INTERVIEW EXCLUSIVE – Le numéro dix de l’Estac (Ligue 2) est revenu, pour AuStade.fr, sur sa vie pendant le confinement, sans football. Footings, Suk et Jean-Michel Aulas: Florian Tardieu évoque ces dernières semaines assez particulières.
Au Stade: comment va le moral en ce moment ?
Florian Tardieu: je me sens bien, après c’est dur de se réveiller le matin, de d’entrainer individuellement. Il faut se maintenir en forme. On a des programmes physiques à respecter, même si courir trente à quarante minutes c’est chiant. Après moralement ça va, je suis confiné dans le Sud avec ma famille, je vois tout le monde.
Cela vous pèse un peu ?
Moi je vis foot, je mange foot, je dors foot, donc ça me manque évidemment !
Comment occupez-vous vos journées hors football ?
Ma routine est simple: je me réveille, je déjeune, je fais mon sport. Après je regarde la télé, je joue à la PlayStation. On fait passer le temps comme on peut. Mon meilleur ami est confiné avec moi. On arrive à rigoler, à faire des parties de cartes. Mais c’est tous les jours pareil, la routine est bien installée. Si on ne se détend pas un peu, on se taperai la tête contre le mur. J’ai aussi la chance d’avoir un grand soleil, ça fait du bien de prendre l’air.
On essaie de garder la bonne humeur du groupe, à s’envoyer des conneries ».
Florian Tardieu
Comment avez-vous appris la contamination de Hyun-Jun Suk ?
En revenant du Mans (match annulé), on a une réunion avec tout le staff par rapport à la décision de la Ligue. On ne savait pas combien de temps ça allait durer. En rentrant chez moi, j’ai appelé le docteur car j’avais un pressentiment. Suk s’était bien entraîné toute la semaine, mais n’était pas dans le groupe le vendredi. On se fait des films. Je préviens le docteur que je descends dans le Sud, je lui demande si Suk est contaminé ? Il m’a répondu que oui. On s’est donc tous passés le message. Ça fait froid dans le dos. J’ai hésité à descendre dans le Sud car on ne sait pas si on est contaminé ou non. J’ai quand même pris le risque d’y retourner et de me confiner. Aujourd’hui je suis au top, tout va bien.
Avez-vous des nouvelles de votre attaquant ?
On a eu des nouvelles la semaine dernière. On a fait un Facetime avec toute l’équipe. Il nous a dit que tout allait mieux, que sa famille se portait bien. Ça nous a forcément rassuré.
C’est une bonne chose de continuer à garder du lien avec ses coéquipiers par Facetime ?
On en fait régulièrement. On a groupe WhatsApp pour rester en contact. On se manque mutuellement. On essaie de garder la bonne humeur du groupe, à s’envoyer des conneries. On essaie de rigoler entre nous.
Des mesures sanitaires plus strictes ont-elles été décrétées à l’Estac, après la contamination de deux joueurs ?
Pas forcément. Le docteur nous appelle tous les soirs, pour savoir si nous n’avons pas de fièvre ou de toux. Ils nous ont laissé la chance de rentrer chez nous, même si certains ont préféré rester à Troyes. On est des adultes, on sait que ce virus peut atteindre tout le monde, on l’a vu avec Suk. On prend les précautions nécessaires.
Si je devais signer un papier qui stipule de terminer la saison en août, je le ferais de suite »
Florian Tardieu
Jean-Michel Aulas a été en faveur de l’annulation de la saison en cours. Actuellement vous êtes quatrièmes, à trois points du leader. Voulez-vous terminer la saison ?
Si je devais signer un papier qui stipule de terminer la saison en août, je le ferais de suite. J’ai envie de finir cette saison car le foot me manque et on a quelque chose à aller chercher au bout. Je ne suis pas d’accord avec le président Aulas. Si j’étais sûr de descendre en National, j’aurais peut-être tenu les mêmes propos que lui. Pour la plupart des équipes, le foot manque terriblement. En tant que footballeur, on veut toucher le ballon. Déjà ce qui me rend malade, c’est qu’il n’y a plus de matchs de football à regarder à la télévision.
La LFP indique vouloir terminer la saison, j’imagine que vous aussi ?
Oui, exactement. Je pense que tous les clubs veulent que ça se termine. Il reste dix matchs. Avec l’Estac on est quatrièmes, on est bien placés. On a peut-être quelque chose à aller chercher cette saison. C’est pour ça que je cours tous les jours pour me maintenir en forme. Tous les footballeurs ont envie de reprendre le championnat.
Avant l’arrêt du championnat, vous restiez sur 4 victoires en 5 matchs. L’épidémie va donc affecter votre dynamique ?
A Troyes on a un programme à respecter. Nous sommes assez professionnels pour le suivre. On sait qu’on est bien placés mais aussi que l’épidémie coupe notre élan. Malheureusement, il va falloir relancer la machine mais nous sommes prêts à revenir à fond et repartir de plus belle. Enchainer les victoires ça fait du bien mentalement. Avoir des coupures aussi longues ça sera dur, mais je ne m’en fais pas pour nous.
Des clubs de football voudraient reprendre l’entrainement début mai, est-ce une bonne idée selon vous ?
Personnellement j’ai envie de reprendre de suite. Maintenant le foot passe après la santé. En période d’épidémie, il faut rester confiner et cesser de prendre des risques. Reprendre en mai ? Je ne sais pas, je l’espère. Tant que le virus est là, il ne faut pas reprendre le foot.
Un mot pour les personnes qui ne respectent pas le confinement ?
S’ils veulent se défouler, qu’ils courent, seuls, trente minutes. Certains sont inconscients, ils pensent être plus forts que le virus. Je vois de jour en jour que cela n’atteint pas que des personnes présumées « faibles ». J’ai vu des gens de mon âge atteints par le virus. Il ne faut pas penser que ça n’arrive qu’aux autres. Pour le bien de tout le monde, il faut rester chez soi.
Crédits photo à la Une: Estac.fr