Dans un contexte sanitaire particulier, Christian Prudhomme, directeur du Tour de France, a dévoilé le parcours de l’édition 2021 qui s’élancera de Brest le samedi 26 juin prochain et non de Copenhague, comme cela était prévu. Plus équilibré que les précédents, il comporte néanmoins de gros morceaux pour les grimpeurs dont quelques ascensions mythiques.
La Bretagne en fête sur le Tour 2021
Elle l’attendait, elle l’aura. Si Rennes a refusé le Grand Départ, Brest n’a pas dit non et la Bretagne non plus. Pendant quatre jours, en remplacement du Grand Départ de Copenhague, le peloton sillonnera l’une des terres les plus cyclistes de France. Les puncheurs auront le premier mot avec des arrivées taillées pour eux à Landerneau puis à Mûr-de-Bretagne où l’Irlandais Dan Martin est le dernier vainqueur (2018). Les troisième et quatrième étapes entre Lorient et Pontivy et Redon et Fougères seront quant à elles promises aux sprinters.
Ces premiers jours ne représenteront pas une parade pour les favoris du Tour. En plus des difficultés armoricaines qui demanderont des efforts courts mais intenses, le vent pourrait être un trouble fête dès le début, que ce soit dans le Finistère comme dans les Côtes d’Armor. Le placement sera déjà primordial pour éviter de perdre du temps dès le premier week-end. Les finaux nerveux devraient également apporter encore plus de tension dans un peloton testé d’entrée.
Parcours du Tour de France 2021: le Morvan en apéritif des Alpes
Lui aussi attendait le Tour depuis un moment et il va être conquis. Le Morvan sera au programme de la 108e Grande Boucle. Auparavant, un contre-la-montre individuel entre Changé et Laval permettra une première explication entre les favoris, certains souhaitant limiter la casse tandis que d’autres seront tout inspirés de prendre de l’avance en vue du plateau montagneux qui s’offrira aux coureurs. L’étape entre Tours et Châteauroux devrait revenir à un sprinter même si le centre de la France et ses étapes de transition nous ont déjà habitués à des scénarii extraordinaires grâce aux bordures. Entre Vierzon et Le Creusot, le Morvan se dévoilera donc et les attaquants aussi.
Avec 248 kilomètres au compteur, cette septième étape sera la plus longue depuis 2000 et un Belfort-Troyes (254 kilomètres) la veille des Champs-Elysées qui avait sacré Erik Zabel. Sa longueur pourrait fatiguer les organismes avant un profil final accidenté dont le point d’orgue sera le Signal d’Uchon, 5,7 kilomètres à 5,7% mais surtout un dernier kilomètre à 13,1%, de quoi permettre de sérieuses attaques avec un sommet à 18 bornes de l’arrivée. Comme le dit le célèbre adage, personne ne gagnera le Tour ici. Mais certainement que quelques dents longues qui espéraient quelque chose à Brest viendront se casser sur le Morvan, petit canapé avant l’entrée de ce Tour qui réjouira à coup sûr les suiveurs depuis le leur.
Les Alpes pour rattraper les rendez-vous manqués
L’entrée, ce seront les Alpes. Pour la première fois depuis 2018, ils se placeront en premier grand massif emprunté par le Tour. Oyonnax-Le Grand Bornand devrait justement rappeler 2018 et la victoire de Julian Alaphilippe avec un enchaînement Col de Romme-Col de la Colombière dans le final. Ce premier rendez-vous manqué rattrapé sera pour Rigoberto Uran. Le Colombien, deuxième de la Grande Boucle 2017 et auteur d’un Top 10 sur les deux dernières éditions, avait en effet perdu le Tour 2018 lors de l’étape du Grand Bornand avant d’abandonner deux jours plus tard.
Le lendemain, entre Cluses et Tignes, le peloton rattrapera le final de l’édition 2019, amputé à cause d’un violent orage qui avait balayé les Alpes et donc l’arrivée à Tignes qui ne ressemblait plus à rien si ce n’est un torrent de boue. La côte de Domancy, où Bernard Hinault a construit son titre de champion du monde en 1980, le col des Saisies, le col du Pré et le Cormet de Roseland seront au programme dans un enchaînement sans surprise qui conduira les coureurs jusqu’à l’ascension finale vers Tignes à plus de 2000 mètres d’altitude. Les grimpeurs s’expliqueront indubitablement dans cette dernière montée longue mais roulante. Le premier jour de repos dans la station ne sera de refus pour personne.
Tour de France 2021: un géant sur la route
Malgré tout le respect que l’on doit à la dixième étape du Tour de France 2021 entre Albertville et Valence, qui verra un match entre baroudeurs en quête d’un bouquet et sprinters aux trains fatigués par les premières étapes de montagne, il apparaît clairement que le début de cette deuxième partie de course sera marqué par une étape inédite dans sa forme plus que dans son contenu. Le mercredi 7 juillet est une date à marquer au fer rouge dans son calendrier. Entre Sorgues et Malaucène, au beau milieu de la Provence, le peloton se livrera à une boucle dans la Grande Boucle.
