Entre 2016 et 2017, les clubs de Pro A auraient embauché plus de non-sportifs (commerciaux, communicants, administrateurs…) que de sportifs (coachs et joueurs). Alors que la Pro A semble rester indéfiniment dans l’ombre de la NBA, Au Stade s’est penché sur l’américanisation du basket français.
Des budgets en constante augmentation
En 8 ans, les budgets des clubs de Pro A ont augmenté de 100 à 150%. La moyenne d’un budget d’un club de Pro A en 2016 était de 4,5 millions d’euros, contre 400 millions de moyenne pour les clubs de NBA. Cyrille Muller, président de la DNCCGCP (le gendarme financier du basket tricolore), l’indique dans son rapport annuel 2016, expliquant par la même occasion que la santé financière des clubs français est jugée comme saine: « Sur les 18 clubs, deux tiers finissent l’année en excédent« . Côté recettes, les clubs génèrent en moyenne 4.9 millions d’euros de chiffre d’affaires sur le secteur des produits d’exploitation, dont 4% de droits TV – soit 3,6 millions d’euros répartis sur 18 clubs, bien loin des 2,6 milliards de dollars accordés à la NBA en 2016.
En moyenne, les budgets des clubs de l’Hexagone s’articulent principalement autour des recettes de matchs (14%), des subventions de collectivités (21%), et du sponsoring (52%). Les recettes de billetterie et le sponsoring tendent à illustrer cette américanisation. Dès lors, comment les clubs arrivent-ils à attirer un certain public ? Comment parviennent-ils à lever des fonds privés ?
Basket spectacle les soirs de matchs ?
Le rapport du Conseil Supérieur de Gestion de la DNCCGCP indique par exemple que les clubs de Pro A font preuve de leur capacité à remplir les gymnases: « L’affluence moyenne par match de la saison 2016-2017 est en hausse de 1% par rapport à la saison précédente. Le taux de remplissage moyen est en hausse, s’établissant à 79% cette saison, contre 76% la saison dernière« . Les recettes de matchs et la fréquentation des salles auraient ainsi augmenté respectivement de 0,3% et 1,8%. « Cet indicateur confirme ainsi la capacité des clubs de Pro A à générer toujours autant de recettes liées aux soirs de matchs« . On est encore très loin du basket spectacle américain, qui réussit à attirer, en plus des passionnés, les non-avertis. Mais il semble qu’une tendance soit bien-là.
Au secours sponsoring
Depuis la saison 2004-2005, les clubs ont développé fortement cette ressource financière (80% d’augmentation sur la période 2004-2017). Son poids relatif mais tout de même conséquent (52%) a néanmoins été stable sur cette même période. En moyenne, un club de Pro A a généré sur l’exercice 2016-2017 2,7 millions d’euros de sponsoring. Si les clubs continuent d’attirer les fonds publics, la présence d’investisseurs privés est toutefois en augmentation. Ils permettent de développer des actions nouvelles vers le public. Et de sortir le basket professionnel de la perfusion des fonds publics. Voir l’arrivée d’Amazon dans les sponsors de la Ligue nationale de basket, depuis juillet 2017, renforce cette idée; les clubs peuvent ainsi mieux vendre leurs produits dérivés en ligne et d’améliorer leur visibilité.
Sportifs vs administratifs ?
Les charges dues au personnel représentent en moyenne 55% des charges d’exploitation des clubs de Pro A en 2016/17. La masse salariale moyenne des joueurs et coachs a quant à elle baissé par rapport à la saison précédente. Et les clubs sont de plus en plus tournés vers une hausse de la masse salariale de « l’extra-sportif« , où l’on dénombre les administrateurs, communicants, et commerciaux. « Le ratio masse salariale sportifs/masse salariale totale se place à 81%, qui confirme une légère tendance à la baisse depuis la saison 2014-2015″, explique le rapport de la DNCCGCP. Plus précisément, il y est pointé l’augmentation quantitative des postes non-sportifs: « Comme lors de la saison 2015-2016, les clubs ont privilégié l’augmentation de cette population ». Tendance de moyen terme ou simple événement conjoncturel ?
Le basket français de plus en plus tourné vers les paris
En forte progression en France depuis 2010 et la légalisation du marché des paris sportifs en ligne, les divers sites spécialisés sur le secteur des jeux d’argent sur internet ne cessent de voir leurs chiffres d’affaires augmenter d’année en année. Même si certaines disparités quant à la santé économique des bookmakers demeurent, la tendance du paris sportif perdure en France. En l’espace de 8 ans, 12 agréments de l’ARJEL (Autorité de régulation des jeux en ligne) ont été octroyé à des sites de paris sportifs, offrant donc la possibilité aux suiveurs de sport de parier légalement sur 12 plateformes différentes.
Dans la jungle des jeux d’argent sur le web – dans laquelle le site casinoonlinefrancais.fr orientent les parieurs -, le site Betclic s’affiche aux côtés de la Ligue nationale de basketball. Partenaire de la LNB, la société pionnière des paris sportifs en ligne dans l’Hexagone profite ainsi de l’essor du basket français pour tenter de conserver son hégémonie sur le marché, mise à mal par d’autres concurrents de poids – nommés Unibet ou encore Winamax. Avec le football, le tennis et le rugby, le basket (et donc la Pro A) s’avance désormais comme un sport majeur aux yeux des parieurs. Alors que les paris sur la NBA aux États-Unis y sont vus comme une véritable institution, la progression des paris sur le basket français tend à renforcer l’idée d’une certaine américanisation du basket tricolore.
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