Ce lundi dans une lettre ouverte, le président de l’Olympique Lyonnais, Jean-Michel Aulas, a une nouvelle fois demandé aux autorités françaises de faire marche arrière quant à leur décision de mettre fin prématurément à la saison de football.
Il y a trois semaines, la saison 2019-2020 de Ligue 1 a été officiellement arrêtée alors même qu’il restait dix rencontres à disputer au calendrier. Ainsi, le Paris Saint-Germain a été désigné champion de France devant l’Olympique de Marseille, deuxième. De son côté, l’OL doit se contenter d’une septième place, synonyme de non-qualification pour les coupes d’Europe. Dans une lettre adressée ce lundi 25 mai au Premier ministre Édouard Philippe et à la ministre des Sports Roxana Maracineanu, Jean-Michel Aulas a de nouveau réclamé justice, affirmant que l’arrêt hâtif de la saison de Ligue 1 aura des conséquences catastrophiques pour les clubs et le football français.
Jean-Michel Aulas, un constat acerbe
La lettre du président lyonnais revient longuement sur la période du 21 avril au 1er mai: après avoir rappelé la chronologie des faits qui ont conduit à la décision d’arrêter la Ligue 1, évoquant la déclaration du Premier ministre et les propositions de l’UEFA, Aulas tire ses propres conclusions: « Selon la LFP, la L1 a été arrêtée par décision du gouvernement. Contrairement aux propositions de l’UEFA, la LFP n’a pas souhaité attendre de prendre une décision alors qu’elle disposait de près d’un mois pour étudier l’évolution de la pandémie et des conditions sanitaires, ainsi que pour définir un protocole sanitaire pour reprendre la compétition, comme nos voisins européens ont pu le faire« .
Pour Jean-Michel Aulas, alors que l’UEFA avait bâti différents scénarios pour la reprise des championnats nationaux européens, la LFP n’a pas souhaité sonder ni envisager la possibilité de mettre en place ces derniers. Aulas insiste, dans le même temps, sur le fait qu’une certaine amélioration des conditions sanitaires a permis une reprise progressive de certains secteurs d’activité depuis le 11 mai.
Aulas pointe du doigt l’État
Dans la deuxième partie de sa lettre ouverte, Jean-Michel Aulas tente de mettre en lumières les balbutiements institutionnels depuis le 1er mai: « Selon le ministère des sports, la Ligue 1 a été arrêtée sur la base d’informations fournies par certains dirigeants français. Mais, cette information ne respecte pas les recommandations de l’UEFA: il n’y avait pas de date limite pour mettre fin au championnat, contrairement à ce qui a été dit et répété par les dirigeants aux plus hautes autorités« , déclare le président lyonnais.
Dans sa lettre, Jean-Michel Aulas évoque également sur les décisions des autres grands championnats européens (dont certains ont repris ou vont reprendre) et les risques financiers pour les clubs de Ligue 1, affaiblis par le verdict pris par la Ligue de football professionnel: « La Bundesliga a repris ses matches le 16 mai, la Liga va reprendre le 8 juin. L’Italie, la Russie et le Portugal ont repris les entraînements collectifs et l’Angleterre travaille à une reprise après le 19 juin […]. L’Etat devra assumer la responsabilité du déficit des clubs Français, entre 700 et 900 millions d’euros« .
« Un complot »
Le quotidien L’Équipe a affirmé ces dernières semaines, dans ses colonnes, que certains présidents de clubs favorisés par l’annulation du championnat ont fait pression sur le gouvernement pour arrêter la saison 2019-2020. Jean-Michel Aulas, non content de ce lobbying, avait même demandé à connaitre les noms de ces dirigeants. « Comment pouvez-vous dégrader la France très rapidement et voir votre football professionnel dévalué ?« , se lamente Aulas. « Une fin de saison définitive conduirait tout le football français à une crise économique et sociale sans précédent. » Sur les 55 ligues nationales membres de l’UEFA, plus de 20 ont d’ores et déjà décidé de reprendre le cours de leurs saisons respectives et seulement 7 ont décidé de s’arrêter pour de bon.
Les recommandations d’Aulas
Dans la dernière partie de sa lettre, Aulas s’adresse à Edouard Philippe et Roxana Maracineanu: « Monsieur le Premier ministre, Madame la ministre des Sports, le 2 juin permettra d’organiser l’homogénéisation des décisions liées à la pratique collective du culte, des courses de chevaux ou des prochaines élections municipales« . Jean-Michel Aulas, estime ainsi que l’erreur liée à l’arrêt définitif et précoce du football professionnel et amateur en France peut être corrigée ce 2 juin. Pour cela, il propose de suivre des protocoles sanitaires strictes comme cela se fait dans d’autres championnats, notamment en Bundesliga. Le but étant de mettre en place une reprise progressive des entrainements, pour ainsi relancer la saison 2019-2020 en juillet et en août.
Crédits photo à la Une: Xavoun