Il y a d’abord eu le retour sur terre de manière imagée, avec sa surprenante défaite en huitièmes de finale du dernier US Open face à l’étonnant John Millman. Après une année 2017 exceptionnelle, et une année 2018 satisfaisante avec une victoire à l’Open d’Australie pour commencer, avant deux défaites frustrantes à Wimbledon et à l’US Open, Roger Federer a déjà l’esprit tourné vers 2019, preuve s’il en fallait une que l’idée de prendre la retraite ne lui traverse absolument pas l’esprit. Et 2019 pourrait donc aussi être le retour sur terre de Roger, mais de manière concrète cette fois, après avoir fait l’impasse sur tous les tournois se disputant sur terre battue depuis 2 ans.
Une longue absence et de nombreuses déceptions
Âgé de 37 ans, le Suisse à la longévité exceptionnelle et aux vingt titres du Grand Chelem à son actif, considéré par certains comme le plus grand sportif de tous les temps suite à son improbable comeback de 2017 après deux années noires et une lente descente au classement général, avait décidé en mars 2017 de ne pas s’aligner de l’été sur terre battue, et ce, dans le but de ne pas trop en demander à son corps sur cette surface où l’endurance est la clé. En 2018, rebelote, et les supporters des tournois de Barcelone, de Rome, de Monte-Carlo et bien sûr de Roland-Garros n’ont pas eu le bonheur de voir le grand champion faire parler de sa magie tennistique sur les terrains ocres.
Il faut dire que la terre battue n’aura jamais été sa tasse de thé, la faute avant tout à un seul homme, l’espagnol Rafael Nadal qui, lui, est le maître incontesté de la surface, grâce à un physique exceptionnel, à des glissades parfaites et à une endurance phénoménale, en plus d’un niveau de tennis parfait. Ainsi, les deux Masters 1000 manquant au palmarès légendaire du Suisse se déroulent tous deux sur terre battue. Le tournoi de Monte-Carlo, malgré quatre finales disputées, et celui de Rome, malgré là-aussi quatre chances en finale, se sont toujours refusés à lui. Et 5 fois sur ses 8 échecs en finale, son bourreau se nommait Rafael Nadal, les autres étant Stan Wawrinka, Novak Djokovic et l’oublié Felix Mantilla en 2003.
L’appétit vient en mangeant
Seulement voilà, dans une interview récente, le maître du tennis a laissé entendre qu’il pourrait retenter sa chance l’année prochaine, et se frotter de nouveau à Nadal et consorts sur terre battue. Peut-être le retour gagnant de Novak Djokovic, premier joueur de l’histoire à compter tous les Masters 1000 à son palmarès après sa victoire à Cincinnati en août dernier, lui a donné envie de retourner sur terre pour tenter lui-aussi de remporter les deux Masters 1000 lui manquant pour rejoindre Djokovic dans ce cercle plus que fermé. Il manque également deux Masters 1000 à Nadal et Murray pour espérer égaler le Serbe.
Mais est-ce que son retour à Roland-Garros serait vraiment une bonne idée, alors qu’il est déjà apparu un peu en difficulté en cette fin de saison après un très bon hiver et printemps ? Sa quête des records en Masters 1000 pourrait lui coûter des Grands Chelems, alors que tous les spécialistes du tennis s’accordent à dire que ses chances de remporter une seconde fois Roland-Garros sont quasi-nulles, même si Rafael Nadal n’était pas là. Cependant, s’il prenait sa décision dès à présent, il pourrait entamer sa préparation en conséquence, afin d’être affuté physiquement pour la saison sur terre battue,lui qui déjà ne fait pas plus d’une dizaine de tournois à l’année, laissant les ATP 500 à la jeune génération.
Pour l’instant, rien n’a été confirmé et cette hésitation de Roger Federer quant à l’année prochaine se révèlera peut-être sans suite. Mais après la magie de sa renaissance à l’Open d’Australie 2017, le Suisse a su nous prouver qu’il n’était pas le meilleur joueur de tennis de tous les temps pour rien, et un comeback victorieux sur terre battue, 3 ans après son dernier match, n’est absolument pas à exclure.
Crédits photo à la Une: Fred Romero