Avec sa quatrième victoire de rang contre Amiens (3-2) samedi dernier, Bordeaux a prouvé qu’il traversait plus qu’une période de rédemption. Celle-ci semble passer pour offrir désormais aux hommes du fraîchement arrivé Gustavo Poyet les moyens de viser un peu plus haut. Focus sur le club girondin, qui se déplace ce dimanche soir sur la pelouse de Marseille.
Malcom n’est plus seul
La phase aller était un peu trop caricaturale pour les Girondins. Intéressants en début de saison, ils devaient surtout leur réussite à Malcom, irrésistible, qui avait marqué cinq buts en neuf journées avant, à l’image de son équipe, de traverser un désert duquel Bordeaux n’est sorti qu’en janvier. Mais quelle sortie de désert ! Après l’humiliation à Granville et la défaite peu rassurante contre Caen, les Bordelais se sont ressaisis en battant Nantes (1-0), Lyon (3-1), Strasbourg (2-0) et Amiens (3-2) au terme de matches aboutis. Avec neuf buts inscrits en quatre matches, l’attaque confirme son regain de forme elle qui avait marqué seulement dix buts sur les treize matches précédant la trêve des fêtes de fin d’année. Il faut dire que Malcom n’est plus le seul à faire des miracles devant. Longtemps terne, le poste de numéro 9 a trouvé preneur depuis janvier. Avec trois buts en six matches, Gaëtan Laborde a répondu présent alors que le poste avait enchaîné les déceptions, que cela soit De Préville ou Mendy.
Exit également les compositions douteuses de Gourvennec qui appelait parfois un 4-2-3-1, parfois une défense à cinq incompréhensible comme contre Nice (0-1). Désormais, les Bordelais ont retrouvé le 4-3-3 du début de saison avec un Meïté, prêté par Monaco, qui fait du bien au milieu, apportant de la technique et de l’assurance tout en offrant une projection sur les phases de transition pour supporter ses attaquants. Mais plus que le système, ce sont les hommes qui ont changé le visage de l’équipe, à commencer par la nomination de Poyet qui semble faire effet. Et qui dit nouvel entraîneur, dit nouveaux déçus. Ainsi, Younousse Sankharé, Valentin Vada et François Kamano ont perdu leur place, le dernier étant laissé sur le banc samedi dernier au profit de Martin Braithwaite, également arrivé cet hiver. Le mercato hivernal, comme à Saint-Etienne, a fait énormément de bien aux bordelais et comme dans le Forez où le retour de Beric a relancé l’attaque, c’est un retour de prêt qui est venu stabiliser la défense bordelaise.
Koundé-Pablo, le symbole de la reconquête bordelaise
Pas un supporter bordelais n’aurait pensé voir une telle charnière centrale il y a encore quelques semaines. Et pourtant, celle-ci fait un bien fou. Avec neuf buts encaissés lors de la série de quatre défaites consécutives en ligue 1 juste avant la trêve, la défense bordelaise méritait de faire peau neuve : Toulalan a résilié son contrat et Lewczuk n’apportait aucune garantie suffisante. C’est pourquoi les dirigeants ont rapatrié Pablo qui sortait d’une saison extraordinaire en prêt avec les Corinthians où il venait d’être sacré champion du Brésil et meilleur défenseur du championnat. Le défenseur brésilien poursuit sur sa lancée en Gironde où il est irréprochable depuis le début de l’année 2018, accompagné par l’inattendu Jules Koundé, 19 ans, qui a patienté toute la phase aller en CFA où il brillait.
Buteur contre Amiens samedi, le jeune défenseur central épate tout le monde, ses coéquipiers en premier. Si Pablo est puissant physiquement, Koundé en est un complément de choix grâce à sa technique agrémentée d’une sérénité déjà impressionnante et mûre. La solidité retrouvée derrière permet aux latéraux d’avoir moins peur de laisser des espaces derrière eux, Poundjé couvert également à gauche par Meïté notamment, qui fait preuve d’une endurance à toute épreuve. Les statistiques ne mentent pas : avec trois clean-sheets et quatre buts encaissés en six matches dont deux contre Amiens suite à un relâchement en fin de match, la défense bordelaise est plus résistante là où Nantes subit l’effet inverse par exemple. Déception depuis son arrivée en Gironde, le gardien Benoit Costil se refait clairement une santé depuis janvier, de quoi laisser les supporters bordelais espérer.
Et maintenant l’Europe ?
Les observateurs ne tarissent pas d’éloges sur le renouveau bordelais, au point d’en faire un candidat très crédible au top 5. Avec une septième place au classement et 35 points au compteur, trois longueurs derrière Nantes, cinquième, Bordeaux peut y croire de manière très honnête. Les trois prochains matches seront capitaux pour prouver si le renouveau est bel et bien confirmé. Avec un déplacement chez l’ennemi marseillais, la réception de Nice puis un déplacement à Monaco, les hommes de Gustavo Poyet ont devant eux trois matches charnières à maîtriser pour viser encore plus haut et tenter d’accrocher l’Europe, chose encore impensable il y a un mois. Mais avec un championnat aussi serré où les clubs enchaînent les montagnes russes, la moindre série positive permet d’augmenter les ambitions tandis que le moindre faux pas peut coûter cher. Le faux pas, Bordeaux l’a déjà fait tout l’automne. La série positive, elle, est enclenchée depuis le 20 janvier, aux joueurs de la poursuivre.
Crédits photo à la Une: Fantafluflu