La Ligue 1 reprend ses droits ce vendredi soir. Après plus d’un mois de préparation, les vingt clubs engagés dans l’élite du football français vont retrouver la compétition. Si le championnat de France pourrait perdre en attractivité en cas de départ de la star Brésilienne Neymar, la Ligue 1 deviendra dès la saison prochaine très lucrative dans le sillage d’une revalorisation des droits TV. La lutte pour le maintien n’en sera que plus acharnée, rester dans l’élite la saison prochaine pouvant être synonyme d’un gain de plusieurs dizaines de millions d’euros. Niveau suspense, par contre, on repassera. Le titre de Champion de France devrait difficilement échapper au Paris SG. L’armada parisienne semble une nouvelle fois outillée pour marcher sans trop de difficulté sur la concurrence nationale, le gros de son travail concernant la scène européenne et la Ligue des Champions. Malgré tout, les enjeux entourant la Ligue 1 restent nombreux. Ils concerneront comme à l’accoutumée les places européennes et la course au maintien. Tour d’horizon avant le coup d’envoi des hostilités.
DERRIÈRE LE PSG, ON FAIT COMMENT ?
Si l’équipe de Thomas Tuchel semble inaccessible, une demi-douzaine de formations est susceptible de se disputer les places européennes, et en particulier une place sur le podium garantissant une présence en Ligue des Champions.
Alors que le mercato est déjà bien avancé, il est possible d’établir une liste de ces clubs susceptibles de matcher pour ces strapontins : Marseille, Lyon, Monaco, Lille, Saint-Étienne. L’OM aura à cœur de se reprendre après un dernier exercice terminé à la sixième place. Le club Phocéen a brillé durant sa préparation en remportant l’EA Ligue 1 Games aux États-Unis. Le nouvel entraîneur, Andre Villas-Boas, aimerait frapper un grand coup pour son arrivée en Ligue 1. Mais malgré ces bons résultats préliminaires, l’effectif de l’OM reste encore juste. Les départs d’Ocampos, Njie et de Balotelli laisseront un trou, d’autant plus que Thauvin pourrait lui aussi quitter la Cannebière pour le championnat espagnol. Seuls Alvaro Gonzales en défense et Dario Benedetto devant sont arrivés. Cela semble léger pour un club dont les finances sont désormais scrutées avec attention par l’UEFA dans le cadre du fair-play financier. Mais Andre Villas-Boas a déjà réalisé des miracles à Porto et Tottenham. Alors pourquoi ne pas y croire ?
L’OL reste un candidat sérieux chaque saison au podium. Le club semble cette année encore armé pour faire au moins aussi bien que la saison passée (troisième place). Les arrivées de Sylvinho sur le banc et de Juninho à la direction sportive devraient permettre de rafraîchir le mode de fonctionnement du club. Néanmoins, l’héritage de Génésio, parti entraîner en Chine depuis, pourrait être lourd à porter. L’entraîneur français a réussi à pérenniser la place des Gones sur le podium, et le duo de Brésiliens se voit dans l’obligation de faire au moins aussi bien. Si l’OL voudra confirmer son bon parcours en C1 la saison passée (élimination par le Barça en huitièmes de finale), sa priorité restera la L1. Néanmoins, l’effectif des Gones a été amputé de nombreux éléments majeurs (Ndombélé, Fékir, Mendy). Une saignée qui inquiète les supporters, alors que les arrivées de Tatarusanu au poste de gardien et de Thiago Mendes au milieu n’ont que très relativement répondu à ces doutes. Le mercato de l’OL a donc pris du retard à l’allumage. Un contre-temps qui s’est répercuté sur la préparation tronquée des Gones malgré un succès de prestige face à Arsenal dans le cadre de l’Emirates Cup. L’arrivée d’un milieu défensif et d’un joueur offensif de couloir devrait animer la fin de mercato des Gones.
