La ville de Leicester est surtout connue pour son club de Rugby légendaire. Mais la donne a significativement changé depuis que l’équipe de foot locale a réussi à se hisser parmi les cadors de Premier League – DÉCRYPTAGE
Depuis le mois d’août dernier, l’évocation du mot « Leicester » a une répercussion immédiate chez les fantasques fans de Premier League Anglaise. Le Leicester City Football Club c’est l’énorme surprise du championnat d’Angleterre. Les joueurs de l’ancien entraîneur de Monaco, Claudio Ranieri, réalisent un début de saison plus qu’honorable en comptabilisant près de 32 points en 15 matchs ce qui leur permet d’occuper la première place au classement du meilleur championnat du monde. Au Stade vous résume les raisons de ce succès tonitruant. Décryptage.
Un serial buteur nommé Jamie Vardy
S’il y a bien un homme qui résume le succès de Leicester, c’est bien Jamie Vardy. Auteur d’un début de saison exceptionnel ponctué de 14 buts en 15 matchs, le natif de Sheffield est donc tout naturellement devenu meilleur buteur de Premier League, loin devant Romelu Lukaku (Everton, 10 buts) au classement des buteurs. Mais Jamie Vardy n’a jamais été formaté pour devenir meilleur buteur de D1 Anglaise. Tout commencera pour lui dans une petite bourgade du Yorkshire nommée Halifax. Il travaillera durant de nombreux mois en tant qu’employé dans une entreprise de fabrication d’attelles, tout en conciliant son rêve de devenir footballeur professionnel. Mais à 23 ans, « The Cannon » était réaliste quant à son avenir socio-professionnel, lui qui s’exprimait alors à l’époque sur ce sujet: « Pour être honnête, je suis à des années-lumières d’être footballeur professionnel ». Mais après 2 ans de dur labeur dans son entreprise de fabrication d’attelles en parallèle de sa carrière sportive au Halifax Town (5ème division anglaise à l’époque), le joueur sera repéré puis transféré au club de Fleetwood Town (D3). Son rêve devenait enfin réalité. Ensuite, tout s’est enchainé rapidement pour le joueur, qui arrivera à l’âge de 26 ans à Leicester, en 2012. Mais ce n’est pas encore à ce moment-là que l’actuel meilleur buteur de Premier League va s’illustrer. Et pour cause; il fut considéré à ce stade de sa carrière, comme « un attaquant banal » de Championship (D2 Anglaise) selon les spécialistes.
Ses statistiques individuelles quant à « sa banalité » avant 2014, le prouvent; le kicker de L.C.F.C. aura marqué à 20 reprises en 2 saisons de Championship (2012 à 2014), dans un championnat où le jeu est très ouvert et où les attaquants sont très souvent mis en valeur. Des statistiques pas très flamboyantes donc. Mais depuis la fin de saison 2014-2015 -où Vardy aura été un grand artisan du maintien des « foxes » en D1- son talent s’est littéralement dévoilé au grand jour. Depuis, Jamie Vardy a été convoqué à 4 reprises avec la sélection anglaise par le sélectionneur Roy Hodgson, « convaincu de son talent ». Mais la belle histoire ne s’arrête pas là ! D’après The Telegraph, un film pourrait porter sur son histoire et être projeté très prochainement dans les salles. Dans tous les cas, Jamie Vardy -alias Kane Harry version 2015/16- aura la lourde de tâche de confirmer les attentes de son club, ou plus généralement de toute une ville.
Un Claudio Ranieri retrouvé
La réussite de Leicester cette saison s’exprime aussi sur le banc. Non pas par l’apport des remplaçants, mais bien par la méthode et le système mis en place par le coach des renards. Depuis que Claudio Ranieri a débarqué un jour pluvieux de Juillet 2015 dans la région des Midlands de l’Est -bien connue pour son climat- le visage de Leicester a totalement changé. Après son licenciement du poste de sélectionneur de la Grèce qui fut une expérience de courte durée (5 mois), l’ancien entraîneur de l’AS Monaco (2012-2014) annonçait son retour sur les bancs de Premier League, 11 ans après son expérience Londonienne de Chelsea (2000 à 2004) qui se sera terminée sur un limogeage so british.
