INTERVIEW EXCLUSIVE – L’attaquant du Racing Club de Lens, récemment promu en Ligue 1, est revenu pour Au Stade sur la saison des Sang et Or, tout en affichant ses objectifs pour l’année prochaine. Confinement, Marco Verratti ou le derby du Nord: Gaëtan Robail se confie sur ses attentes.
Au Stade: Tout d’abord, en cette période si singulière, comment allez-vous ? On vous imagine heureux après l’officialisation de la montée du RC Lens en Ligue 1…
Gaëtan Robail: Ça va très bien malgré cette période un peu compliquée, mais c’est bientôt la fin. Ça va encore mieux avec l’accession que l’on a acquise malgré les événements, même si on aurait voulu l’avoir sur le terrain, mais bon c’est comme ça. Cela redonne du sourire pendant quelques jours mais comme on n’a pas pu fêter la montée tous ensemble, c’est un peu spécial. Je n’ai pas vraiment vécu de jours tristes durant le confinement même si le football manque beaucoup. On suit les informations et on attend.
Le championnat s’est officiellement arrêté au bout de 28 journées en Ligue 1 et en Ligue 2. En ligue 2, 4 équipes se tenaient en 4 points pour la montée, est-ce que des clubs comme Lorient et Lens méritaient le plus l’accession en Ligue 1 ?
Je pense oui. Ces deux équipes là méritent. Après des clubs comme Ajaccio ou Troyes avaient une carte à jouer. Maintenant nous on y peut rien, c’est la LFP qui choisit. On a fait le boulot avant et de toute façon, ce ne sont pas les joueurs qui décident de l’avenir de la saison. Honnêtement, dans ces conditions, je n’étais pas favorable à une reprise. Mais il est certain que si nous étions quatrièmes, à deux points de l’accession en Ligue 1, nous aurions été très déçus et en colère.
Le club avait des ambitions. »
Gaëtan Robail
Dans le patrimoine du football français, le Racing est un club historique. Avez-vous une pression supplémentaire quand vous enfilez ce maillot ?
Une pression non, après c’est sûr que le public lensois est assez exigeant. C’est le 12e homme assurément. Nous avons joué notre dernière rencontre contre Orléans sans eux, et c’était bien plus compliqué. Cela booste quand ils sont là. C’est une fierté de porter ce maillot. Tout joueur rêverait de jouer à Lens devant 35000 personnes à chaque match. C’est un club historique en France. La place du Racing Club de Lens est en Ligue 1. Nous avons réussi à remonter le club et nous allons tout faire pour le maintenir le plus longtemps possible en Ligue 1.
Vous êtes arrivé à Lens l’été dernier, avez-vous immédiatement senti le potentiel de l’effectif lensois ? Était-il finalement le plus préparé pour monter en Ligue 1 ?
Rien qu’avec les joueurs lensois de la saison dernière et les ajustements durant le mercato estival, le club avait des ambitions. J’ai tout de suite senti qu’il y a avait beaucoup de niveau. Entre les titulaires et les remplaçants, il n’y avait que peu d’écart. C’était différent des années précédentes. On est une vraie équipe, quand quelqu’un avait la tête sous l’eau, nous étions tous là pour le soutenir. Des meneurs d’hommes comme Yannick (Cahuzac, ndlr) ou encore Jean-Louis (Leca, ndlr) ont également apporté un plus, ce sont de véritables meneurs d’hommes, ils ont ça dans le sang. C’est tous ensemble que nous avons réussi à faire remonter le club.
A titre personnel, vous terminez la saison à 7 buts, comment analysez-vous cette première année sous les couleurs lensoises ?
Un peu compliqué au début, le temps de s’adapter au jeu et au système que le coach voulait mettre en place. Il fallait avoir ses marques et trouver des relations avec de nouveaux joueurs. Je suis à 5 passes décisives aussi. Mon objectif initial c’était 10 buts et 10 passes décisives, donc j’étais dans le bons sens de la marche pour l’atteindre. Si la saison s’était terminée, j’étais bien en jambes pour le réaliser, mais l’objectif principal restait la montée. Les statistiques passent au second plan. Cette année, peu importe qui marquait ou faisait la passe, nous visions uniquement la Ligue 1.
Il n’y a pas un buteur qui se détache à Lens, à l’instar de Kadewere au Havre, est-ce là aussi la force des Sang et Or ?
Les journalistes ont toujours reproché à Lens de ne pas avoir de buteurs comme Kadewere ou Grbic à Clermont. Peu importe les joueurs sur le terrain, que ce soit Simon Banza ou Florian Sotoca en attaque, il y a avait toujours des joueurs pour conclure les actions. C’est aussi pour cela qu’il n’y a pas de buteurs à 15 ou 16 buts cette saison.
Marco Verratti m’a beaucoup impressionné. »
Gaëtan Robail
Vous êtes né à Saint-Pol sur Ternoise (Pas-de-Calais), vous vous êtes révélé à Valenciennes, maintenant vous montez avec Lens en Ligue 1. Le Nord vous réussit bien ?
C’est ma région de naissance donc tant mieux ! Quand j’étais amateur et que je jouais contre des clubs du Nord-Pas-de-Calais, il y avait beaucoup d’engagement dans les duels. On se devait de mouiller le maillot à chaque match. C’est une valeur fondamentale des clubs du Nord.
