Alors que plus aucune équipe française n’est engagée en Coupe d’Europe, quel intérêt donner à la fin de saison qui se profile ? La réponse peut paraître surjouée, mais pas du tout : l’intérêt est immense. De la course à l’Europe jusqu’à la course au maintien, la fin de saison nous réserve encore de belles surprises. D’autant plus que ce week-end a resserré les positions, la victoire de Lyon combinée à celle de Lille ayant relancé la course à la deuxième place, tandis que la victoire de Guingamp face à Dijon rebat les cartes en bas de tableau. Décryptage.
LE LEADER
Opération rédemption amorcée pour le PSG
Quoi de mieux pour le PSG qu’une victoire face à l’OM dans un clasico au goût particulier pour se racheter après la grosse bévue en C1 face à Manchester United ? Dans un Parc des Princes d’abord vidé des ultras de la tribune Auteuil, qui font tant de bruit d’ordinaire, les hommes de Thomas Tuchel ont entamé leur opération rachat vis-à-vis de leurs fans en étouffant l’OM au terme d’une seconde période de haute volée (3-1). À entendre le vacarme fait par les ultras à leur retour en tribune aux alentours de la 30e minute, la passion pour le club reste intacte, mais difficile d’imaginer les banderoles rappelant les joueurs à leur faillite européenne disparaître de sitôt. Le message est clair : « On n’oublie pas ». Néanmoins, peut-être que ce clasico aura servi de thérapie aux joueurs parisiens, qui appréhendaient ce retour au Parc, et qui auront mis 45 bonnes minutes à trouver du rythme face à des marseillais bien organisés.
Les ultras ayant boycotté les 30 premières minutes du match n’auront rien manqué. Comme un symbole de l’influence des supporters sur leurs joueurs, ce que dirigeants, joueurs et membres du staff martèlent à l’envi, le match s’est ensuite réveillé. Di Maria voyait son but refusé par la VAR pour une position de hors-jeu (30e), puis Mbappé ouvrait finalement le score sur un contre-éclair initié par Di Maria (45e+2). Malgré l’égalisation marseillaise signée Germain seulement 27 secondes après le retour des vestiaires, la suite du match sera à sens unique en faveur du PSG. Si l’œuvre collective et notamment défensive est à mettre en exergue, une bonne partie des lauriers sont revenus à un Di Maria stratosphérique. Déjà passeur sur l’ouverture du score donc, l’Argentin s’est ensuite offert un doublé (55e, 66e). Nous retiendrons surtout ce second but du numéro 11 parisien, sur un coup-franc direct qui n’aura pas laissé le temps à Yohann Pelé de s’échauffer, Mandanda ayant été exclu à l’origine pour une sortie hors de sa surface mal maitrisée devant Di Maria, l’ayant forcé à couper l’action de la main. Alors que Paris s’avance vers une fin de saison uniquement rehaussée par la Coupe de France, gagner ce clasico était un devoir, surtout vis-à-vis de ses supporters.
LE TOP
Reims fond sur l’Europe
Les calculatrices sont rangées depuis un bon moment dans l’optique du maintien pour le Stade de Reims. Néanmoins, pas dit que les joueurs de David Guion n’aient pas à les ressortir dans la lutte pour l’Europe. Conséquence de leur folle saison, les Rémois apparaissent de plus en plus comme de crédibles outsiders dans la course aux strapontins européens. Solides défensivement et implacables devant, les Rémois ont étouffé de bien pâles nantais à domicile (1-0) pour s’installer à la sixième place, un petit point derrière l’Olympique de Marseille (4e). Si les joueurs n’en parlent pas publiquement, l’Europe doit forcément trotter dans leurs esprits.
Programmés pour la lutte pour le maintien, les Champenois se sont découverts depuis le début de saison une solidité défensive doublée d’une efficacité offensive impressionnante. Face à Nantes, c’est encore Rémi Oudin qui s’est mis en valeur. Le très talentueux milieu offensif (22 ans) s’affirme lui aussi comme l’une des très bonnes surprises de la saison. C’est lui qui a donné la victoire à son équipe d’une frappe enroulée du droit magistrale. Assez impressionnant pour ce gaucher qui totalise déjà 9 buts en Ligue 1 cette saison. À l’image de son équipe, difficile de savoir où la folle dynamique de ce joueur s’arrêtera. En tout cas, même s’il ne le crie pas sur tous les toits, le Stade de Reims a les moyens de ses ambitions, et ces dernières seront européennes si sa folle dynamique (13 matchs sans défaite en L1) continue.
LE FLOP
Alerte rouge pour le SM Caen
Pour le SM Caen, l’urgence se précisait à mesure que le club sombrait dans la médiocrité et que ses adversaires (Guingamp et Dijon) montraient eux des signes de vie et d’espoir. Si Dijon va malgré tout très mal après sa défaite à Guingamp (1-0), les Cannais sont au plus mal et pointe désormais au vingtième rang. Une place de lanterne rouge qui reflète les carences d’une équipe humiliée dans des proportions incroyables à domicile face à Saint-Étienne (défaite 5-0). Au-delà d’une prestation sportive indigne du haut niveau, nous noterons que le lien s’est encore plus brisé avec les supporters.
Très en colère par rapport aux résultats de leur équipe (le SMC reste sur 11 matchs sans victoire en L1), les ultras du Malherbe Normandie Kop (MNK) n’ont pas hésité à stopper leurs encouragements dès la première mi-temps alors que le score était déjà de 3-0 pour les Verts. Un climat délétère qui ne devrait pas rassurer des joueurs en panne de confiance, malgré une bonne sortie face au PSG (courte défaite 1-2) il y a deux semaines. Si Rolland Courbis, venu épauler Fabien Mercadal sur le banc du SMC promet le retour d’une équipe surmotivée après la trêve internationale, les supporters attendent d’abord des actes sur le terrain plus que des mots. Chambreurs, ces derniers ont même commencer à chanter « on est en Ligue 2 » durant le match face aux Verts. Si Caen a toujours réussi à se sauver au buzzer lors des deux saisons précédentes, l’urgence est bien plus forte aujourd’hui (Caen pointe à deux points de la place de barragiste et à neuf de la 17e place).
TEMPS-ADDITIONNEL
Le top joueur
Angel Di Maria (PSG) : l’Argentin aura écœuré l’OM à lui tout seul dimanche soir 3-1). Passeur puis double buteur, l’ancien joueur du Real Madrid confirme sa très bonne saison (11 buts en 33 matchs toutes compétitions confondues) malgré l’élimination face à Manchester United. Un joueur d’autant plus esthétique, en atteste ses gestes techniques nombreux mais réussis face aux Marseillais et son incroyable coup-franc direct de pas moins de 29 mètres pour le but du 3-1.
La stat’
15 – Buteur ce week-end face à Lyon (défaite 3-2), l’attaquant Montpelliérain Souleymane Camara est devenu le premier joueur de l’histoire à marquer lors de 15 saisons différentes en Ligue 1. Signe de sa place à part dans notre championnat.
La décla’
Cette victoire n’est qu’une étape. C’est symbolique car il reste encore neuf matchs en Ligue 1. Néanmoins, c’était important de s’imposer psychologiquement dans la course pour le maintien et dans l’optique de notre finale de Coupe de la Ligue (face à Strasbourg le 30 mars) ».
Jocelyn Gourvennec, entraîneur de Guingamp, après la victoire de son équipe face à Dijon (1-0).
Crédits photo à la Une: Football.ua Богдан Заяц