Un temps considéré comme le meilleur championnat du monde, les temps demeurent compliqués pour la Serie A. Après les scandales de corruption récents, une autre plaie continue de prospérer dans les stades italiens: le racisme. Le récent cas Koulibaly (Naples) nous le montre. Avec des réponses des autorités footballistiques pas toujours à la hauteur.
La Lega (la Ligue de football professionnel italienne) pensait amener l’esprit de Noël dans les stades italiens et conjuguer joie familiale et football en organisant son propre « Boxing Day » cette saison. Il n’en a rien été. Si la Ligue italienne voulait concurrencer la toute puissante Premier League en programment elle aussi des matchs pendant les fêtes, les résultats escomptés ne se sont pas produits. L’essai a même accouché sur un fiasco pour nombre d’observateurs.
Esprit de Noël où es-tu ?
Outre des taux de remplissage pas vraiment plus élevés qu’à l’accoutumée, la journée programmée juste après Noël, le 26 décembre (jour férié et festif en Italie), a donné lieu à de nouveaux incidents racistes qui émaillent le football italien depuis bien trop longtemps. Le match Inter-Naples (1-0) en a été le théâtre. Alors que les supporters de l’Inter et du Napoli en sont venus aux mains, causant la mort d’un supporter interiste écrasé par un 4×4, le défenseur Kalidou Koulibaly a quant à lui subi de très nombreux cris et insultes racistes venant des tribunes de San Siro. Ce joueur avait déjà été la cible des supporters de la Juventus à l’occasion d’un déplacement du Napoli plus tôt cette saison (3-1). Si l’arbitre n’a pas arrêté le match mercredi, le défenseur italien est sorti de ses gonds, faisant montre d’un surplus d’agressivité qui ne lui ressemble pas malgré son profil de défenseur rugueux, avant de finalement être exclu après avoir reçu deux avertissements et applaudi ironiquement l’arbitre. Et tout cela sous les provocations racistes de l’enceinte milanaise. Drôle d’ironie du sort, bien loin de l’esprit féérique de Noël.
La Lega pas à la hauteur
Pour beaucoup, le match aurait dû être arrêté. Le maire de Milan, Giuseppe Sala, a même demandé publiquement pardon au défenseur napolitain, exprimant également sa « honte » devant de tels actes, récurrents dans le principal stade de sa ville. Ce nouvel incident, qui fait suite à de nombreux précédents (Mario Balotelli avait lui aussi subi de telles provocations racistes), sera-t-il puni assez fermement par la Lega ? Impossible de le savoir, alors que cette même ligue n’a jamais réussi à mettre un terme au problème depuis de nombreuses années. Les stades italiens sont d’ailleurs parmi les plus récidivistes en termes de dérapage racistes et antisémites. Les travées des enceintes du Hellas Vérone ou de la Lazio Rome sont souvent des lieux privilégiés d’expression des groupes de supporters situés à l’extrême-droite de l’échiquier politique. Cette haine semble prospérer sur la forte rivalité entre les clubs professionnels italiens et se propage bien au-delà du simple enjeu sportif. Ainsi, les supporters de la Lazio Rome avaient utilisé une image d’Anne Frank pour moquer le rival de l’AS Roma, en drapant cette figure de l’Holocauste d’un maillot de l’ASR. Pour le moment, l’Inter Milan écope de deux matchs de huis clos à San Siro. Une sanction qui vient avec l’annonce des deux matchs de suspension dont écope… Kalidou Koulibaly pour être sorti de ses gonds. Des sanctions et mesures bien loin d’être à la hauteur, alors que les Italiens s’agacent de plus en plus de tels agissements.
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