Quel spectacle ! Mardi soir, à l’Etihad Stadium, pour le compte du huitième de finale aller de la C1, Manchester City et Monaco ont offert une farandole de buts ayant accouché de la victoire des Citizens (5-3). Plombés par une fin de match catastrophique, les Monégasques devront livrer une grande prestation pour se qualifier, à Louis II, dans trois semaines.
On s’attendait à un grand spectacle. C’est finalement un feu d’artifice hallucinant qui a animé la rencontre entre Manchester City et l’AS Monaco, mardi soir, à l’Etihad Stadium, en huitième de finale aller de la Ligue des Champions. Un joyeux bordel complètement incontrôlable dont le scénario s’est fait l’écho de chavirements incessants dignes des montagnes russes les plus vertigineuses de la planète. Monaco a longtemps été en bonne position pour réaliser une magnifique opération et surfer sur sa grande réussite dans le Royaume (victoire à Arsenal en 2015 et à Tottenham en 2016) mais sa baisse de régime durant les 20 dernières minutes a précipité une défaite par 5 buts à 3 qui, si elle ne semble pas insurmontable, reste tout de même préjudiciable dans l’optique de la qualification.
Pourtant, le plan de jeu de Monaco a (presque) parfaitement fonctionné pendant près de 70 minutes. S’ils ont concédé l’ouverture du score de Sterling à l’issue d’une action individuelle de Leroy Sané (0-1, 26e), les Monégasques n’ont pas tardé à réagir grâce à une tête plongeante de Falcao (1-1, 32e), en imprimant un pressing coordonné et intelligent, bloquant la relance des Citizens. L’obsession n’était pas à la possession – mieux valait la laisser à Guardiola – mais à une organisation rigoureuse, à l’image de celles exercées face à Tottenham et au PSG. Il était en effet primordial d’empêcher City de passer le premier rideau, car, une fois David Silva ou Kevin De Bruyne trouvé, les choses se gâtaient sérieusement pour une arrière-garde monégasque plombée par l’absence de Jemerson (suspendu). Ce fut notamment le cas lorsque Silva lançait Agüero dans la profondeur, lequel tombait dans la surface au contact de Subasic, mais était finalement averti pour une simulation peu évidente (34e).
Une attaque au rendez-vous
Porté par une certaine réussite et une irrésistible propension à prendre la profondeur, Monaco pouvait alors faire briller les couleurs de la Ligue 1 sur la scène européenne, une semaine après la raclée infligée par le PSG à Barcelone (4-0). L’insouciance insolente de Kylian Mbappé permettait même à l’ASM de prendre la tête avant la mi-temps (2-1, 40e), validant ainsi le choix de Jardim de laisser Valère Germain sur le banc. Surfant sur une vraie vague positive, Monaco obtenait rapidement un penalty au retour des vestiaires, Otamendi ayant accroché Falcao par derrière dans la zone de vérité. Le Tigre ne faisait toutefois pas preuve de suffisamment de lucidité et Caballero pouvait s’interposer (50e), laissant éclater un premier tournant dans ce match délaissé par la raison.
Un premier tournant, car, dans la foulée, Falcao perdait un ballon exploité à merveille par City en contre-attaque, avec, à la conclusion, une frappe un peu molle d’Agüero sur laquelle Subasic commettait une grossière faute de main (2-2, 58e). On a pourtant cru que les qualités mentales des Monégasques suffiraient, une nouvelle fois, à faire la différence. Il leur avait fallu 6 minutes pour égaliser en première mi-temps, 2 leur ont suffi pour reprendre l’avantage, au bénéfice d’un lob délicieux de Falcao, qui rattrapait bien son penalty manqué (3-2, 60e). A cet instant, l’ASM semblait avoir les choses en main.
Erreurs individuelles et baisse de régime
Mais c’était sans compter sur une très nette baisse de régime de la troupe de Leonardo Jardim à l’approche de la fin du match. Il ne faut pas s’y tromper, si nous avons pu assister à une confrontation aussi folle, c’est aussi le fait des défenses calamiteuses de chaque formation. Celle de l’ASM n’a pas tenu la distance, se révélant particulièrement fébrile au cœur de 20 dernières minutes à l’atmosphère suffocante.
Surtout, les carences défensives des Monégasques sur coups de pied arrêtés sont apparus au grand jour et les ont propulsés dans l’abîme. Djibril Sidibé a souffert le martyre en étant tout d’abord fautif sur l’égalisation du Kun Agüero (3-3, 71e). Stones a ensuite permis a City de prendre les devants (3-4, 77e) avant que Sané, seul face au but, ne conclue le spectacle sur une note salée (3-5, 82e). L’ultime parade de Caballero face à Falcao (84e) a un peu plus ternis la soirée des Monégasques, qui seront contraints de réaliser un beau retournement de situation pour se qualifier, à Louis II, le 15 mars prochain. Mais, si, dans trois semaines, le scénario se révèle aussi délirant que ce mardi soir, dans l’ivresse des grandes soirées européennes, le Rocher peut croire en ses chances de réussite. Le Real Madrid, s’il a encore quelques souvenirs de 2004, pourrait même en témoigner.
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