Pour son deuxième et dernier match de Ligue des Nations disputé lors de ce rassemblement de septembre, l’équipe de France nous a laissé un sentiment assez ambivalent. Après leur victoire peu resplendissante en Suède (0-1), les coéquipiers d’Antoine Griezmann ont glané un second succès face à la Croatie (4-2) au terme d’une performance très inégale.
Le score et la manière sont les mêmes, mais la joie d’après-match forcément moins intense. Un peu plus de deux ans après son succès en finale de Coupe du Monde face à cette même équipe croate, l’équipe de France a réédité pareille performance pour cette deuxième journée de Ligue des Nations disputée dans un Stade de France à huis-clos. Comme à Moscou il y a deux ans, les Croates pourront se demander si les dieux du football leur seront un jour favorables lorsque la sélection de Didier Deschamps se dresse sur leur chemin.
Dominateurs dans l’entre-jeu, maîtres du ballon et bien plus inspirés dans les 30 derniers mètres, les coéquipiers d’Ivan Perisic auront encore réalisé une première mi-temps bien plus convaincante que les Français. Mais comme en finale de Coupe du monde, les Croates sont rentrés au vestiaire à la pause… menés au score (2-1). La faute au réalisme déterminant des hommes de Didier Deschamps et à des coups de pouce du destin parfois cruels.
Pragmatisme et réalisme
Alors que l’équipe de France était menée au score depuis la sublime demi-volée de Dejan Lovren consécutive à une phase de domination intense des Croates (0-1, 17e), les Bleus, à la peine physiquement et comme absents des duels, sont sortis seulement deux fois de leur boîte, sur deux actions qui ont tout aussi bien démontré leur talent offensif que mis en exergue le gâchis qu’a constitué cette première demi-heure de jeu à oublier. En ce sens, les bookmakeurs et autres sites de paris sportifs ne s’y trompaient pas: en proposant une cote à 1.65 pour la victoire des Bleus (contre une cote de 5.50 pour celle des Croates), nombreux étaient les observateurs avertis à avoir misé sur un revirement de situation à la faveur des locaux. Et force est de constater que ce fut bel et bien le cas, les protégés de Didier Deschamps inversant la tendance avant la pause.
Antoine Griezmann se trouvait d’abord à la conclusion d’un magnifique mouvement impliquant Ferland Mendy, Anthony Martial et Wissam Ben Yedder (1-1, 43e). L’attaquant du FC Barcelone inscrit là son 31e but en sélection (pour 80 capes), égalant ainsi Zinédine Zidane dans la hiérarchie des meilleurs buteurs français en sélection. Dans la foulée, les Bleus poussaient une seconde fois la défense croate à la faute sur un centre de Ben Yedder repris par Martial et poussé malencontreusement par le gardien Livakovic dans ses propres filets (2-1, 45e+1).
Pour les Bleus, une seconde mi-temps davantage aboutie
Après deux coups du sort aussi favorables au terme d’une première mi-temps à oublier, les Bleus nous ont offert un visage plus convaincant en seconde mi-temps. Malgré l’égalisation de Brekalo (2-2, 55e), les Français ont su remettre le pied sur le ballon et se créer davantage de situations dangereuses. Le défenseur central Dayot Upamecano inscrivait ainsi son premier but en sélection de la tête (3-2, 65e), avant qu’Olivier Giroud n’aggrave le score sur pénalty, pour son 40e but en sélection (4-2, 77e).
Même si le score et la manière nous rappelleront des bons souvenirs, la prestation de l’équipe de France ne rassure pas complètement. Encore en rodage en Suède et inquiétant en première période, le 3-5-2 mis en place par Didier Deschamps ne s’impose par encore de lui-même. Championne du monde dans un système en 4-2-3-1, l’équipe de France se cherche encore une identité alors que de grosses échéances l’attendent cette année, entre la confrontation en Ligue des Nations face à l’impressionnant Portugal de Cristiano Ronaldo et l’Euro 2021 en juin prochain (où la France retrouvera le Portugal mais aussi l’Allemagne en phase de poules). Malgré tout, même si la manière a manqué, le talent reste là.
Eduardo Camavinga laisse présager d’un avenir radieux
L’entrée en jeu bluffante du très jeune milieu rennais de 17 ans Eduardo Camavinga (63e) montre que l’équipe de France dispose encore de très jeunes pépites qui lui permettent de regarder l’avenir avec confiance – d’autant plus que Kylian Mbappé manquait à l’appel pour ce match. Les campagnes internationales post-titre de champions du monde ne sont jamais les plus aisées et l’équipe de France assume plutôt bien ce statut en s’imposant souvent, même si le fond de jeu ne suit pas toujours. Il ne reste plus qu’à Didier Deschamps de trouver la bonne formule pour faire cohabiter sereinement tout ce beau monde.
Crédits photo à la Une: Soccer.ru – Антон Зайцев