En surclassant en finale Novak Djokovic 6-3 6-4, Andy Murray s’impose pour la toute première fois de sa carrière dans le tournoi des maîtres, et termine donc l’année sur la plus haute marche du podium. Pour le Serbe, la deuxième moitié de saison aura ressemblé à un chant de signe et les vacances vont certainement lui faire le plus grand bien.
Andy Murray est bel et bien le nouveau maître du tennis masculin, une affirmation qu’on aurait pensé être une nuance utopique il y a quelques mois seulement, mais qui, aujourd’hui, a été confirmée comme une certitude, avec la victoire sans appel du Britannique sur Novak Djokovic dans le dernier acte de l’ATP World Tour Finals 2016, qui se déroulait à Londres. C’est aussi la première fois de l’histoire que la finale du Masters attribuait la place de numéro un mondial. Un objectif surréaliste depuis de nombreuses années, qui devient aujourd’hui une réalité pour un Murray relégué durant plusieurs saisons, au statut de quatrième force du circuit derrière les Federer, Nadal et Djokovic. Andy devient le 17e joueur de l’ère open à terminer la saison ATP sur le trône du classement mondial, privant le Serbe de s’adjuger une sixième couronne dans le tournoi des maîtres et d’égaler ainsi Roger Federer au palmarès des joueurs les plus titrés dans ces Finals.
Le prodige de Dunblane parvient également à remporter le trophée après avoir réussi à effacer une balle de match en demi-finale, une nouveauté depuis un lointain 1998, quand Alex Corretja avait lui aussi sauvé trois balles de matches contre Pete Sampras, avant de dompter Carlos Moya dans le dernier acte. La saison 2016 du tennis masculin est donc archivée (il reste juste la finale de la Coupe Davis entre la Croatie et l’Argentine à jouer), mais l’imminent 2017 est plein de promesses, d’émotions voir de rebondissements : Entre le nouveau statut de Murray, le désir de vengeance d’un Djokovic apparu émoussé, le peu régulier mais toujours dangereux Wawrinka, sans oublier d’évoquer les retours de Federer et Nadal. Et qui sait, peut-être qu’un autre nouveau nom pourra également s’affirmer…
Pour ce dernier match de la saison, le Serbe rentrait sur le court fort d’un bilan largement favorable face à l’Écossais avec un 24-10 dans leur tête à tête, en plus d’avoir remporté trois des quatre matchs disputés cette année, la seule exception étant représentée par le succès d’Andy dans le Masters 1000 de Rome. Nole avait aussi pris le meilleur sur le nouveau numéro un mondial, à deux reprises dans deux finales de grand chelem jouées en 2016, soulevant les trophées de l’Open d’Australie et celui de Roland Garros face au Britannique. Le début de match est assez tendu pour les deux hommes, l’enjeu prenant le pas quelque peu sur le jeu. La pression est telle, que Murray commettait deux doubles fautes dans le jeu inaugural qu’il finira toutefois par remporter, bien aidé il est vrai par les grossières fautes directes de son adversaire. Après une entame un peu chaotique, le rendement des deux joueurs sur leurs mises en jeu se stabilise progressivement, Djokovic ne concède pas le moindre point à son rival du soir sur ses deux premiers jeux de service. De l’autre côté du filet, Andy varie grandement le rythme de ses coups et oblige le natif de Belgrade à subir la bataille en fond de court. À 3-2, le poulain de Marián Vajda et Boris Becker connait ses premières frayeurs, quand Andy se procure deux balles de break, toutes deux déjouées par Novak, au terme d’un jeu qui aura duré la beauté de 14 points, dans lequel le joueur des Balkans a notamment manqué un smash incroyable malgré un terrain tout ouvert. La sensation pourtant est que le break de Murray n’est plus qu’une question de minute. Une impression validée par l’énième passage à vide similaire à ceux qui ont caractérisés la période récente de Djokovic et Murray en profite pour s’échapper sans regarder en arrière. Andy fructifie la première occasion avant de conclure de la meilleure façon une première manche pas franchement passionnante.
Pour Djokovic, l’objectif est désormais 2017
L’intensité du sujet de sa gracieuse majesté ne montre aucun signe de diminution, même au début du deuxième set, Djokovic se retrouve d’entrée en danger, mené 15-40 sur sa mise en Jeu. Dos au mur, Nole sauve les deux premières opportunités de break grâce à sa classe, mais il finit toutefois par capituler sur la quatrième, laissant Murray s’échapper 2-0 sous les applaudissements du public. Le nouveau numéro un mondial conforte sa suprématie, au moment où son adversaire n’esquisse pas la moindre réaction, prélude d’une rencontre qui semble avoir définitivement choisi son camp.
Dans le cinquième jeu, le joueur local place un deuxième break face à un Djokovic impuissant, une rareté ces dernières saisons, tant le Serbe nous avait habitués à écraser tous ses concurrents. Autre statistique significative pour le vainqueur du French Open, pas la moindre balle de break obtenue en une heure et 20 minutes de jeu. Un témoignage mais surtout une preuve de toutes les difficultés rencontrées par l’ancien patron du tennis masculin, même dans son domaine de prédilection, le retour de service. Corrigé sévèrement 4-1, le Belgradois réagit enfin en réduisant de moitié son retard, avec la complicité et la distraction de son adversaire au moment de conclure. Ne menant plus que 4-3, l’Écossais n’a désormais plus le droit à l’erreur. La tension est palpable chez Murray, mais le Serbe, contrairement aux attentes, est incapable de trouver de la continuité dans ses frappes, commettant une montagne de fautes directes en revers, dans des zones du terrain plutôt inhabituelles pour lui. Le dernier tour de service d’Andy frise la crise de nerfs. Deux premiers points joués à la perfection, suivis par la réaction d’orgueil de Nole qui recolle à 30-A, deux balles de match s’évaporent suite à deux fantastiques retours de Djokovic, mais la troisième possibilité met fin définitivement aux débats, faisant lever une O2 Arena ivre de bonheur. Andy’s the boss !
Crédits photo à la une: Christopher Johnson