Enfin, Monaco, Lille et Saint-Étienne feront eux figure d’outsiders. Le club de la Principauté aura à cœur d’oublier sa saison dernière passée à lutter pour son maintien (17e place au final) et essaiera de capitaliser sur son mercato qui a démarré dès cet hiver (arrivée de Fabregas, Gelson Martins, Ballo-Touré). A noter que l’ASM pourrait recruter un attaquant (les noms de Dzeko et Ben Yedder circulent) en cas de départ de Falcao. Engagé en Ligue Europa, Saint-Étienne fera toujours figure d’équipe à craindre, mais l’enchaînement des matchs et le départ de son virtuose Rémy Cabella (remplacé par Ryad Boudebouz) laissent tout de même planer quelques doutes. De son côté, le Losc devra se remettre de sa folle saison passée pour essayer d’enchaîner. Si la perspective de la Ligue des Champions excite le club, les départs de Leao et Pepe amenuisent le potentiel d’une équipe qui a apporté une vague de fraîcheur inespérée à la Ligue 1 la saison passée. Reste à savoir si les Dogues ont réussi leur mercato, qui a encore pris des accents forts juvéniles cet été (voir par ailleurs).
Notre baromètre podium
Paris SG *****
Lyon, Monaco ****
Marseille, Lille ***
Saint-Étienne **
Rennes *
LA LUTTE POUR LE MAINTIEN SERA ACHARNÉE
Comme écrit précédemment, la revalorisation des droits TV ajoutera du piquant et de la pression dans la lutte pour la survie. Au coup d’envoi de cette nouvelle saison, les clubs concernés par cette lutte sont déjà identifiables, même si quelques surprises peuvent toujours se produire. Les promus Reims et Nîmes s’étaient par exemple évité toute sueur froide en accrochant une place dans la première partie de tableau la saison dernière, alors que Monaco avait dû lutter jusqu’aux ultimes journées pour enfin sauver sa peau. Si Nîmes s’est affaibli durant l’intersaison (départs pas tous compensés de Savanier, Ferri, Thioub, Alioui, Lybohy), Reims devrait encore s’éviter une fin de saison galère, son effectif étant resté stable. Certaines grosses écuries comme Bordeaux ou Nantes pourraient un temps flirter avec la zone de relégation, même s’il paraît peu probable des les y retrouver en fin d’exercice. Dans la catégorie des habitués, Angers essaiera de profiter de sa culture du maintien et d’un mercato plutôt cohérent pour éviter de se faire peur. Strasbourg semble de son côté hors de cause, même si une éventuelle participation à la prochaine Ligue Europa pourrait vite fatiguer les organismes.
La véritable lutte, celle de tous les instants, devrait concerner (à quelques exceptions près), les clubs suivants : Dijon, Brest, Amiens, Nîmes, Metz et Toulouse. A noter que les deux derniers clubs cités possèdent peut-être davantage de garanties que leurs concurrents directs. Les Messins devraient surfer sur la vague de leur titre de champion de Ligue 2 et présentent un effectif équilibré et joueur, tandis que les Toulousains profiteront de la fraîcheur apportée par ses jeunes U19 finalistes de la dernière Coupe Gambardella. Pour Dijon, Brest, Amiens et Nîmes, la lutte s’annonce féroce. Les Dijonnais, qui se sont sauvés au crépuscule du dernier exercice par le biais des barrages (face à Lens), débutent la saison dans l’inconnue. Leur entraîneur, Stéphane Jobard, débutera sa carrière de numéro 1 sur un banc de touche dans un contexte difficile, alors que son effectif risque d’être déplumé d’éléments importants (Saïd déjà, Sliti peut-être prochainement). Amiens enchaînera une troisième saison en Ligue 1. Une série déjà inespérée par rapport aux attentes nées du retour dans l’élite en juin 2017. Le club picard donnera sa chance à Luka Elsner, technicien venu de Belgique et inconnu en France. Malgré le retour de Gaël Kakuta au milieu de terrain, l’effectif picard ne s’est pas véritablement renouvelé cet été et manque de profondeur. Les signes de fébrilité observés en cours de saison dernière pourraient cette fois être sanctionnés par une relégation. Enfin, le promu Brestois essaiera de capitaliser sur la relative stabilité d’un effectif soudé par la montée, ainsi que sur son prolifique duo d’attaquant Charbonnier-Autret auteur de 36 buts la saison passée en Ligue 2. Les arrivées de Baal, Perraud et Bain en défense, ainsi que celle de Grandsir montrent qu’Olivier d’all Oglio, le nouveau technicien arrivé cet été, s’appuiera avant tout sur la jeunesse pour réussir l’opération maintien. Une stratégie sans véritable garantie.
