Auteur de dix réalisations en vingt-quatre matches de Ligue 2 cette saison avec Bourg-en-Bresse, Lakdar Boussaha a accepté de répondre aux questions d’Au Stade. A bientôt 30 ans (il les fêtera en juillet prochain), le Savoyard s’est confié sur sa saison, ses ambitions, et surtout son avenir. Interview grandeur nature.
Au Stade: Peux-tu te présenter brièvement à nos lecteurs ?
Lakdar Boussaha: Je m’appelle Lakdar Boussaha, j’ai 29 ans. J’évolue au sein du club de Bourg-en-Bresse Péronnas depuis maintenant quatre ans, après avoir passé une saison dans un club de première division algérienne (le JSM Béjaïa en 2010/11, ndlr) et être passé dans les rangs de Besançon et Boulogne. Concernant ma formation, j’ai débuté le foot à Annecy étant donné que je suis né à Bourg-Saint-Maurice.
Ton club, Bourg-en-Bresse Péronnas, vient de parachever sa deuxième saison d’affilée en Ligue 2. Quels changements as-tu pu observer en deux ans ?
La première année, toute l’équipe était en opération commando pour le maintien. On avait croqué cette saison à pleines dents. Cette année, on était attendus au tournant, et on a eu du mal à se mettre en route. Mais on s’est maintenus à deux reprises, donc c’est très positif. En parallèle, le club se professionnalise année après année, au niveau des infrastructures et de l’engouement notamment. Bourg-en-Bresse n’est plus la petite surprise qui est arrivée-là par hasard.
L’approche était nouvelle, c’était plus délicat. On a peut-être aussi manqué d’enthousiasme. »
Lakdar Boussaha
D’un point de vue comptable, la première saison avait été plus prolifique avec une onzième place à la clé (quarante-sept points au compteur), contre une quinzième place cette saison avec seulement quarante-quatre points…
A l’intersaison, en plus des départs à gérer, notre vision de la Ligue 2 avait changé. Nous n’étions plus au stade de l’émerveillement et de la découverte. Quand tu as joué trente-huit matches la première année, tu abordes différemment la première rencontre de la saison suivante. L’approche était nouvelle, c’était plus délicat. On a peut-être aussi manqué d’enthousiasme.
Auteur de dix réalisations en vingt-quatre matches de championnat (pour seulement seize titularisations), as-tu le sentiment d’avoir réussi ta saison malgré les blessures ?
A vrai dire, je ressors très frustré de cette saison. J’avais les jambes pour planter quinze buts… J’avais beaucoup marqué la saison précédente, notamment en coupe de la Ligue où j’avais terminé meilleur buteur de la compétition. Donc boucler une saison de L2 avec quinze buts au compteur était et reste un objectif. Entre mes deux blessures à la cheville et les choix du coach, je suis tout de même content d’avoir atteint la barre symbolique des dix buts.
En 2015/16, tu avais beaucoup plus joué – quarante-deux matches toutes compétitions confondues au total – pour la bagatelle de dix-neuf buts inscrits. Penses-tu avoir payé cette saison les efforts fournis lors de l’exercice précédent ?
En fait, je m’étais blessé lors du dernier match de la saison 2015-2016. Donc j’avais traîné des douleurs durant toute l’intersaison, en pensant que cela allait passer. Mais malheureusement j’ai dû m’arrêter dès la reprise du championnat… Par la suite, j’étais bien revenu en marquant six buts à la trêve. Mais je me suis de nouveau blessé en janvier, en pleine préparation pour la seconde partie de saison. Tout cela est dû à l’enchaînement des matches, des blessures bénignes qui s’aggravent peu à peu…
Globalement, ma saison a été beaucoup plus poussive que la précédente, avec un jeu collectif moins attractif. Je m’y suis un peu moins retrouvé. »
Lakdar Boussaha
A l’issue de ta saison 2015/16 brillamment réussie, tu t’étais attiré l’intérêt du Racing Club de Lens. Pourquoi l’affaire ne s’était finalement pas conclue ?
