Contrairement aux équipes européennes, le modèle des franchises NBA revêt des objectifs très diversifiés qui vont bien au-delà de la simple réussite sportive. Au vu des enjeux économiques liés au rayonnement de l’image des franchises, le côté sportif travaille de concert avec le côté commercial dans un objectif primordial de rentabilité. Pour ce premier épisode des Dessous de la NBA, Au Stade explicite et interroge le rôle des coachs et general managers.
Ce premier article marque le point de départ d’une nouvelle série, « Les dessous de la NBA », proposée par Au Stade, visant à décortiquer et interroger le fonctionnement des franchises NBA.
Franchise NBA: une organisation pointue au service de la réussite sportive
La NBA, élite du basket mondial, est composée d’équipes possédant une direction sportive importante et dûment garnie en nombre d’employés. Entre le coach en chef, les nombreux assistants de l’entraîneur, le general manager et tous les autres employés plus ou moins dans l’ombre: la direction sportive des franchises NBA est un investissement à la hauteur des aspirations sportives et commerciales. En somme, les staffs concentrent davantage de moyens humains et techniques que certaines des plus grandes équipes de football en Europe.
Parmi cette masse d’employés et d’informations, on pourrait penser qu’il puisse être des cas de désordre voire de chaos administratif et communicationnel au sein de certaines franchises. Or, la réussite même d’une équipe repose en grande partie sur la division des tâches et la communication entre tous les employés d’une franchise. Les postes sont tous interdépendants et hiérarchisés de manière à ce que l’information circule correctement et arrive toujours aux oreilles des principaux postes décisionnaires comme celui de l’entraîneur en chef ou du general manager. De ce fait, une franchise NBA peut être comparée à une entreprise: la division des activités entre plusieurs pôles distinctifs (sportif, commercial, organisationnel…) illustre d’ailleurs la volonté d’optimiser au maximum l’organisation de la franchise dans un objectif d’efficacité et de rentabilité. Nous allons, pour initier cette série, nous attaquer à la direction sportive des franchises NBA en expliquant en profondeur le travail des coaches et general managers.
Le coach NBA, entre risques et responsabilités
Le statut d’entraîneur est, en NBA, sans aucun doute l’un des rôles les plus importants si ce n’est le plus important dans le cadre de la réussite sportive d’une franchise. Dans le même temps, ce rôle peut paraître quelque peu ingrat. Dans une ligue où ce sont les joueurs qui créent le spectacle et font vibrer les fans, les entraîneurs sont très volontiers oubliés en temps de succès. Mais, à l’inverse, ce sont les premiers ciblés lorsqu’une équipe traverse une mauvaise passe.
Pour situer le rôle de l’entraîneur et estimer sa capacité d’influence au sein de sa franchise, il faut avant tout rappeler qu’il n’a qu’une très faible influence sur la stratégie de recrutement de sa franchise. En effet, avec des employés et postes spécialisés dans ce domaine, il n’est pas du ressort de l’entraîneur de chercher à recruter et échanger des joueurs. Ce qui est avant tout demandé un coach, c’est de créer une symbiose, un collectif avec les joueurs et personnalités dont il dispose.
Gérer l’humain
C’est à cette capacité que l’on distingue les bons entraîneurs des mauvais. La connaissance stratégique, couplée au Q.I. basket, peut être insignifiante si elle n’est pas mise en évidence par des joueurs qui se connaissent et jouent bien collectivement. C’est pourquoi l’entraîneur est, encore davantage que le franchise player d’une équipe, la véritable figure de proue d’un effectif. Le charisme est une qualité nettement plus importante pour un entraîneur, dans le basket et la NBA, que dans n’importe quel autre sport. L’aura et le charisme du célèbre coach Gregg Popovich est connu de tous. A l’inverse, le manque de clairvoyance et de tact de David Fizdale envers ses joueurs est à l’origine de son limogeage du poste d’entraîneur des Knicks de New York en décembre dernier.
Dans le sillage de ce rapport entre l’entraîneur et les joueurs, le coach doit parfois revêtir le costume d’un psychologue. Dans une NBA plus concurrentielle que jamais, les joueurs sont quémandeurs de toujours plus de temps de jeu. C’est pourquoi l’entraîneur, qui ne doit pas perdre son objectif de réussite collective, doit savoir gérer les egos, caprices et requêtes de ses joueurs. Le rapport humain est donc central dans le travail d’un entraîneur NBA. Que ce soit avec ses joueurs, ses assistants ou la direction, le coach doit être en mesure de concilier les intérêts et de tirer le meilleur pour l’équipe.
Le general manager, un rôle clé dans une franchise NBA
Dans un championnat où le succès d’une équipe peut changer du tout au tout d’une année sur l’autre, le recrutement et l’échange de joueurs représentent un pan incontournable et extrêmement important pour toute franchise concourant au titre final. C’est sur le marché des transferts que le general manager exerce ses prérogatives: il occupe une place d’importance extrême et doit donc fournir un travail à la hauteur des exigences d’une franchise NBA. Les entraîneurs et general managers sont donc en quelque sorte tous sur un siège éjectable, à l’exception de légendes comme Gregg Popovich ou Danny Ainge.
Un general manager dispose de nombreux assistants, ressources statistiques et humaines pour mettre en œuvre sa politique de recrutement et d’échange. Si son travail est régulier durant les 365 jours d’une année, il est davantage sollicité à l’occasion de deux événements: la Draft et la période d’échange durant l’intersaison. A l’occasion de la Draft, les équipes sélectionnent chacune à leur tour, du plus mauvais au meilleur bilan (avec un tirage au sort qui détermine l’ordre des choix pour les 15 plus mauvaises équipes), les jeunes joueurs les plus prometteurs du monde, permettant à toutes les franchises d’avoir une chance de se renouveler et d’accueillir de nouveaux joueurs et possibles futures stars.
Un travail minutieux illustré lors de la Draft
Si c’est le hasard qui décide quel choix est attribué à chaque franchise, les general managers ont comme possibilité et mission d’échanger ces choix de Draft avant et après la sélection du joueur en question. Ainsi, chaque édition nécessite un travail de scouting (repérage) en amont afin de tirer le meilleur pour sa franchise. Ces choix de Draft sont aussi amenés à être échangés contre des joueurs durant la période d’échange de l’intersaison. Selon le niveau des joueurs draftés chaque année, un choix a une valeur changeante selon les saisons NBA. A titre des exemples, le choix numéro un de l’édition 2020 est Zion Williamson. Ainsi, l’efficacité d’un general manager repose essentiellement sur sa capacité à anticiper, dénicher des talents et surtout devancer ses homologues des franchises concurrentes.
Le travail de GM est minutieux. Il faut connaître parfaitement le CBA (les règles de la ligue à propos des contrats, échanges etc.) et anticiper l’évolution du salary cap, c’est-à-dire le salaire total maximum qu’une franchise peut allouer à ses joueurs. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’en terme de gestion, les équipes ne sont clairement pas logées à la même enseigne: le travail de GM nécessite une expérience du milieu, un flair hors du commun et un soupçon de chance, que seuls certains possèdent.
Crédits photo à la Une: Keith Allison