Notre baromètre maintien
Strasbourg *****
Reims, Angers ****
Toulouse, Metz ***
Nîmes **
Brest, Dijon, Amiens *
NOS CURIOSITÉS DE LA SAISON
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Des têtes nouvelles sur les bancs
Sylvinho à Lyon, Andre Villas-Boas à Marseille, Luka Elsner à Amiens et Stéphane Jobard à Dijon. Ces noms ne vous disent sûrement rien. Pourtant ces techniciens fraîchement débarqués dans l’Hexagone devraient faire parler d’eux cette saison. Sylvinho aura la lourde tâche de pérenniser la place de l’OL sur le podium pour sa première en tant qu’entraîneur principal. Révélé par ses passages à Porto et Tottenham, le coach de l’OM essaiera lui faire du neuf avec du vieux pour ramener le club olympien en Ligue des Champions et satisfaire l’exigeant public phocéen. Luka Elsner devra assumer son statut de plus jeune technicien de Ligue 1 (37 ans) et vite entrer dans le bain de la course au maintien avec des moyens limités. Enfin, après avoir beaucoup bourlingué en tant qu’adjoint, Stéphane Jobard se voit offrir l’opportunité de se montrer sur le banc du DFCO. Une juste récompense pour un technicien qui a tout connu en Bourgogne.
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Les ressources du LOSC
En perdant Nicolas Pepe et Rafael Leao avant la reprise du championnat, le LOSC a-t-il dit adieu à ses ambitions européennes cette saison ? Le club Nordiste, qui sera engagé en phase de poules de la Ligue des Champions, veut croire que non. Pour ce faire, sa cellule de recrutement s’est affairée en restant dans les objectifs du club: recruter des jeunes à fort potentiel pour ensuite réaliser d’importantes plus-values. Ainsi, les très jeunes Timothy Weah (19 ans, ex-PSG), Yusuf Yacizi (22 ans, ex-Trabzonspor) ou Victor Osimhen (19 ans, ex-Charleroi) ont débarqué cet été dans le Nord avec l’espoir de les voir éclore comme Pepe ou Leao l’ont fait avant eux.
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Le changement de dimension imminent de l’OGC Nice
Si l’officialisation de la reprise en main de l’OGC Nice par Jim Ratcliffe, patron d’Ineos et également propriétaire de l’équipe cycliste éponyme, ne devrait intervenir que le 15 août, c’est bien à un changement de dimension que le club azuréen se prépare. L’homme d’affaires britannique, le plus riche de Grande-Bretagne (dont la fortune est estimée à plus de 20 milliards de dollars), voulait investir dans le football et a donc décidé de miser gros sur l’OGC Nice. Une fois la vente officialisée par la DNCG, il restera quinze jours au club azuréen pour se renforcer. Un délai très court alors que le secteur offensif niçois est plus que dépeuplé depuis le départ d’Allan Saint-Maximin. Pour les grandes ambitions (« s’imposer comme la meilleure équipe française derrière le PSG » selon Ratcliffe) et les arrivées de grands noms du football, les supporters niçois devront attendre les prochains mercatos.
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Koscielny est-il le leader que Bordeaux espère ?
L’arrivée de Laurent Koscielny est un peu l’arbre qui cache la misère à Bordeaux. Le club Girondin mène depuis quelques saisons une politique sportive illisible. Mais l’arrivée de l’ancien international Français en défense, où il sera associé à l’ancien Rennais Mexer, semble faire figure d’exception. Titulaire en équipe de France jusqu’à sa grave blessure contractée avant la Coupe du Monde 2018, le défenseur sera attendu au tournant. Sur le terrain d’abord, où l’équipe entraînée par Paulo Sousa manque de tauliers, et en coulisses aussi. Le joueur de 33 ans devra apporter son expérience à un effectif très jeune et essayer de tirer ce dernier vers le haut. L’ancien défenseur d’Arsenal sera-t-il à la hauteur de cette tâche herculéenne ?
Crédits photo à la Une: PAULMAXWELL