A cette époque, il fallait que je patiente avant de signer. Le club de Lens traînait encore ses problèmes avec Hafiz Mammadov, qui tardait à démissionner… Ce n’était une situation ni vertueuse ni propice pour que je puisse me projeter. J’avais reçu d’autres sollicitations en parallèle. Et puis ma femme était arrivée à terme au moins de juin, je ne pouvais pas me permettre d’attendre indéfiniment. En conséquence, j’avais prolongé en signant un contrat de deux ans avec Bourg.
Quand tu parles « d’autres sollicitations », qu’entends-tu par là ?
Concrètement, Niort était intéressé. Il y avait aussi des clubs à l’étranger, en Espagne, en Allemagne…
As-tu reçu des sollicitations cet été ?
Globalement, ma saison a été beaucoup plus poussive que la précédente, avec un jeu collectif moins attractif. Je m’y suis un peu moins retrouvé. J’étais moins performant, à l’image de l’équipe. Mais pour revenir à la question, j’ai quelques contacts, oui. Pour l’instant je suis encore à Bourg-en-Bresse, il me reste un an de contrat ici. Je ne suis pas pressé de prendre ma décision.
Une prolongation à Bourg-en-Bresse est-elle envisageable ?
Pour le moment, ce n’est pas dans leurs plans. On se concertera en fin de saison, on est en pleine de réflexion. Pour partir, il faut aussi garder en tête l’histoire de l’offre et de la demande… Je suis ouvert à toutes les possibilités.
Comme tu l’as dit, le jeu de Bourg-en-Bresse est passé d’un football débridé très spectaculaire à un jeu beaucoup plus rationnel. Comment expliquer ce changement d’identité ?
Je pense que notre jeu s’est adapté à la Ligue 2. Il y a eu un trou dans l’effectif en attaque cette saison, on ne pouvait plus jouer à deux devant etc. Au final, l’équipe s’est rassurée de cette manière, et elle a trouvé son équilibre au fur et à mesure des matches.
Moi-même j’ai peur de la saison de trop, c’est pour cette raison que je me pose toujours la question de partir ou non.
Lakdar Boussaha
Adama Sarr, auteur de douze buts l’an passé avec Les Herbiers en National, a été recruté par Bourg cet été. Comment abordes-tu cette mise en concurrence ?
Cette saison, j’ai beaucoup souffert du fait de me sentir un peu seul. J’aime bien jouer à deux pointes devant, quand l’équipe est plus offensive, plus proche de la surface adverse… Donc son arrivée ne peut qu’être bénéfique pour Bourg. En plus de cela, on a pu constater l’émergence du jeune Yanis Merdji (23 ans, ndlr), et puis Wilfried Louisy Daniel sera sans doute de retour. Il y a des profils différents, on peut avoir une très belle force de frappe cette saison.
Bourg-en-Bresse a toujours été réputée comme une équipe offensive, concédant néanmoins un nombre conséquent de buts. Le départ du gardien titulaire, Julien Fabri (prêté jusqu’alors par Marseille et vendu à Brest cet été), n’est-il pas un nouvel handicap défensivement ?
C’est vrai que Julien a fait deux belles saisons à Bourg-en-Bresse. Mais Sébastien Callamand, notre doublure, a déjà prouvé qu’il était bon. Il avait permis au club de monter en Ligue 2, et il a fait de très bons intérims cette saison (cinq matches joués en 2016/17, ndlr). Je ne suis pas inquiet.
Si Hervé Della Maggiore, grand artisan de la montée et du maintien en Ligue 2, était parti, aurais-tu fait de même ?
Non, pas forcément. Mon destin n’était pas lié à celui du coach.
N’est-ce pas la saison de trop pour lui ?
L’avenir nous le dira. Moi-même j’ai peur de la saison de trop, c’est pour cette raison que je me pose toujours la question de partir ou non.
Crédits photo à la une: FBBP01 – J.-F. BASSET