L’actualité internationale est actuellement marquée par des mouvements de révolte, transnationaux, suite au meurtre de George Floyd, un Afro-Américain de 46 ans, par la police de Minneapolis aux États-Unis la semaine passée. Dans ce sillage, le monde du football doit se concerter et tendre vers un même but: prendre des mesures concrètes pour éradiquer le racisme de ses terrains.
Si on en croit les recherches du think tank américain Brookings Institution, les adolescents noirs sont, au XXIe siècle, 21 fois plus susceptibles que les blancs d’être tués par des policiers. Les violences policières affectant des individus racisés, ou plus globalement le racisme, sont ainsi des faits généralisés à l’ensemble des sociétés occidentales contemporaines. Or, le monde du football n’échappe pas à la règle. Pourtant, force est de constater que malgré de nombreux signes de solidarité de la part des clubs, joueurs et acteurs institutionnels, aucune mesure concrète n’a été décrétée pour lutter concrètement contre le racisme.
Le monde du football en lutte contre le racisme ?
Lors de la rencontre de Bundesliga entre Schalke 04 et Werder Breme, le milieu de terrain américain Weston McKennie a arboré le brassard « Justice for George ». Dans ce sillage, pour la célébration de leurs buts, les deux joueurs du Borussia Dortmund, Achraf Hakimi et Jadon Sancho, ont retiré leurs maillots pour laisser apparaître le même message, engagé. De son coté, le jeune défenseur français Marcus Thuram s’est agenouillé en marquant un but lors du match du Borussia Monchengladbach contre l’Union de Berlin, en hommage à la lutte contre le racisme.
Ailleurs également, des actions symboliques ont été entreprises. Par exemple, les joueurs de Liverpool se sont agenouillés au milieu d’un terrain lors d’une séance d’entraînement, alors que, dans le même temps, on ne compte plus les messages anti-racistes partagés par clubs et joueurs sur les réseaux sociaux.
Le racisme gangrène le football
Cependant, ces actions cachent-elles un engagement profond ou seulement superficiel ? Langage de communication oblige, les acteurs du monde du football restent dans le symbole et non dans le concret, ne voulant pas heurter une partie de leurs fans, peu sensible voire opposée à ces mouvements de contestation. Pis, le football a démontré à quelques reprises qu’il n’a pas été à la hauteur de cette lutte.
Dans plusieurs pays, notamment en Europe, lorsqu’un joueur noir reçoit le ballon, il doit souvent supporter les cris de singe des fans rivaux, voire de ses propres supporteurs. Il y a quelques saisons, des supporteurs avaient même jeté une banane sur Dani Alves, alors joueur du FC Barcelone. Dans certains cas, les arbitres décident d’arrêter le jeu pendant un moment, afin que les speakers du stade ou les capitaines des équipes à domicile demandent aux supporteurs de se calmer.
Le football doit donner l’exemple
Les joueurs ont, au cours des deux dernières années, commencé à contester le racisme qu’ils doivent endurer simplement parce qu’ils sont footballeurs noirs: le plaidoyer éloquent de Raheem Sterling sur le sujet ou la volonté de Romelu Lukaku de dénoncer les stéréotypes médiatiques, vont en ce sens. Cependant, à la vue de l’actualité, le monde du football tend à désormais faire front commun pour dénoncer le racisme: les joueurs n’ont plus peur, pour certains, de faire face à la controverse et d’adopter une communication peu consensuelle.
Ainsi, fédérations internationales, clubs et les ligues doivent désormais s’engager à prendre des mesures qui apportent des changements concrets. Les clubs doivent mieux faire pour éduquer leurs joueurs et leurs fans. Dans le même temps, les ligues doivent durcir les sanctions qu’elles infligent aux contrevenants. Le monde de l’amende de 83 000$ infligée à la fédération bulgare pour acte de racisme lors d’un match contre l’Angleterre devrait être bien plus élevé, décuplé. Et les clubs dont les joueurs ou les supporters adoptent un comportement raciste devraient faire face à des déductions de points ou à des éliminations de compétitions. Des organisations comme la FIFA et l’UEFA doivent faire plus, beaucoup, beaucoup plus. Car il est une chose d’arborer fièrement le hashtag #BlackLivesMatter sur les réseaux sociaux: il en est une autre de prendre des mesures concrètes. Le football doit se réveiller et montrer l’exemple.
Crédits photo à la Une: Антон Зайцев – Soccer.ru