Le mercato estival a officiellement fermé ses portes le 2 septembre dernier. Le Paris Saint-Germain a fait parler de lui tout au long de l’été: le retour de Leonardo comme directeur sportif, l’épineux dossier Neymar, des mouvements osés sur le gong… AuStade.fr vous propose d’y voir plus clair dans le bilan parisien.
En mars dernier, lorsque Paris sortait de la Ligue des champions par la petite porte, battu une fois de plus au stade des 8es de finale de manière terriblement inquiétante face à une équipe bis de Manchester United, nombreux sont ceux s’étant dit: « décidément, cette équipe n’y arrivera jamais« . Il est paradoxal de voir une formation avec cette ambition et ces talents individuels s’arrêter si tôt dans la compétition majeure pour la 3e année consécutive. Nul ne sait combien de temps la Coupe aux Grandes oreilles, l’objectif suprême annoncé depuis l’arrivée de QSI au PSG, échappera encore au club de la capitale. Toutefois, 6 mois plus tard, impossible de rire au nez des fans parisiens qui revendiquent une fois de plus leur confiance en ce groupe pour aller décrocher le saint-Graal. Cet été, Paris s’est donné les moyens d’y croire, peut-être plus encore que les années précédentes, et dégage une nouvelle aura renforcée par le retour de Leonardo. Sa gestion du mercato en est l’illustration parfaite.
L’œuvre de Leonardo
Le mercato parisien n’aurait sûrement pas eu le même visage sans son retour au poste de directeur sportif. Le club sort d’une année très compliquée (pour la première fois de l’ère QSI le club n’a remporté qu’un trophée majeur, à savoir le Championnat de Ligue 1) et s’attendait donc à un été agité. Premier fait d’arme: la signature de Pablo Sarabia, néo-international espagnol, pour 18M€ en provenance du FC Séville où il a inscrit 23 buts et signé 17 passes décisives la saison dernière. Avec ces excellentes statistiques et l’emballement du marché contemporain, à ce prix là, difficile de faire mieux. Ajoutons à cela l’arrivée de Ander Herrera, milieu d’expérience, débarqué gratuitement en provenance de Manchester United, et on obtient un début de mercato malin et économe. Un nouveau cocktail qui fait du bien au PSG plutôt habitué à une certaine surenchère pas toujours réfléchie.
Mais là où Leonardo a excellé, c’est bien dans la dernière ligne droite du mercato. La gestion du cas Neymar, feuilleton de l’été, a démontré que le club parisien a décidé d’en finir avec les caprices de star. A l’image de Thomas Tuchel qui avait mis Kylian Mbappé sur le banc l’an dernier avant un déplacement à Marseille pour écart de conduite, Leonardo n’a pas hésité à s’exprimer en public sur le cas Neymar. Il a affirmé que le joueur ne serait pas bradé et que le club ne céderait pas à ses envies d’ailleurs s’il n’y trouvait pas son compte. Le FC Barcelone n’a pas réussi à s’aligner sur les exigences parisiennes (qui réclamait Ousmane Dembélé en contre-partie) et Leonardo n’a pas lâché sa star. Neymar reste un joueur hors-norme, il l’a démontré avec le Brésil en inscrivant un but et une passe décisive en match amical face à la Colombie pour son retour à la compétition. En ce sens, si le joueur se remet les idées à l’endroit, le club parisien ne peut qu’en profiter.
La fin du feuilleton Neymar semblait marquer la fin du mercato parisien. Mais c’était sans compter sur les arrivées coup sur coup de Keylor Navas, triple vainqueur en C1 avec le Real Madrid, et Mauro Icardi, fer de lance de l’attaque de l’Inter Milan. Deux arrivées de marque pour renforcer un effectif déjà étoffé, avec deux plus-values importantes: bénéficier de l’expérience du gardien costaricain dans les joutes européennes, et offrir une réelle solution de remplacement/complément de Cavani en avant-centre. Thomas Tuchel va être confronté à de sacrés problèmes pour composer l’animation offensive de son équipe (Neymar, Mbappé, Icardi, Cavani, Di Maria, Draxler, Sarabia). Une telle force de frappe a de quoi en faire trembler plus d’un en Europe.
