Joakim Noah est désormais, officiellement, retraité. Retour sur une carrière atypique où s’entremêlent succès et échecs d’un joueur pas comme les autres, capable de toucher l’excellence comme de déchanter. Dossier.
Son agent Bill Duffy l’avait annoncé il y a quelques mois, Joakim Noah a officiellement pris sa retraite à l’âge de 36 ans cette semaine, après treize années passées sur les parquets américains. Le pivot français, sans club depuis cet hiver l’a ainsi annoncé sur les réseaux sociaux la semaine dernière: « It was a hell of a ride. Thank you to all those who show me love throughout my journey. »
Malgré un parcours universitaire exemplaire, une arrivée en NBA dans la douleur pour Joakim Noah
En juin 2007, Joakim Noah est sélectionné par les Chicago Bulls en 9e position de la Draft NBA. Même si son parcours universitaire s’est déroulé aux États-Unis, il est le premier joueur français à être sélectionné aussi haut (dans le Top 10). Passé par l’université des Gators de Floride, Noah est parvenu à se faire un nom auprès des recruteurs. Successivement double-champion universitaire en 2006 et 2007, le Français a été remarqué pour son amour du risque et son audace puisqu’il aurait pu se présenter à la Draft dès l’acquisition de son premier trophée universitaire.
Cependant, le pivot compétiteur a privilégié un « back to back » avec ses coéquipiers de l’époque, Al Horford et Corey Brewer, tous deux respectivement sélectionnés en 3e et 7e positions. Pourtant, l’arrivée de Joakim Noah en NBA n’est pas convaincante. Lors de ses deux premières saisons, le Français tourne seulement à environ 6 points et 7 rebonds en moyenne pour environ 20 minutes de jeu par match.
Quand LeBron James et Joakim Noah s’embrouillaient en 2009 !
Tu vas nous manquer Jooks ! ❤️🔥pic.twitter.com/1StyCz8aND
— First Team (@FirstTeam101) March 1, 2021
De plus, son comportement impulsif ne correspond plus aux valeurs d’une ligue nord-américaine de plus en plus aseptisée. Joakim Noah est même suspendu à la suite d’une altercation avec l’assistant de son entraîneur ainsi qu’avec son coéquipier Ben Wallace. Le fils du tennisman Yannick Noah montre qu’il a du tempérament et souhaite déjà être un patron dans les vestiaires à seulement 22 ans, son heure viendra…
Une troisième saison NBA synonyme de maturité
Sur l’exercice 2009-2010, Joakim Noah monte en puissance dans tous les compartiments du jeu et s’étoffe physiquement. Cela se ressent d’un point de vue statistique avec près de 10 points et 11 rebonds pour 30 minutes de jeu par match. Le pivot est en confiance et enchaîne les performances à l’image de ses 28 doubles-doubles. Très solide défenseur, le franco-américain est un véritable protecteur de l’arceau et il est très difficile pour ses adversaires d’obtenir des rebonds offensifs.
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Noah devient le deuxième meilleur rebondeur de la ligue et il n’est pas loin de devenir un All-Star. En 2011, le joueur poursuit son ascension en NBA avec son nouvel entraîneur Tom Thibodeau qui le sublime autour d’un système de jeu très défensif. Malgré des rumeurs de transfert, Joakim Noah témoigne son dévouement pour Chicago en prolongeant la même année pour un contrat de 60 millions de dollars sur cinq ans.
Véritable boxeur sur le terrain par sa hargne, Noah est la pierre angulaire du jeu des Bulls et tous les ballons passent par lui. Formant un Big 4 avec Derrick Rose, Carlos Boozer et Luol Deng, Chicago parvient à finir à la première place de la Conférence Est. Les Bulls sont alors portés par le MVP de la saison, le meneur Derrick Rose qui s’entend à merveille avec Noah au point de se qualifier pour la finale de la Conférence Est, une première depuis l’ère Jordan. Toutefois l’équipe de l’Illinois est sèchement battue par l’exceptionnel Big 3 du Miami Heat. Malgré quelques blessures et des résultats en dents de scie, ses deux saisons suivantes sont également très convaincantes. Surnommé Raging Bull, Joakim Noah obtient sa première sélection au All-Star Game en 2013.
La saison 2013-2014, l’année de la consécration pour Noah
En 2013-2014, Joakim Noah réalise sa meilleure saison en carrière avec des statistiques de 12,6 points, 11,2 rebonds et 5,4 passes décisives par match. Jooks est le reflet du pivot NBA moderne, capable de délivrer des passes décisives et de quitter la raquette pour être plus influent dans le jeu. Le Français défend merveilleusement bien et ses performances surprennent tous les observateurs. Peu après sa deuxième sélection au All-Star Game, Noah réalise la performance surréaliste de réaliser un triple-double avec 23 points, 21 rebonds et 11 contres.
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Véritable socle du jeu, son coéquipier Carlos Boozer le compare même à Dennis Rodman, pivot iconique des Chicago Bulls dans les années 1990. Finalement, les Bulls finissent à la 4e place de la Conférence Est et Noah est récompensé individuellement. À la fin de la saison, en plus d’être 4e dans la course au MVP de la saison, il est nommé défenseur de l’année ainsi que dans le Cinq Majeur de la saison. Entre 2009 et 2014, Noah participe chaque année aux playoffs avec Chicago.
L’arrivée de Joakim Noah aux Knicks, ou le point de rupture
Après une année 2014 marquée par ses prouesses individuelles, le niveau de jeu de Noah tend à baisser jusqu’à le conduire vers la désillusion lorsqu’il signe aux Knicks de New York en 2016. Né à New York, Joakim Noah accompagne son coéquipier et ami Derrick Rose avec lequel il a connu tous les succès à Chicago. Ces deux signatures dirigées par le président des Knicks Phil Jackson sont synonymes de tremblement de terre pour la planète NBA.
Un contrat colossal sur 4 ans, pour un montant global de 72 millions de dollars
Ce changement d’équipe est une catastrophe pour Noah puisqu’en deux saisons, ce dernier ne participe qu’à une cinquantaine de matchs pour 5 points de moyenne. Son niveau de jeu est médiocre. Joakim Noah semble même dépassé en défense et voit son équipe couler match après match. En outre, les New York Knicks finissent dans les bas-fonds du classement de la Conférence Est et le pivot français est de nouveau rattrapé par des problèmes extra-sportifs.
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Il est suspendu par la NBA après un contrôle positif au cannabis. S’il essaie de se relancer en 2018-2019 du côté du Memphis, Noah est cette fois-ci barré par les blessures malgré quelques apparitions intéressantes sous le maillot des Grizzlies. En mars 2020, alors qu’il a disparu de la circulation, les Los Angeles Clippers l’engagent pour la bulle sanitaire des playoffs. Il ne participe qu’à cinq petits matchs pour des minutes qui s’apparentent à des miettes. Les Clippers ne le conservent pas dans l’effectif, ce qui a sans doute précipité sa retraite.
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Quel avenir pour l’une des plus grandes gueules du sport français ? Pour le moment, le joueur, fraichement retraité, ne s’est pas encore exprimé sur le sujet. Néanmoins, son amour pour le basket et le sport de manière générale ne devrait pas l’éloigner des parquets trop longtemps.