Arrivé il y a un peu plus d’un an au Bayern Munich, Carlo Ancelotti quitte déjà le club après un début de saison mitigé et surtout, une claque au Parc des Princes (0-3) reçue mercredi. La question s’est alors posée: l’entraîneur italien n’a-t-il pas été viré trop tôt ? Quoi qu’il en soit, c’est bel et bien un Français, Willy Sagnol, qui assurera l’intérim.
La stupeur de la semaine
C’est sans doute l’une des informations de la semaine sur la planète footballistique. En effet, un entraîneur démis de ses fonctions ne laisse jamais indifférent. Alors lorsqu’il s’agit de Carlo Ancelotti, l’annonce a tout pour faire l’effet d’une bombe. Finalement, la défaite du Parc des Princes aura été de trop pour celui qui a déjà entraîné dans les cinq grands championnats et pas dans n’importe quels clubs (Juventus, Milan AC, Real Madrid, Paris Saint-Germain), se construisant un palmarès monstrueux depuis le début des années 2000. Mais était-il fait pour le football allemand ? La question peut se poser, tant le jeu du Bayern n’a pas été flamboyant durant son passage en Bavière.
Il était temps pour le club de se remettre dans le droit chemin et de revenir aux bases de ses plus grands succès européens après avoir légué les clés du banc et du terrain à des entraineurs n’ayant pas forcément la philosophie munichoise dans les gènes ou du moins, ne l’ayant pas adoptée. On pense directement à Carlo Ancelotti mais également à Pep Guardiola qui n’a pas laissé une trace indélébile dans l’histoire du club malgré trois titres de champion et deux doublés en 2014 et 2016. Hélas, les dirigeants d’un tel club chargé d’histoire attendent surtout des résultats en Ligue des champions, chose que n’ont pas réussi à faire les deux précédents entraineurs du Bayern. Et après qu’ils aient tenté d’instaurer leur propre philosophie de jeu, il faut bien se rendre à l’évidence que le football allemand est à part et ne pourra pas être espagnolisé ou italianisé
Ancelotti, plus que des mauvais résultats
Uli Hoeness s’est senti obligé d’expliquer un peu plus en profondeur l’éviction de Carlo Ancelotti. En effet, il apparaissait surprenant de voir l’italien être écarté assez tôt malgré un début de saison mitigé mais pas totalement raté. Et si l’on pouvait penser que l’exigence d’un tel poste dans un tel club avait eu raison de l’ancien entraîneur du PSG, le président du club bavarois a émis une autre explication en déclarant que « Ancelotti avait cinq joueurs contre lui » et pas des moindres selon Sport1: Mats Hummels, Franck Ribéry, Arjen Robben, Jérôme Boateng et Thomas Müller, en d’autres termes des cadres du vestiaire du Bayern Munich, 37 ans d’expérience au club à eux cinq. Autant dire qu’à partir du moment où l’entraîneur italien s’est mis à dos ces cinq joueurs, il avait mis un pied en dehors du club. Et plus que la claque face au PSG, Ancelotti aurait peut-être mis en scène son départ qu’il savait presque acté en ne dévoilant, toujours selon Sport1, son onze que quelques minutes avant le début de la rencontre, envoyant par exemple Boateng en tribune sans lui donner d’explications. Ce serait donc le vestiaire qui aurait finalement renversé le coach et Uli Hoeness aurait anticipé cette démission à la fin de la dernière saison.
Willy Sagnol, seulement un intérim
Selon la presse allemande, Sagnol, un intime du président bavarois, ne devrait assurer qu’un court intérim, la priorité de Hoeness étant de trouver un numéro un pendant la trêve internationale. Et c’est vers une solution allemande qu’il devrait se tourner puisque Thomas Tuchel est la cible première du Bayern, lui qui est libre depuis cet été et son départ du Borussia Dortmund. Encore une fois, après l’intérim d’un adjoint bien connu de la maison bavaroise, c’est la philosophie allemande qui va être prônée pour permettre au club de redorer son blason sur la scène européenne. En cas d’échec sur la piste Tuchel, la piste Julian Nagelsmann, entraîneur de Hoffenheim âgé de 30 ans, pourrait être activée. Le retour aux sources est bien en cours. Et si Hoeness avait préparé cet événement depuis plusieurs mois ?
En effet, en juin dernier, alors que le staff de Carlo Ancelotti était naturellement italien, le boss du club avait appelé Sagnol pour venir seconder celui qui sortait d’une saison décevante avec un seul titre. Il avait alors peut-être déjà en tête la transition qui s’effectue maintenant, transition va tenter de ramener le club au sommet du football européen. Car si l’on regarde bien, avec le premier entraîneur espagnol et le deuxième entraîneur italien de l’histoire du club, le Bayern a peut-être continué à dominer le football allemand, mais il n’a jamais été en mesure de jouer des coudes en Ligue des champions, notamment face au football espagnol. Le dernier titre en Ligue des champions remonte à 2013, juste avant l’arrivée de Guardiola: c’était le fameux triplé de 2013 réalisé par le Bayern alors entraîné par… un Allemand, légende de Mönchengladbach en tant que joueur et ayant entraîné déjà deux fois le Bayern, Jupp Heynckes.
Donc, l’intérim de Willy Sagnol et la recherche d’un profil d’entraîneur allemand ne peuvent paraître que plus logiques. Les dirigeants bavarois veulent offrir une stabilité à un club qui a changé de visage depuis 2013 en nommant d’abord en intérim un personnage bien connu de la maison, un personnage qui a passé neuf ans en tant que joueur au Bayern Munich, avant de se tourner vers une fibre allemande. Ils se permettent surtout de gagner du crédit auprès des supporters qui apprécient beaucoup Willy Sagnol, le « Flankengott » (Dieu des centres). Le club avait vraiment besoin de revenir à ses origines et le message n’en est que plus clair.
Crédits photo à la une: Светлана Бекетова