Gueye, le chainon manquant ?
Toutefois, le recrutement le plus important ne se trouve pas dans ceux précédemment abordés, malgré la grande réputation des joueurs évoqués. Le poste qui a fait défaut aux Parisiens sur les dernières saisons est celui de sentinelle devant la défense, un véritable 6. La saison dernière, Tuchel avait pris l’habitude d’y aligner régulièrement Marquinhos. Mais si le joueur a livré d’honnêtes performances, lorsque le niveau s’élevait il avait du mal à suivre: trop de passes vers l’arrière, approximation de placement… Le départ à la retraite de Thiago Motta a laissé un grand vide, et l’arrivée de Paredes l’hiver dernier n’a rien changé.
Les Parisiens ont décidé de miser sur Gueye, arrivé en provenance d’Everton. Il ne fait pas parti des références mondiales à ce poste, et n’a disputé que 6 matchs de Ligue des champions. Mais il vient d’Angleterre, où il a eu l’occasion de se frotter à des mastodontes tels que le City de Guardiola et le Liverpool de Klopp. Il s’est imposé comme une évidence à ce poste avec les Toffees et a acquis cette capacité à être un milieu « Box to Box » pour amener de l’impact des deux côtés du terrain. Très respecté en Premier League, il ne fait aucun doute qu’il va aider Paris à franchir un cap. Ses premières sorties en championnat sont encourageantes et ont laissé entrevoir un joueur déjà plein d’assurance. Toutefois, ce sont les matchs de Ligue des champions, et le choc face au Real Madrid, qui seront de véritables révélateurs.
La jeunesse n’a qu’un temps
S’il y a bien une habitude qu’on ne change pas chez les Parisiens, c’est la fuite des jeunes talents. C’en est fini de l’aventure Rabiot au PSG qui s’en est allé à la Juventus. Une fin malheureuse pour un pur produit du centre de formation au caractère bien trempé qui s’est vu être écarté du groupe par l’institution la saison passée. Alphonse Areola s’en va lui aussi en prêt d’une saison au Real Madrid où Thibaut Courtois occupe la place du numéro 1. Il paie ses errements récurrents qui l’ont empêché de s’imposer comme le titulaire indiscutable des cages parisiennes. Le club ne lui a toutefois jamais rendu la tâche facile, en faisant venir Buffon l’an dernier par exemple alors qu’il attendait un signe de confiance de ses dirigeants. Les départs de Nsoki, Diaby et Nkunku font écho à celui par le passé de Kingsley Coman qui n’avait disputé que 4 matchs avec le PSG avant d’aller voir ailleurs. Et d’être aujourd’hui un ailier de classe mondiale au Bayern Munich.
La saison prochaine, Paris devrait aligner un 11 de départ sans joueur formé au club (exception faite de Kimpembé s’il venait à gagner sa place de titulaire). Au delà de la symbolique c’est peut-être un manque dans un club où les joueurs ont déjà été recadrés pour leur manque d’envie. Les titis parisiens sacrifiés deviendront-ils des références à leur poste dans un autre club ? L’avenir nous le dira, mais Paris pourrait une fois de plus s’en mordre les doigts. Au final, le Paris Saint-Germain a conclu un mercato costaud, et le retour de Leonardo n’y est pas étranger. L’équipe présente une force offensive capable de rivaliser avec les meilleures équipes d’Europe, et a enfin signé un véritable habitué au poste de sentinelle qui leur faisait défaut. Si Neymar digère son transfert avorté à Barcelone, et que les nouvelles recrues s’intègrent bien au système parisien, aucun obstacle ne semble trop haut pour ce PSG-là.
Crédits photo à la Une: Doha Stadium Plus Qatar – Mohan