HEBDO NBA – En NBA, les statistiques servent de référentiel pour déterminer le niveau, la régularité et l’impact des joueurs. Ces statistiques en disent beaucoup sur le plan offensif mais quid de l’aspect défensif ? Focus sur cet aspect du jeu qui mérite d’être mis en lumière.
Statistiques et principes de défense en NBA
Les statistiques principales en NBA sont les moyennes de points, rebonds et passes décisives obtenues par les joueurs par match. Le rebond est plus ou moins censé correspondre à une statistique défensive illustrant la présence d’un joueur sous le panier et sa capacité à s’imposer dans la raquette. Or, cette explication est à relativiser: le rebond est de plus en plus souvent laissé aux stars des franchises NBA pour que ces derniers gonflent leurs statistiques au détriment des pivots (les joueurs les plus grands des équipes et qui s’imposent donc plus facilement au rebond). De plus, les rebonds ne sont pas toujours contestés par l’équipe adverse et peuvent donc être captés par n’importe quel joueur placé à l’endroit où le ballon retombe. En ce sens, le rebond peut parfois illustrer une prouesse défensive: c’est paradoxalement le cas des rebonds offensifs qui nécessitent que les joueurs aillent au contact des adversaires pour leur arracher la balle et récupérer la possession. Mais il peut donc aussi être totalement aléatoire et atterrir dans les mains du joueur placé par chance ou non au bon endroit au bon moment.
Les deux statistiques défensives les plus importantes et mises en avant sont l’interception et le contre. L’interception correspond à l’anticipation et la récupération de la balle durant une passe adverse ou simplement le fait qu’un joueur subtilise le ballon des mains d’un adversaire en plein dribble. Le contre correspond lui au blocage de la balle lorsqu’un adversaire réalise un tir. Parfois très spectaculaires, les contres peuvent susciter autant d’émoi auprès des fans qu’un gros dunk. Cependant, toutes ces statistiques ne peuvent pas parfaitement illustrer le niveau des joueurs en défense; cela s’explique par le fait que la défense en basket n’est, par définition, pas quantifiable.
Quelles sont les caractéristiques d’un bon défenseur en NBA ?
On l’a vu précédemment: cumuler des grosses lignes de statistiques en rebond, interception et contre ne fait pas forcément qu’un joueur est un excellent défenseur. Prenons l’exemple d’Hassan Whiteside, le pivot des Blazers de Portland qui, du haut de ses 2,13 mètres capte 14 rebonds et réalise 3,1 contres en moyenne par match. En dépit de ces statistiques, Whiteside est connu, encore plus depuis qu’il a signé à Portland, pour être un piètre défenseur face à ses adversaires notamment lorsqu’il est confronté à ses homologues: les pivots.
Ainsi, ce qui fait qu’un joueur NBA est un bon défenseur c’est avant tout son attitude et sa lecture du jeu, qui ne peuvent s’exprimer par des statistiques. Ce que l’on peut entendre par attitude c’est la hargne, l’agressivité ou encore le harcèlement de l’adversaire dont un joueur peut faire preuve. Le jeu sans ballon est en NBA aussi important voire plus important que le jeu sans ballon. Le comportement des bons défenseurs a pour vocation de déstabiliser les adversaires et c’est pourquoi le « trash talking » est une technique fréquemment utilisée et propre aux bons défenseurs. Elle s’apparente à une provocation verbale, parfois jugée comme un manque de fair-play, ayant pour objectif de faire sortir le joueur adverse de ses gonds afin que ce dernier rate ses tirs voire se fasse exclure en réagissant négativement au trash talking. Dès lors, outre l’usage peu ou prou intensif du trash talking, la principale caractéristique du bon défenseur NBA demeure une lecture du jeu clairvoyante, concourant à une utilisation et une occupation efficientes de l’espace, permettant compréhension et adaptation devant le système de jeu adverse.
Focus sur certains des meilleurs défenseurs de la NBA
Comme évoqué précédemment, la prééminence des statistiques offensives empêche fréquemment certains bons défenseurs d’acquérir la reconnaissance qu’ils méritent. Voici une petite liste non-exhaustive de joueurs qui excellent dans le sale boulot.
Draymond Green. L’ailier fort des Warriors de Golden State (notre photo) n’est pas étranger aux trois victoires du championnat NBA de San Francisco entre 2014 et 2018. Son « hustle » (sa hargne), sa combativité et son goût pour la provocation ont façonné – voire parfois terni – son image. Le niveau de jeu que Draymond a atteint en carrière, en dépit de son faible impact offensif, montre que le basket ne peut se résumer à mettre un ballon dans un panier et que la spécialisation défensive peut faire d’un joueur une superstar.
Marcus Smart et Patrick Beverley. On peut rassembler ces deux joueurs dans la mesure où ils évoluent à des postes relativement similaires (meneur et arrière) et qu’ils possèdent tous deux des statistiques que l’on pourrait qualifier de passables voire médiocres. Or, ils sont indispensables à leurs équipes respectives: les Celtics pour l’un et les Clippers pour l’autre. Leur importante dépense d’énergie à chaque match, leur excellente lecture du jeu ainsi que leur fréquent recours au trash talking facilitent grandement la tâche de leurs coéquipiers, notamment des attaquants. Ces deux joueurs montrent dès lors que faire le sale boulot et rester dans l’ombre demeure un mal nécessaire à la réussite collective et à la mise en lumière des scoreurs.
OG Anunoby. Le remplaçant de Kawhi Leonard (parti chez les Los Angeles Clippers cet été) au poste d’ailier titulaire à Toronto est l’un des principaux artisans de la deuxième place des Raptors au classement de la Conférence Est cette saison; une équipe qui a la particularité d’être homogène car composée de nombreux scoreurs (Pascal Siakam, Kyle Lowry, Fred VanVleet etc.) et de défenseurs de talent (à l’instar d’OG Anunoby). OG est ainsi ce genre de joueur qui ne laisse pas de répit à son adversaire, prônant une défense au contact, agressive, mais également très propre. En ce sens, nombreux sont les spécialistes NBA à prédire une grosse marge de progression pour l’ailier de 22 ans.
Mentions honorables: Rudy Gobert, Frank Ntilikina, Bam Adebayo, Robert Covington, Cam Reddish.
Crédits photo à la Une: Keith Allison