels tactiques d’envergure qui n’en seront que magnifiés par des joueurs talentueux, de plus en plus attirés par la Ligue 1.
Un cercle vertueux qui permet aux clubs de s’enrichir et ainsi de mener à bien leurs projets, rendant le championnat français attrayant et excitant. En haut comme en bas de classement…
LA COURSE AU MAINTIEN
Stratégies contraires, objectif commun
La saison dernière, la bataille pour se maintenir dans l’élite fit rage jusqu’à l’ultime journée. Ce sont finalement les Caennais et les Dijonnais qui ont sauvé leur peau au dépens des Lorientais et des Nancéiens. Cette année encore, la course au maintien s’annonce féroce, incertaine et palpitante. Aux traditionnels promus, rompus à l’exercice, viendront se mêler petits budgets et mauvaises surprises, soudainement projetées dans cette arène qu’est le bas de tableau. Un début de championnat réussi permettrait à ces équipes de voir plus clair quant à leur avenir. Des matches primordiaux, dits « à six points » auront lieu dès le mois d’août: Amiens-Angers (2e journée), Montpellier-Strasbourg (3e) ou encore Caen-Metz (4e) revêtiront une importance particulière pour ces équipes menacées par la relégation. D’où l’intérêt de réussir son mercato estival.
Certains clubs miseront sur des joueurs d’expérience, connaissant le championnat comme leur poche, et capable de motiver une équipe inexpérimentée comme c’est le cas de Matthieu Bodmer, qui revêtira les couleurs d’Amiens cette saison; tandis que d’autres tenteront le pari de la jeunesse à l’image d’Angers, heureux acquéreur des fougueux attaquants Baptiste Guillaume et Enzo Crivelli, tous deux âgés de 22 ans. Souvent dépendantes de leur budget, ces équipes doivent combiner entre restriction budgétaire et recrutement avisé. Une équation ardue qui présente néanmoins des solutions comme l’a montré l’ascension victorieuse du Montpellier Hérault entre 2009 et 2012, passant du statut de promu à celui de champion en seulement trois saisons. Une trajectoire ayant mis en évidence l’importance d’une troisième variable dans l’opération maintien: la formation. Selon les différents atouts en leur faveur, les entraîneurs devront allier de la meilleure des manières ces derniers afin d’éviter une descente vers l’échelon inférieur. En bref, des stratégies qui diffèrent mais un objectif commun: se maintenir à tout prix. Et s’il faut en passer par les barrages alors…
Les barrages: une réelle issue de secours ?
Réinstaurés la saison dernière, les barrages entre le 18e de Ligue 1 et le 3e de Ligue 2 permettent au club de l’échelon supérieur de conserver une dernière chance de se maintenir alors que son sort aurait été d’ores et déjà scellé les années précédentes. Une indéniable chance en apparence pour celui-ci, d’autant que l’apparition des playoffs en Ligue 2 semble rendre la tâche encore plus ardue pour le club qui en sortira vainqueur. Néanmoins, le triomphe de Troyes sur Lorient en mai dernier, nuance cette affirmation. En effet, le club issu de l’échelon inférieur sort selon toute vraisemblance d’une saison vertueuse alors que son adversaire au contraire a éprouvé les pires difficultés tout au long de l’année afin de se maintenir. Les playoffs seraient alors un bonus de confiance plutôt qu’un fardeau pour le pensionnaire de Domino’s Ligue 2.
Néanmoins le fait de jouer deux matches (voire quatre) supplémentaires est d’un point de vue scientifique et musculaire un inconvénient. De plus, l’équipe de Ligue 1 présente l’avantage de disputer le match retour à domicile, ce qui n’a en revanche pas empêché les Merlus d’être tenus en échec sur leur pelouse par Troyes. Quoiqu’il en soit, les barrages s’annoncent comme étant des rencontres à couteaux tirés, où les esprits seront chauds et l’atmosphère irrespirable. Une pierre de plus dans la pyramide du football-spectacle, mais surtout un moment crucial de la saison pendant lequel 22 hommes se battront pour le précieux sésame qu’est une place en Ligue 1.
LES PRONOSTICS DE LA RÉDACTION
Baromètre du titre et des qualifications en coupes d’Europe
***** : Paris
**** : Monaco
*** : Lyon, Marseille
** : Lille, Bordeaux
* : Nice, Saint-Étienne, Nantes
Les paris d’Au Stade
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Unai Emery ayant enfin réussi à imposer son style de jeu, emmènera le PSG vers le titre suite à une phase retour record.
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L’OM de Rudi Garcia ne subira pas de défaite contre le PSG au Vélodrome lors de la 10e journée de Ligue 1.
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Yannick Cahuzac (Toulouse) ne sera pas le joueur ayant le plus écopé de cartons rouges.
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Marcelo Bielsa (Lille) recevra le prix de meilleur entraîneur UNFP devant Unai Emery.
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Le 18e de Ligue 1 remportera les barrages et se maintiendra.
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La moyenne d’affluence dépassera les 20 000 spectateurs, en parti grâce au RC Strasbourg.
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Edinson Cavani (Paris) terminera meilleur buteur, Angel Di Maria (Paris) meilleur passeur, Jordi Mboula (Monaco) meilleur espoir et Daniel Subasic (Monaco) meilleur gardien.
Crédits photo à la une: C.Gavelle / PSG