L’AS Saint-Étienne a connu un début de saison très contrasté avec d’abord une grosse crise et désormais une phase qui s’apparente à un renouveau. Remontés au classement, les Verts affichent plus d’optimisme et un meilleur visage. Aujourd’hui, nous allons revenir sur les trois derniers mois dans le Forez, voir ce qui a changé sous Puel et nous demander quelle sera la suite de la saison stéphanoise.
Faux départ
La saison des Verts a commencé… à la fin de la saison dernière. Quatrièmes de Ligue 1 avec 66 points, ils avaient décroché leur place pour une nouvelle campagne d’Europa League. Sauf que, premier tournant, leur guide Jean-Louis Gasset prit la décision de quitter le club pour des raisons personnelles. La question de son successeur était donc primordiale pour savoir de quoi l’avenir serait fait. Et après des négociations, c’est finalement son binôme (ils avaient déjà effectué une mission sauvetage à Montpellier en 2017) Ghislain Printant qui fut nommé. Une nouvelle expérience pour lui même s’il avait déjà assuré l’intérim de Claude Makélélé à Bastia de novembre 2014 à janvier 2016. Cette fois, il est proprement le n°1 et non un n°2 devenu n°1 par la force des choses. On avait donc misé sur une certaine continuité et sur un mercato très actif : Trauco, Moukoudi, Boudebouz, Bouanga, Cabaye, Youssouf, Palencia, Aholou ou le retour de Kolodziejczak.
Sauf que pour des raisons diverses, il ne s’agit pas ici de mettre toute la faute sur Printant, ça n’a pas marché. Après 8 journées de Ligue 1, Saint Étienne était 19e avec seulement 8 points et 2 victoires. Rien ne marchait : 2 points glanés sur 9 à domicile, lourdes défaites à Angers et Lille, flou autour de Ruffier, coach dont la confiance et la crédibilité sont entamées… Malgré la victoire à Nîmes et le nul contre Wolsfburg, arriva ce qui devait arriver : Printant est démis de ses fonctions à quelques jours du Derby contre Lyon. Et pour le remplacer l’équipe dirigeante se tourne vers un grand nom du football français à savoir Claude Puel. Après 15 ans passés en France (Lille, Lyon puis Nice) l’ancien milieu de terrain sortait de 3 ans en Angleterre. Une bonne pioche? Toujours est-il que son arrivée a eu un impact : 4 victoires en 5 matchs de Ligue 1 et une remontée à la 4e place du classement à seulement 1 point de la deuxième place. Mais alors comment ce renversement de situation s’est-il déroulé, qu’est ce qui a changé, est-ce durable ? Autant de points que nous allons désormais aborder.
Les Verts relancés, pas métamorphosés
On l’a vu, l’ASSE va clairement mieux d’un point de vue comptable depuis l’arrivée de Puel. Tout a commencé par un match qui a forcément fait office de déclic et favorisé la suite des événements : la victoire dans le Derby. À la suite d’une prestation plutôt morne, les Verts ont fait la différence contre l’ennemi juré à la dernière seconde, de quoi rugir à nouveau et fédérer. Avec ça, Puel a pu poser les bases de son discours plus facilement, et oui, la victoire résout tout. Au sein de ce déclic, la titularisation de Charles Abi est un choix fort qui montre qu’un vent nouveau vent souffle à Sainté. Le jeune avant-centre de 19 ans (!) avait déjà obtenu quelques minutes sur des bouts de match mais cette fois, dans le grand Derby et en pleine crise, il est titularisé. Au delà de ce symbole, Puel impose sa patte tactique en faisant passer l’équipe d’un 4-2-3-1 à un 5-2-3. Le plan est modulable en fonction des disponibilités mais on peut résumer l’idée ainsi : un axe central solide Saliba – Perrin–Fofana derrière la doublette M’Vila–Youssouf, des pistons sur les ailes (Palencia, Debuchy, Trauco ou même Bouanga) et les leaders techniques Boudebouz–Khazri accompagnés par un 3e homme (Hamouma, Beric ou Abi). De vrais changements qui ont porté leurs fruits, du point de vue des résultats tout du moins.
