Des conditions météo dantesques ont transformé l’édition 2015 de Gand-Wevelgem en une course éprouvante et dangereuse. La classique habituellement favorable aux sprinters n’a épargné que les coureurs les plus coriaces, et les plus chanceux. Bien que récente, cette édition remportée par un coureur expérimenté de 38 ans, Luca Paolini, est déjà une course de légende dont on se souviendra longtemps.
Un Gand-Wevelgem 2015 apocalyptique
L’édition 2015 de Gand-Wevelgem fut une course épique en raison de sa météo apocalyptique. Au programme, vent avec rafales à 90 km/h, pluie, routes humides et très glissantes. Jürgen Roelandts a même dit après coup qu’il était parfois difficile de rester sur la chaussée. Avant même le départ de la course, l’inquiétude était de mise: la course s’annonçait difficile, mais surtout dangereuse. Fait qui n’est pas anodin: devant le nombre de chutes et d’abandons, plusieurs directeurs sportifs ont lancé des appels à la neutralisation de la course.
Ce fut le cas par exemple de Rik Verbrugghe, le directeur sportif de IAM Cycling. En vain. Certains n’ont pas attendu une possible neutralisation de la course pour prendre leurs précautions, comme Bradley Wiggins. Ce dernier abandonne à la mi-course et monte simplement dans l’une des voitures de son équipe. Il faut dire que le coureur de la Sky avait le Paris-Roubaix en vue et n’a donc pas voulu prendre de risques inconsidérés.
Gand-Wevelgem 2015: une course sculptée par la météo
Et les risques étaient bien réels. En témoigne le classement final avec 39 arrivants sur 200 partants et une faible vitesse moyenne de 37.6 km/h. Parmi la multitude d’abandons, tous n’ont pas eu la chance d’avoir eu lieu à temps et on compte nombre de mauvaises chutes. Gert Steegmans d’abord doit aller à l’hôpital et Martin Velits se fracture ensuite la clavicule.
Mais la météo va également dicter une bonne partie du scénario de course.
Le peloton est éclaté en trois à 150 km de l’arrivée suite à une chute collective. Ensuite, à la mi-course, des bordures se forment sous l’action d’un fort vent de côté. Le peloton vole à nouveau en éclats. Ce fait sera déterminant pour l’issue finale de la course car les favoris y perdent beaucoup. La bordure piège en effet Greg Van Avermaet et André Greipel, séparés désormais du groupe de tête. Ils parviendront certes à recoller, mais au prix d’un effort titanesque qui les affaiblit en vue du final.
Pas de course de légende sans acte de bravoure
L’auteur de la prestation la plus héroïque est Jürgen Roelandts, auteur d’une échappée solitaire de 55 km. C’est pourtant Maarten Tjallingii qui lance les hostilités un peu avant la première ascension du Mont Kemmel alors que tous les favoris sont dans le groupe de tête. Le groupe manque de cohésion; les leaders ne s’entendent pas. Il en profite et franchit le sommet avec une trentaine de secondes d’avance. Cependant Roelandts le rattrape dans la descente… et le sème !
L’avance de Jürgen Roelandts culminera à deux minutes. Victime de crampes et à bout, il cède de plus en plus de terrain avant d’être repris à 18 km de Wevelgem.
Un autre acte de bravoure est celui du vainqueur de 38 ans: Luca Paolini. Il souffre, il est au bord de la rupture dans la seconde ascension du Mont Kemmel, véritable juge de paix, mais il s’accroche. À 6 km de l’arrivée, il est encore dans un groupe de tête composé de sept hommes. Ses concurrents, notamment Geraint Thomas et Niki Terpstra, se jaugent et se regardent. Autrement dit, ils se neutralisent l’un et l’autre; Paolini en profite pour attaquer 4 km avant la ligne. Il termine seul après 6 h 21 min de calvaire. Terpstra et Thomas terminent respectivement deuxième et troisième à 11 secondes.
a victoire de Paolini est une surprise, tant Thomas semblait le plus fort dans le final – Terpstra semblait également en jambes. Mais Paolini a su tirer parti des erreurs de ses adversaires. Comme il l’a déclaré lui même, sa victoire est « celle du cœur, du courage, mais aussi de l’intelligence« . Gand-Wevelgem 2015, une course de légende à n’en pas douter.
Crédits photo à la Une: Ciclismo Italia
