En dominant sa sœur Venus 6-4, 6-4 en finale, Serena Williams s’est adjugée son septième Open d’Australie et surtout effacé Steffi Graf avec 23 titres majeurs (record de l’ère Open) des tablettes. Le triomphe de la famille Williams est absolu.
Serena Williams réécrit l’histoire. Au terme d’une finale épique, lors de ses retrouvailles avec Vénus sa sœur, l’Américaine a fait coup double, en s’adjugeant le record de victoires en grand chelem de l’ère open avec ce 23ème sacre, soit un de plus que l’Allemande Steffi Graf. La cadette des Williams a maintenant dans le viseur le record de majeur absolu (24) toujours détenu par Margaret Court. En attendant, Serena Williams triomphe pour la septième fois de sa carrière à Melbourne Park grâce à un succès en deux petits sets 6-4 6-4, remportant ainsi sa septième finale en grand chelem sur les neuf jouées face à sa frangine, huit ans après leur dernier affrontement dans le centre court de Wimbledon. La nouvelle record-woman, peut également célébrer son retour au sommet du classement WTA, après avoir été évincée en Septembre dernier par Angelique Kerber.
Une championne hors-pairs
Un cycle qui se ferme, un ancien nouveau / qui s’ouvre. 19 ans après leur premier défi en majeur, toujours ici en Australie, les deux sœurs Williams qui ont dominé le circuit au début des années 2000 – seules Navratilova et Evert se sont à plusieurs reprises affrontées en grand chelem, 22 fois contre 14 – les deux Américaines donnent un nouveau sens à un vieil adage «l’âge est juste un nombre ». Dans une édition 2017 de l’Open d’Australie qui semble avoir fait remonter le temps d’au moins une décennie à la lumière aussi du très attendu Federer-Nadal de dimanche, ne peuvent passer inaperçus les 71 ans et 351 jours: L’âge combiné des deux joueuses sur le court ce samedi soir, une première dans un acte final d’un tournoi majeur.
Parce que les légendes ont la vie dure: les deux Williams ont certes vécu des moments délicats, en particulier en dehors du terrain, l’embolie pulmonaire pour Serena, le syndrome de Sjögren pour Venus. Si pour la première, cependant, la victoire est redevenue une normalité, à telle point que ses défaites faisaient plus parler. Pour la seconde en revanche, cette quinzième finale dans un majeur neuf ans après la dernière, ne peut être considérée que comme un vrai miracle sportif. Peu importe que les pronostiques d’avant match étaient tous favorables à sa plus jeune sœur, avec un face à face de 16-11 et surtout huit revers lors de ses neuf dernières sorties contre Serena. Tout le caractère de Vénus est pourtant ressorti du placard, en particulier dans le deuxième set, dans lequel elle a montré une sacrée force mental en revenant de 0-40 dans le troisième jeu, puis rendant la vie dure jusqu’au dénouement de la première manche à sa si ‘’particulière’’ rivale du soir : La nouvelle numéro une mondiale, servant pour le match, s’est même retrouvée menée 15-30 à l’issu du plus long échange du match, 24 coups, perdu la faute à un coup droit qui meurt dans le filet.
Mais Serena a soyons francs, montré une certaine sérénité. Tout en contrôle du début à la fin malgré une certaine amnésie mineure en début de partie, inévitablement dominée par l’émotion: Ce n’était pas un match comme les autres. Venus concède son service dès le premier jeu d’ouverture, trahie par son revers, Serena lui rend cependant la pareille en galvaudant une balle de 2-0 et commet même une double faute pour offrir sur un plateau le contre-break à sa sœur. La plus jeune des Williams semble plus nerveuse en cette entame de finale, sa raquette détruite dès le troisième jeu après un filet défavorable est la parfaite illustration de la frustration qui semble gagner Serena. Après l’avertissement inévitable, cependant, la six fois reine de Melbourne réagit au son de retours en coups droits qu’ils lui permettent de reprendre les devants 2-1. Mais Serena doit pourtant à nouveau subir l’énième réaction de Vénus, non sans l’avoir bien aidée (par ses 3 doubles fautes) et elle se retrouve même à devoir courir derrière le score. Effectivement, la numéro 17 mondiale rompt le charme et est la première des deux à maintenir le service regagnant sa chaise en menant 3-2 et mène même 0-30 sur le jeu de retour suivant. Dès lors Serena rugit, sort de son bunker et renverse tout sur son chemin jusqu’à s’octroyer avec autorité ce premier set: À 5-4, pour la première fois dans cette rencontre, elle s’adjuge la manche d’ouverture sur un jeu de service remporté blanc.
A jamais dans la légende
Libérée de la tension, la tête de série n ° 2, ajuste en outre la ligne de mire de ses armes, à partir du service: seulement 7 points lâchés sur les retours de Vénus (dont un sur une double faute), une maitrise du jeu plus intelligente et moins agitée, avec les fautes directes en perpétuelles diminutions, elle passe des 14 erreurs de la fraction initiale à 9 dans la seconde manche. Il ne s’agit pas, comme dit précédemment, d’une simple rampe de lancement vers le triomphe. Le coup de grâce décisif n’arrive seulement qu’à la moitié de la deuxième manche, la joie contenue peut enfin exploser après 1 heure et 21 minutes. Un succès grandiose qui vient récompenser deux semaines parfaites, avec un parcours sans fautes et pas le moindre set laissé en route nonobstant un tirage ô combien difficile. Et quelle meilleure façon que de célébrer la nouvelle reine, la femme de tous les records, que de la voir tomber dans les bras de sa sœur aînée? Serena récupère tout: Elle prend sa revanche sur le sort et efface sa finale perdue de 2016 qui annonçait une saison pas forcément en demi-teinte mais indigne de ses standards. Elle dépasse aussi Steffi Graf et reprend la place de numéro une mondiale. Mais surtout le cœur de tous les passionnés avec cet émouvant câlin «vintage» à Venus.
Crédits photo à la une: Edwin Martinez