En effet, si l’on constate de réels changements d’attitude et de volonté tactique, c’est loin d’être parfait. Quand on regarde les matchs on voit même que ce renouveau est presque relatif. Tout d’abord, il y a eu cette victoire contre Lyon. Alors oui «un Derby ça se gagne» mais on n’y a pas vu de quoi déborder d’enthousiasme pour la suite. Ensuite, Sainté est allé prendre 3 points à Bordeaux… en s’imposant sur un pénalty à la 94e à la suite d’un match dominé par des bordelais séduisants et malchanceux. Puis il y a eu un match fou à domicile contre Amiens (2-2) où on peut dire que les Verts sont heureux de prendre 1 point (sur un but gag), car Amiens méritait mieux. Enfin, dimanche dernier l’ASSE est venu à bout de Monaco (1-0) dans un triste match. Les Verts se sont finalement montrés plus convaincant sur la pelouse de Nantes (victoire 3-2). Malgré tout, parmi les 13 points obtenus en 5 matchs il y en a donc 4 arrachés dans le temps additionnel et 4 autres «bien payés». En terme de jeu et de création cela reste pauvre à Sainté. Cette impression visuelle est confirmée par les stats : selon les xG l’ASSE «devrait» prendre 1.08pts par match et elle en prend 1.50, elle surperforme. Le renouveau est donc surtout dans les têtes et au classement, dans le jeu et les certitudes tout reste encore à faire.
C’est quoi la suite ?
Le petit état de grâce actuel ne va donc pas durer éternellement, la réussite ne sera pas toujours là et il est possible qu’une période moins facile arrive. De plus William Saliba s’est blessé et ne reviendra pas avant 2020 ce qui est une énorme perte pour le 5-3-2 de Puel. Le positif pour les Verts, c’est que les points pris ne sont plus à prendre. De plus l’indulgence est de mise vu la situation dans laquelle ils étaient et il est normal de voir l’équipe se chercher après seulement 6 matchs. Enclencher une spirale positive était primordial et quelque part, ces victoires glanées difficilement valent beaucoup plus que les points qu’elles ont rapporté. Remettre le groupe dans le positif, apporter un nouveau discours, prendre des gros points : en cela les débuts de Puel sont une réussite, peu importe le niveau de jeu proposé. Mais maintenant la phase 2 commence, il va falloir faire mieux pour être plus sereins et prendre des points grâce à des certitudes. Et bonne nouvelle pour Saint Étienne : il y a de quoi progresser et le club n’est plus dans l’urgence. En effet, l’effectif est vraiment de bonne qualité et assez profond. Un gardien plus que confirmé, une pépite en défense et au milieu, de la qualité sur les côtés et des leaders techniques au dessus de la moyenne, notamment. Le hic est peut être qu’il leur manque un véritable n°9 capable de bonifier les bonnes séquences et de les sortir des mauvaises situations. Khazri ne remplit que partiellement ce rôle, Beric manque de régularité et Charles Abi est encore (beaucoup) trop jeune. Mais forts de leurs récents succès et avec une trêve internationale qui va permettre de réaliser certains réglages, les Verts vont avoir du temps et l’atmosphère adéquate pour progresser.
Ainsi, on peut dire que le renouveau de l’ASSE est un peu trompeur. Sans dénigrer le travail effectué, il est clair que l’équipe a besoin de mieux jouer pour s’assurer un avenir meilleur. Mais les Verts ont un effectif au dessus du niveau de la Ligue 1, le podium est en vue, Puel est un coach de qualité qui a prouvé ailleurs et sait s’insérer dans le long terme, et ils ont désormais du temps devant eux. C’est pourquoi, malgré les réserves sur ce que propose Sainté actuellement, il ne faut pas être inquiet. Leur situation s’est régularisée d’un point de vue comptable et tous les voyants sont au vert pour qu’elle s’améliore sur le terrain. De quoi assurer un top 6 en fin de saison ? Affaire à suivre…
Crédits photo à la Une: Ville de Saint-Étienne