Le 6 juillet 2018, l’équipe de France éliminait l’Uruguay en quart de finale du Mondial Russe (2-0). Quatre mois plus tard, le 20 novembre, les deux sélections se retrouveront au Stade de France. Bien qu’il s’agisse d’un match amical, cette rencontre est une véritable revanche pour l’équipe uruguayenne. Pour comprendre cet état d’esprit, Au Stade s’est intéressé à l’histoire de la Celeste.
Petit pays mais grande passion. Telle est la devise qui pourrait être formulée concernant le football en Uruguay. Comptant seulement 3,5 millions d’habitants, l’Uruguay est aussi l’un des plus petits territoires d’Amérique du Sud. Cela ne l’empêche cependant pas de briller à l’échelle du football mondial. Les quatre étoiles présentes sur le maillot bleu ciel en sont la preuve. Pourtant, la sélection uruguayenne n’a remporté que deux titres mondiaux en 1930 et 1950. La présence de deux étoiles supplémentaires fait donc de l’Uruguay un pays à l’histoire footballistique unique. C’est justement à cette histoire que nous allons nous intéresser. En plus de comprendre la place importante qu’occupe le football dans ce pays, elle nous permettra d’expliquer la présence de quatre étoiles sur le maillot de la Celeste.
L’origine du football en Uruguay
En Uruguay, la pratique du football apparaît à la fin du XIXe siècle. Son origine est étonnante. Son histoire est effectivement liée au développement du réseau ferroviaire. Venus construire des voies ferrées, les émigrés anglais apportent avec eux la pratique du football. En intégrant des uruguayens dans leur équipe, les anglais ont ainsi transmis la passion pour ce sport aux populations locales. C’est ce que suggère l’ancien président uruguayen, José Mujica, dans un article accordé au journal The Telegraph en 2014. En déclarant que les anglais ont appris le foot à son pays, il reconnaît donc le rôle déterminant des ouvriers étrangers dans la transmission de cette pratique sportive. Les anglais sont même à l’origine de la création du premier club sportif en Uruguay. Baptisé Montevideo Cricket Club, il ouvre ses portes en 1861. Dès lors d’autres clubs vont voir le jour. En mars 1900, ils sont suffisamment nombreux pour fonder l’Association Uruguayenne de Football (AUF). La sélection nationale est, quant à elle, créée en 1902.
Le football comme moyen d’exister
Plus qu’un sport, le football en Uruguay est considéré comme un véritable tremplin social. Il représente une solution pour échapper à des conditions de vie jugées parfois précaires. À l’image de l’origine modeste de Luis Suárez, de nombreux jeunes rêvent du même destin. Par ailleurs, pour le pays, le football est un véritable outils pour s’imposer à l’échelle mondiale. Situé entre deux grandes nations footballistiques, à savoir l’Argentine et le Brésil, l’Uruguay n’a pas le choix. Pour rivaliser, il lui faut développer son football. C’est en tout cas l’avis de Romain Molina, un spécialiste du football uruguayen. Face à des pays plus riches et plus peuplés, l’Uruguay perçoit ce sport comme un moyen d’accroître sa notoriété à l’échelle internationale. Les compétitions mondiales sont donc une aubaine pour ce petit pays.
La sélection uruguayenne révélée par les tournois olympiques
À l’occasion du tournoi olympique à Paris en 1924, des équipes venues d’autres continents défient les européens. L’entrée du football dans une dimension internationale est un véritable succès. Les spectateurs sont nombreux pour la finale opposant l’Uruguay à la Suisse. Donné perdant avant le début de la compétition, le pays sud-américain l’emporte (3-0). C’est une véritable révélation footballistique. Alors que la Coupe du Monde de la FIFA n’existe pas encore, l’Uruguay peut toutefois déjà accrocher une première étoile à son maillot.
Quatre ans plus tard, en 1928, l’Uruguay réitère l’exploit lors du tournoi olympique d’Amsterdam. Dans une finale sud-américaine, le pays l’emporte difficilement sur l’Argentine 2-1(1-1). Avec une deuxième étoile à son palmarès, l’Uruguay consolide ainsi sa position footballistique sur la scène internationale.
L’Uruguay, symbole de l’histoire de la Coupe du Monde de la FIFA
Outre le tournoi olympique d’Amsterdam, l’année 1928 est aussi marquée par la volonté de la FIFA de créer sa propre compétition de football. Le 26 mai 1928, la veille du début du tournoi olympique, la création d’une coupe du monde indépendante est votée. Selon les informations obtenues auprès de la FIFA, l’Italie, la Hongrie, les Pays-Bas, l’Espagne, la Suède et l’Uruguay candidatent pour l’organiser. La décision tombe en 1929 lors du Congrès de Barcelone. L’Uruguay organisera la première coupe du monde de la FIFA en 1930. Ce choix est notamment du à son double titre olympique. De plus cet événement permet aussi de célébrer le centenaire de l’indépendance du pays qui a lieu la même année. Cette décision est mal accueillie par les européens. Quatre équipes européennes seulement décideront d’y participer. Il s’agit de la Belgique, de la France, de la Yougoslavie et de la Roumanie. Quoi qu’il en soit, la victoire de l’Uruguay sur l’Argentine en finale est historique. Menés 1-2 à la mi-temps, la Celeste finit par s’imposer 4-2. Vainqueur de la première Coupe du Monde de la FIFA, l’Uruguay peut accrocher une troisième étoile à son maillot. Vingt ans plus tard, en 1950, la Celeste renouvelle son titre au Brésil. Si le pays hôte était favori, l’Uruguay va néanmoins s’imposer 1-2 en finale. La Celeste obtient ainsi sa quatrième étoile.
La garra charrúa, secret du football uruguayen
Vainqueur du plus grand nombre de Copa America à ce jour (15 titres), les exploits de l’Uruguay ne doivent rien au hasard. Sa force de caractère est son principal atout. C’est la garra charrúa. Inventé dans les années 1930, ce terme est synonyme de courage, de combativité et d’obstination. Parfois invoqué à tort pour justifier la violence de certains actes, cet état d’esprit est en réalité une véritable stratégie. Elle consiste effectivement à résister aux moments forts de l’adversaire et à s’imposer quand la tendance s’inverse.
En conclusion, le football en Uruguay a une place importante dans la société. Pour le sélectionneur, Óscar Tabárez, son pays est celui avec la plus grande culture footballistique. Habitués à batailler pour exister, les uruguayens se sont forgés un mental d’acier qui transparaît dans la Celeste. Il faudra donc aux Bleus faire preuve d’autant de volonté le 20 novembre pour résister et finir l’année 2018 en beauté.
Crédits photo à la Une: Los Sports