Ce soir à Montpellier, Loïs Diony va retrouver, comme ses coéquipiers, les terrains de Ligue 1. Après une pause d’un mois, il revient avec la ferme intention de confirmer sa très bonne première partie de saison. Dossier.
Les parcours atypiques font souvent les belles histoires, c’est le cas pour Loïs Diony. L’attaquant de Dijon n’a jamais baissé les bras, et son acharnement a porté ses fruits puisqu’il est aujourd’hui l’une des révélations de la Ligue 1. Après un début de carrière tumultueux, il se retrouve aujourd’hui parmi les jeunes joueurs prometteurs de notre championnat. Du haut de ses 24 ans, il a déjà pris sa revanche sur un monde professionnel qui s’est longtemps refusé à lui.
Diony, deux échecs en centres de formation
« J’ai vraiment la haine. Je ne vais pas crier mais il faut dire les choses en face. Devant on se casse le cul à défendre, à marquer et à aider les coéquipiers. Et la défense après … ». Cette phrase, au micro d’après-match contre Bordeaux résonne comme l’illustration du caractère bien trempé d’un joueur dont le parcours n’a rien de normal. La fougue qui le caractérise sur le terrain le déborde par moment lorsqu’il doit s’exprimer face aux médias. Pourtant en interne, l’attaquant français ne fait pas de vagues. Couvé dès son arrivé par Olivier Dall’Oglio, il démontre sur le terrain que le club dijonnais a eu raison de venir le chercher à Mont-de-Marsan, après ses échecs successifs à Bordeaux puis Nantes.
Bordeaux, première étape et premier échec pour le jeune buteur. Après avoir été repéré par les girondins, il intègre rapidement le centre de formation. Il gravit tous les échelons jusqu’au moment de signer pro. Le club au scapulaire lui offre un contrat de stagiaire pro d’un an, et c’est là que le désaccord est fatal comme le raconte lui même l’intéressé à France Football; « Je pouvais continuer ma deuxième année de stagiaire à Bordeaux, mais j’ai trouvé que le club ne me faisais pas confiance. Tous mes coéquipiers ont signé 2 ans avec une prime, moi on ne me propose qu’une année. Je voulais la même chose que mes collègues. » Loin de se démotiver et sûr de ses qualités, le jeune attaquant plaque Bordeaux et file à Nantes, où il retrouve Guy Hillion, le directeur sportif qui l’avait remarqué en Gironde.
Arrivé à Nantes, l’attaquant fait ses gammes avec la réserve et ne s’entraîne que rarement avec les pros. Jusqu’au lendemain des fêtes de fin d’année 2013. Loïs Diony reçoit un message pour lui dire qu’il reprend l’année avec les pros. Une joie de courte durée puisqu’après des tests physiques de rentrée très décevants, Michel Der Zakarian le renvoie en CFA. Mécontent, et décidé à avoir des explications, Diony veut alors montrer qu’il a le niveau pour jouer au niveau professionnel. Malheureusement pour lui, il n’y parviendra pas. Une expérience nantaise dont le joueur garde un goût amer; « On ne m’a jamais rappelé avec les pros. Pourtant j’ai bossé dur, je pense avoir bien fait les choses. On ne m’a jamais expliqué ce que l’on me reprochait. On m’a donné des explications mais bon … Je sentais bien que ce n’était pas clair. » Suite à un désaccord au moment de signer un nouveau contrat, le joueur quitte le FC Nantes et retourne en CFA, dans son club d’origine à Mont-de-Marsan. Un retour aux sources qui va le relancer.
Prise de conscience et explosion
15 matchs avec Mont-de-Marsan lors de la première moitié de saison 2013-2014, 9 buts. Des performances qui attirent l’œil de Dijon, réputé pour lancer des jeunes joueurs en professionnel. Olivier Dall’Oglio remarque alors le côté affectif qui se cache derrière les blessures que l’attaquant a subi dans sa jeunesse. Il le couve, le fait progresser dans l’ombre, tout en étant bien conscient du potentiel du joueur. Il joue une dizaine de matchs lors des 6 premiers mois (3 buts), avant de prendre part à 33 rencontres lors de la saison 2014-2015 (5 buts, 3 passes décisives). La révélation viendra la saison dernière, après 1 an et demi d’apprentissage, et avec une maturité certaine; Loïs Diony réalise une saison pleine (29 matchs, dont 24 titularisations pour 11 buts). Des statistiques et une influence sur le jeu qui lui permettent d’être nommé dans le XI de la saison en Ligue 2.
Désormais leader d’attaque en Ligue 1, l’attaquant de 24 ans ne se pose plus de questions et ne doute pas de son potentiel, « La Ligue 1 ce n’est pas du tout les mêmes matchs, on se met automatiquement au niveau. Je bosse tous les jours, je reste concentré et ça viendra. Je marque, je fais marquer, je commence à avoir des stats intéressantes. Je me dis que je n’ai rien à envier aux autres attaquants de Ligue 1. » Avec 18 matchs joués, 5 buts et 5 passes décisives, le joueur d’origine martiniquaise confirme son potentiel ignoré durant sa phase d’apprentissage. Il ne lui reste désormais qu’à continuer sa progression linéaire pour tutoyer les sommets qu’il s’est fixé.
Crédits photo à la une: Vincent Poyer Dijon FCO