En instaurant « un style très agressif et tactique tout en incorporant un système de jeu à l’italienne » comme il le qualifie lui-même, l’italien de 64 ans a prouvé au monde entier qu’il n’avait pas dit son dernier mot. En effet, le jeu de Leicester est très atypique; il se repose sur une prise de balle très bas dans le terrain, puis par des contre-attaques éclaires reposant sur la vitesse de joueurs capables de bousculer n’importe quelle défense. Grâce à son aventure brillante jusque là avec Leicester, l’ancien coach de l’inter Milan (2011-2012) a relancé une philosophie ou plus généralement une équipe en panne de résultats, après une remontée en Premier League hasardeuse l’an passé.
Un rachat thaïlandais en 2010
Si Leicester en est là, c’est aussi grâce à la contribution d’un autre homme. Cet homme s’appelle Vichai Srivaddhanaprabba (17 lettres, ndlr) et a racheté le club de Leicester en 2010. Vichai Srivaddhanaprabba est un milliardaire Thaïlandais ayant fait fortune dans le duty-free d’aéroports (boutique hors taxes) par le biais de sa société nommée « King Power » (d’où le « King Power Stadium » où évolue Leicester City). Sa fortune s’élève à près de 1.96 milliards de dollars en 2015 (9ème richesse de Thaïlande) selon le très prestigieux magazine américain Forbes. Après l’arrivée en 2010 de ce sulfureux homme d’affaires, les objectifs de Leicester City ont été revus rapidement à la hausse. « La montée rapide en Premier League » était donc le premier objectif du nouvel actionnaire majoritaire. Au final, le club anglais mettra 4 ans à remonter dans l’élite.
A l’occasion d’une conférence de presse après leur magnifique saison à 102 points en Championship (2013-2014) -qui a permis au club de remonter en PL- Srivaddhanaprabba s’était exprimé plus longuement sur les objectifs à long terme de son club: « On est remontés, c’était notre objectif. On veut maintenant rester le plus longtemps possible en Premier League et devenir un membre du top 5 du pays. Le chemin est encore long, on ne peut pas y arriver tout de suite. On se fixe trois ans pour atteindre ce but. S’il faut dépenser 180 millions, je suis prêt à le faire. » En tout, après avoir acheté le club 39M de livres à Milan Mandaric, le king des duty-free a injecté près de 120 millions de livres dans son nouveau joujou, en épongeant à hauteur de 103 millions de livres les dettes de Leicester selon le « Leicester Mercury ». Malgré cela, des investissements encore plus conséquents devront être mis en place pour que « Leicester devienne un membre du top 5 du pays ».
Un système qui a ses limites
14ème de Premier League la saison passée (à 6 petits points de la zone de relégation), un retour aussi tonitruant dans les premières places de Premier League était inespéré pour la « Blue Army ». Même si, pour le moment, tous les voyants sont au vert, le Leicester City FC ne pourra sans doute pas finir la saison comme il l’a commencé. Jusqu’ici, l’équipe de l’ancien Caennais N’Golo Kanté -transféré cet été pour 8 millions d’€ à Leicester- a bénéficié d’un calendrier très favorable. En effet, le club du milliardaire Thaïlandais Vichai Srivaddhanaprabba (voir ci-dessus), qui a racheté le club en 2010, n’a rencontré que pour l’instant des clubs de moyenne envergure.
Les confrontations face aux équipes de haut de tableau n’ayant offert aucune victoire aux blues; un nul face à Tottenham (1-1), une lourde défaite contre Arsenal (2-5) ainsi qu’un match nul (1-1) face à la 3ème équipe du championnat, Manchester United. De plus, les statistiques collectives de Leicester ne sont pas en accord par rapport à leur classement actuel. Le club siégeant au King Power Stadium comptabilise une petite possession de balle (47% de moyenne) ainsi que l’occupation de la 20ème place au classement des passes réussies (71% de moyenne). En conclusion, Leicester aura de grandes chances de se maintenir cette saison en Premier League (maintient à 44 points), mais de là à entrevoir une possible qualification européenne en fin de saison, serait une vision très optimiste de la situation…