Si le Mont Ventoux avait l’habitude de se dresser en juge de paix final, il se présentera ici deux fois sans pour autant être le marqueur ultime de l’étape à cause des travaux en cours pour la création du Parc Naturel Régional du Ventoux qui empêche toute la logistique du Tour de s’installer au sommet. Il faudra redoubler voire retripler d’efforts afin de s’adjuger l’une des étapes les plus excitantes offrant sans aucun doute l’un des bouquets les plus prestigieux de cette 108e édition. Les trois villes donnant leur nom à l’un des chemins menant au sommet du Géant de Provence seront toutes empruntées.
Sault tout d’abord pour débuter une première ascension longue mais par la route la moins compliquée. Malaucène ensuite pour un premier passage sur la ligne d’arrivée. Enfin Bédouin pour le chemin emprunté habituellement par le peloton. Les deux descentes vers Malaucène seront identiques et présentent un grand danger avec une route sinueuse. Très rapide, elle devrait emmener les meilleurs descendeurs à toute vitesse vers la ligne d’arrivée. Nul doute que celui qui passera en tête au sommet du deuxième passage du Ventoux aura fait un grand pas vers la victoire.
Après une telle journée, ASO a privilégié un peu de douceur avant de continuer avec les Pyrénées. Malgré deux étapes prévues pour les sprinters entre Saint-Paul-Trois-Châteaux et Nîmes et entre Nîmes et Carcassonne, les baroudeurs ne seront pas en reste tandis que le vent pourrait de nouveau jouer les invités surprises.
Les grandes Pyrénées
Légèrement laissées de côté en 2020, les Pyrénées avaient tout de même offert un grand spectacle. Pour 2021, sur le papier, elles s’annoncent explosives. Elles s’avanceront tranquillement entre Carcassonne et Quillan, une journée où les attaquants voudront à tout prix prendre la bonne échappée. Le lendemain, le petit détour de ce Tour par Andorre verra le peloton arriver dans la capitale de la Principauté. Avant, il faudra franchir quelques ascensions méconnues comme le Port d’Envalira, juge de paix du souvenir Henri Desgranges à 2408 mètres d’altitude. Le col de Beixalis et ses 6,4 kilomètres à 8,5% seront décisifs pour la victoire d’étape avec un sommet à 15 kilomètres de l’arrivée suivi d’une descente plongeante vers Andorre-la-Vieille où le peloton observera une deuxième journée de repos. Les muscles ne seront pas soumis à de rudes efforts au redémarrage.
Puisque les organisateurs ont décidé de faire la part belle aux Pyrénées, ils y ont même inclus une étape sans grand relief pour le classement général. Entre le Pas de la Case et Saint-Gaudens, rien de bien méchant malgré le nom de ces villes-étapes qui laisserait penser à une journée incroyablement dense. Les baroudeurs devraient une nouvelle fois rafler la mise tandis que la majorité du peloton verra ce jour comme une deuxième journée de repos nécessaire. Non seulement après deux semaines intenses mais aussi avant le bouquet final.
Un programme dense et digeste pour le Tour 2021
Le véritable plat de résistance se situera les 14 et 15 juillet. Un feu d’artifice parfait pour la fête Nationale. Un enchaînement sur deux jours qui finira d’achever le peloton. Au départ de Muret à l’aube de la 17e étape, toutes les têtes auront la même idée: arriver saines et sauves au sommet du col de Portet. Pour les sprinters et les corps fatigués, respecter les délais. Pour les favoris au classement général, répondre présent. Pour tout le monde, souffrir. Saint-Lary-Soulan a réussi son pari vieux de plus de trente ans en 2018 lorsque le Tour de France a utilisé le Portet pour la première fois de son histoire, voyant Nairo Quintana triompher en solitaire.
Un succès, tant et si bien que trois ans après, il est de retour. On en oublierait presque le Pla d’Adet. Pour ne pas en faire une simple course de côte et revivre le cauchemar de la Pierre Saint-Martin de 2015, les cols du Peyresourde et de Val Louron-Azet chaufferont les jambes. Le Portet ne sera cependant pas l’achèvement du programme montagneux du 108e Tour de France. Le lendemain, pour le compte de la 18e étape, les coureurs enchaîneront le Tourmalet, que l’on ne présente plus, et Luz-Ardiden, visitée pour la dernière fois en 2011 avec un succès de Samuel Sanchez et un Thomas Voeckler héroïque pour conserver son maillot jaune.
Une fin des plus traditionnelles
Les trois dernières étapes seront très classiques pour terminer ce Tour de France. Une étape toute plate où les baroudeurs tenteront difficilement de mettre à mal des équipes de sprinters usées sur des routes toutes plates entre Mourenx et Libourne. L’avant-dernier jour sera l’occasion d’un nouveau contre-la-montre individuel entre Libourne et Saint-Emilion pour une ultime explication.
Enfin le 18 juillet, le peloton paradera au départ de Chatou en direction des Champs-Elysées pour, sans doute, un dernier sprint royal. Avec six étapes de haute montagne, trois accidentées, huit de plaine et deux contre-la-montre individuels, ce Tour de France 2021 revient à ses classiques tout en n’abandonnant pas l’idée de dénicher de belles trouvailles et de privilégier de grosses étapes de montagne. Rendez-vous dans huit mois pour savoir si cette Grande Boucle alléchante sur le papier confirmera les attentes sur le terrain !
Crédits photo à la Une: ASO