Pièce maîtresse de la Real Sociedad, le jeune prodige norvégien est en grande partie responsable du très bon début de saison de son équipe. Annoncé comme un futur crack, sa carrière semble enfin décoller, au meilleur des moments.
Trop bon trop jeune
Martin Odegaard fait partie de ses joueurs qui ont explosé en vol. Beaucoup trop exposés médiatiquement, ces très jeunes profils ont du mal à confirmer. À peine la majorité atteinte que leur carrière est menacée. Le milieu offensif norvégien a inauguré une nouvelle ère: le transfert à tout prix. Odegaard se forme en Norvège, avec l’équipe première de Strømsgodset IF. À 15 ans, il fait partie intégrante du onze titulaire et commence à faire parler de lui. Bonnes prestations après bonnes prestations, son jeu prend de l’épaisseur. Il devient en quelques mois l’attraction principale de son équipe. Les plus grands clubs lui font les yeux doux: Liverpool, Manchester United et le Real Madrid. En seulement 23 matchs de championnat, il marque cinq fois et délivre sept passes décisives. Il en faut peu pour lui dessiner une carrière de génie.
Son jeu est plus qu’attrayant: dribbles fulgurants, vision du jeu exceptionnelle et explosivité déconcertante. Le 21 janvier 2015, Martin Odegaard est officiellement transféré au Real Madrid pour près de 3 millions d’euros. Avant de jouer avec l’équipe première, le jouer doit s’aguerrir avec la Castilla, alors entraînée par Zinedine Zidane. Son talent est réel, son adaptation compliquée. Entrant en jeu le 23 mai 2015 contre Getafe, Odegaard devient le joueur madrilène le plus jeune à fouler les pelouses de Liga. Pendant deux ans et demi, le joueur alterne les convocations en équipe première et en réserve. Les premières interrogations ne tardent pas à émerger; les belles promesses laissent place à de sérieuses interrogations. Dès l’hiver 2017, le joueur est invité à trouver un autre point de chute, à l’étranger, pour progresser et relancer sa jeune carrière. Après une année sans gloire au SC Heerenveen (Pays-Bas), Martin Odegaard rejoint une année plus tard l’équipe du Vitesse Arnhem. Sa saison dernière est plus qu’aboutie, il fait partie des révélations de l’année et s’installe comme une des têtes d’affiche de son championnat, à l’instar de Ziyech ou Tadic. 11 buts et 12 passes décisives plus tard, Odegaard fait son retour en Espagne. En prêt une saison à la Real Sociedad, le joueur prend enfin la mesure de son immense talent.
Le catalyseur de l’équipe
Dans le 4-3-3 d’Imanol Alguacil, Martin Odegaard se positionne comme meneur de jeu, aux côtés du local Mikel Oyarzabal et du buteur brésilien William José. Quelques matchs lui ont suffi pour mettre le public dans sa poche. Le numéro 21 est beau à voir jouer, ses dribbles chaloupés peuvent faire lever tout un stade. Son jeu a largement évolué au profit d’une préparation physique et mentale bien plus intense. Ses prestations lors de grands matchs sont la preuve de sa maturité. En course pour être élu meilleur joueur de Liga du mois de septembre, le jeune meneur éclabousse par son talent le début de saison.
Dans le jeu, Martin Odegaard s’apparente à une plaque tournante, distribuant des dizaines de bons ballons aux joueurs offensifs. Premier joueur recherché en phase de transition, sa capacité d’élimination ouvre des brèches et déstabilise l’équipe adverse. La contre-attaque est l’arme fatale de la Real Sociedad. Son match contre l’Athletico Madrid est une référence. Éclaboussant le match de sa classe, Odegaard a déboussolé la défense adverse pourtant réputée quasi-infranchissable. Son but vient couronner une prestation plus qu’aboutie. Le jeune milieu réhabilite le poste de numéro 10, véritable point d’équilibre qui dicte sa partition. Martin Odegaard est un catalyseur, un moteur qui imprime son propre rythme de jeu. Son football s’est grandement étoffé. Le joueur sait se muer en premier rideau défensif, écœurant les attaques adverses. Ses prestations sont encore perfectibles, mais son talent est bien réel. La saison est encore longue, mais doit permettre au talentueux Norvégien de franchir ce fameux palier.
Une place à prendre chez les Merengue
Martin Odegaard peut-il, dès l’année prochaine, revendiquer une place de titulaire au Real Madrid ? Pour le principal intéressé, interrogé lors de sa présentation l’été dernier, le choix est vite fait: « Le club veut que je sois heureux et que je progresse. Mon plan est de rester ici deux ans ». La maturité nouvelle du joueur a de quoi surprendre quand on sait que la « Casa Blanca » est en reconstruction depuis deux ans. Le milieu de terrain est un des chantiers principaux de Zidane, alors que les indésirables (Rodriguez, Isco, Valverde) ne jouent presque plus, les cadres peinent à réaliser de grands matchs.
L’entraîneur français n’a pas réussi à arracher Paul Pogba des griffes de Manchester United et doit désormais changer son fusil d’épaule. Le retour de martin Odegaard, la saison prochaine, pourrait s’avérer comme un bon coup. Une place est à prendre chez les Merengue depuis le départ de Cristiano Ronaldo. Aucun joueur, Karim Benzema mis à part, n’a pu se muer en dynamiteur. L’intégration du joueur norvégien au sein du 4-3-3 de Zidane viendrait apporter une nouvelle palette de possibilités. Sa potentielle association avec Vinicius Junior peut déjà en faire saliver plus d’un. Le Real manque clairement de caractère dans le jeu et s’appuie sur un jeu beaucoup trop basé sur la passe et les redoublements. La percussion de Martin Odegaard viendrait fluidifier un jeu trop stéréotypé. Si sa saison est aboutie, il sera difficile au joueur de rester du côté du stade San-Sebastian. Une place de titulaire ne lui sera pas assurée pour autant. Néanmoins, sa présence dans la rotation aura a un goût de revanche pour un joueur trop rapidement mis en lumière. À 20 ans, Martin Odegaard a repris sa carrière en mains. Auteur de 2 buts et 2 passes décisives en 7 matchs de championnat, le jeune prodige démarre, tambour battant, ce nouvel exercice. Espérons que ses dernières prestations signent son émergence au plus haut niveau mondial.
Crédits photo à la Une: Ehaddeland