Vous allez découvrir la Ligue 1 avec Lens la saison prochaine, vous paraissez épanoui dans ce club. Avez-vous trouvé de la stabilité dans votre carrière ?
Lens est mon club formateur. C’est à côté de chez moi donc c’était mon rêve d’y jouer. Il faut qu’on maintienne le club en Ligue 1 pour parler de stabilité. Nous ne voulons pas faire l’ascenseur. Il faut maintenir Lens, là où est sa place. Je ne suis pas quelqu’un qui se met en avant, je pense à l’équipe avant tout.
N’est-ce pas ce caractère plutôt humble qui vous a permis de vous fait adopter si rapidement par le public lensois ?
Peut-être, je ne sais pas (rires). Je ne pense pas qu’ils ne s’arrêtent qu’à cela.
On vous a vu jouer dans l’axe, sur un côté, avez-vous un poste préférentiel ou cultivez-vous cette polyvalence ?
Je suis plutôt excentré même si j’ai été formé dans l’axe en tant que numéro 9 donc j’ai quand même des repères. Les joueurs polyvalents, il en faut dans chaque équipe. Si je dois jouer dans l’axe ou sur un côté, je me plierai aux exigences de l’entraineur.
Vous vous êtes imposés très rapidement comme un cadre de l’équipe, l’objectif sera de le rester la saison prochaine ?
C’est l’objectif de tout joueur d’être indiscutable dans son équipe, de pouvoir jouer tous les matchs. Je ferai tout pour devenir indiscutable la saison prochaine en Ligue 1. La concurrence ne me fait pas peur. Ça booste un joueur d’avoir quelqu’un qui est là, à se battre pour un même poste. Même si le joueur est plus fort que moi, cela me poussera à travailler plus pour devenir meilleur.
Vous avez joué avec la réserve du Paris Saint-Germain, vous êtes apparu deux fois dans le groupe professionnel sous Unai Emery. Qu’avez-vous appris des joueurs du club de la capitale ?
Ce sont de grands joueurs c’est certain. Hors du terrain, ils aimaient déconner comme tout le monde. Par contre, dès qu’ils commençaient l’entrainement c’étaient des autres hommes, plus concentrés et appliqués. Je pense avoir beaucoup amélioré la technique, que ce soit par le dribble ou la passe. Avec le coach de la réserve, on faisait énormément de conservation avec ballon au sol. Il fallait être très propre techniquement.
Pourquoi pas jouer plus tard dans le championnat anglais ou espagnol. »
Gaëtan Robail
Globalement, qu’est-ce que vous retenez de votre aventure au PSG ?
J’ai beaucoup appris lorsque j’allais m’entrainer chez les pros pendant une semaine ou deux. J’avais l’impression en un mois d’entrainement d’avoir fait une saison en CFA ! Les efforts étaient doublés, tout comme le travail. J’ai acquis beaucoup d’expérience, c’est l’année qui m’a fait mûrir je pense.
Un joueur du club vous a marqué dans le groupe professionnel du Paris Saint-Germain ?
Tous avaient cette envie de gagner, mais Marco Verratti m’a beaucoup impressionné. Dans les taureaux il donnait le maximum car il n’aimait pas aller au milieu. Il taclait beaucoup.
Le fait de ne pas avoir réussi à vous imposer au PSG vous laisse-t-il sur votre faim ?
Un goût d’inachevé, non. C’est l’année où Monaco est champion, je n’avais pas beaucoup d’expérience donc le coach n’a pas voulu me faire jouer. J’étais déjà âgé par rapport à certains jeunes du club. C’est la raison pour laquelle j’ai demandé à être prêté la saison suivante. Peut-être que si j’étais resté au club, avec la préparation estivale, j’aurais eu un peu de temps de jeu.
Lens va retrouver la Ligue 1, 5 ans après, le club est-il déjà condamné à jouer le maintien ?
Quand on monte en Ligue 1, l’objectif est de se maintenir le plus rapidement possible. La place du Racing Club de Lens est dans le Top 10, peut-être un peu en dessous. Je pense que le maintien reste l’objectif prioritaire. Il va falloir se battre jusqu’à la fin, mais le contexte fait que l’on va surement jouer à huis-clos. Jouer dans le stade Bollaert sans public est difficile. Il faut se maintenir rapidement, puis on verra ce qu’il se passera après.
Les Hauts-de-France auront deux clubs dans l’élite, le LOSC et le Racing Club de Lens. Le retour d’un derby historique. Vous allez évidemment cocher cette date dans le calendrier ?
C’est le derby du Nord, le plus important. Nous aurons hâte de jouer ce match, mais il y aura aussi d’autres rencontres très importantes comme le PSG, l’OM, Lyon ou Saint-Étienne. Beaucoup de gros matchs à jouer. Par rapport aux précédents derbys, le LOSC n’est plus au même niveau. Après, cela reste un match, on fera donc tout pour le gagner. Il ne suffira pas de remporter les deux duels face à Lille pour se maintenir. Ce sera un match à ne pas perdre, en vue du maintien et pour les supporters.
Comment vous voyez votre avenir ?
Pour l’instant mon avenir s’écrit au Racing Club de Lens. J’ai encore trois ans de contrat. Après on verra bien comment cela se passe dans trois ans. Pourquoi pas jouer plus tard dans le championnat anglais ou espagnol.
Crédits photo à la Une: RCLENS.FR – Laurent Sanson