Rien ne va plus à Troyes. Après avoir enregistré leur 3ème défaite d’affilée samedi dernier sur la pelouse de Nantes (3-0), les joueurs Troyens réalisent un des pires débuts de saison de l’histoire du club Troyen. Au Stade vous dresse le bilan de la situation actuelle de l’équipe Troyenne, qui, on peut le dire, est catastrophique – DÉCRYPTAGE
10 matches, 6 défaites et 4 matches nuls. Voilà un beau parcours de relégable après 10 journées de Championnat de Ligue 1. Ces statistiques, ce sont celles de l’ESTAC, avant dernière équipe au classement, qui enregistre un début de saison noire. Ce début de saison noire est dû en partie à un recrutement raté de la part des dirigeants aubois, mais aussi à une hécatombe de blessés à infirmerie. C’était donc l’occasion pour nous de rédiger le bilan de cette descente aux enfers. Chronique:
Un recrutement complètement raté
Un mauvais début de saison d’une équipe s’explique souvent par un mauvais recrutement estival. C’est tout à fait le cas de l’ESTAC. En effet, le club historique Aubois a décidé de s’orienter vers une stratégie de recrutement basée sur la continuité du sacre de Ligue 2. Par conséquent, très peu de joueurs ont été recrutés cet été, en tout cas au début de mercato… Car quand les dirigeants troyens ont constaté qu’une pluie de blessés longue durée s’abattait sur le Stade de l’Aube (voir par ailleurs), il fallait donc réagir et recruter rapidement.
C’est donc ce qu’a fait Daniel Masoni (président de l’ESTAC, ndlr) qui a recruté à la va-vite des joueurs peu extravagants, comme nous l’explique Jonathan Sottas, journaliste à NRJ Troyes et proche du club: « Il est évident que le club part avec un lourd handicap lié à un recrutement raté. En dehors de Karaboué, les autres joueurs ne sont que des deuxièmes et troisièmes choix, sans doute avec un potentiel certain mais à cours de rythme et de forme. » Même le recrutement de Mouhamadou Dabo, ancien joueur de Séville et de Lyon notamment, ne convainc pas le journaliste: « Concernant Dabo, c’est un joueur expérimenté mais une hirondelle ne fait pas le printemps, et n’oublions pas que le joueur a été blessé très régulièrement ces deux dernières années. »
Des blessures à la folie
Comme expliqué précédemment, l’ESTAC doit faire face à une vague de joueurs blessés depuis le début de la saison. En prenant pour exemple le cas de la défense Troyenne, le recrutement ultra-rapide de multiples joueurs en fin de mercato a conduit le nombre de défenseurs à 13 unités (!). Ce qui fait sans doute de l’ESTAC l’équipe la mieux garnie de Ligue 1 au niveau quantitatif… Mais la quantité n’implique pas forcément la qualité. Les suppléants des joueurs titulaires blessés sont pour la plupart des seconds couteaux, comme par exemple Veskovac arrivé en prêt, et qui était remplaçant sur le banc de Toulouse (13 matchs la saison dernière) lors de la saison 2014-2015. Les cadres de la montée en Ligue 1 ne dérogent pas à la règle; Mory Koné (défenseur central), qui avait réalisé une excellente fin de saison l’année dernière en L2 avec Troyes, s’est gravement blessé contre Marseille, fin août, pour une période d’invalidité estimée à 12 mois…
De plus, Koné n’est pas le seul dans ce cas-là en défense: Carlos Rincon (30 matches la saison passée) ne s’est toujours pas remis de sa blessure, N’Diaye (abonné à l’infirmerie) ne risque pas de revenir d’aussitôt, tandis que Jonathan Martins Pereira (souffrant depuis plusieurs semaines) a dû revenir sur les terrains plus rapidement que prévu, lors du déplacement à Nantes: « Ce n’était pas prévu que je reprenne si rapidement […] J’ai forcément manqué un peu de rythme et, physiquement, après une heure de jeu, c’est devenu un peu compliqué. » Cette instabilité défensive du côté Troyen s’explique aussi dans les statistiques. L’équipe championne de Ligue 2 la saison passée a encaissé 19 buts cette saison en L1, soit un ratio de 1.9 buts par match… Pas très rassurant donc.
Un secteur offensif en berne
S’il y a bien un chantier en construction à l’ESTAC, mise à part la défense, c’est bien l’attaque ou plus généralement le secteur offensif qui fait défaut au club Champenois depuis début août. La statique clé de cette non-efficacité offensive est le nombre de buts inscrit en 2015-2016: 5. Soit 0.5 but par match de moyenne, un ratio insuffisant pour une équipe de L1, comme Jonathan Sottas nous le confirme: « Ce qui m’inquiète plus, c’est notre faiblesse offensive. Si l’équipe avait su marquer sur ses opportunités en première mi-temps à Nantes, pas sûr que le scénario aurait été le même. Or on le voit bien, les milieux de terrain n’ont pour l’instant pas l’efficacité observée d’il y a trois ans (le trident Nivet-Camus-Darbion est grippé, ndlr)« . Quant à l’attaque Troyenne celle-ci n’est pas non plus fameuse:« Corentin Jean ne joue pas à son poste (ce n’est pas une vraie pointe) Cabot est sans arrêt blessé, Gueye et Hummet n’ont encore rien prouvé au haut niveau, Perea doit s’adapter et Bienvenu n’a montré que très très épisodiquement son talent. »
Une possible vente du club à la fin de la saison
A ce jour, les plans de développement du club Troyen à long terme sont un peu flous pour le public Aubois. Comme nous le confie Jonathan Sottas, une vente du club est envisageable, mais pas si certaine: « C’est un serpent de mer entretenu par ceux qui voudraient rentrer au capital mais qui n’en ont pas l’opportunité. Daniel Masoni ne veut pas vendre à l’heure actuelle même s’il cherche des investisseurs extérieurs pour l’épauler. Si le club descend (en L2, ndlr), difficile de prévoir ce qui pourrait se passer. Mais la situation du club semble bien plus fragile qu’il y a trois ans, ce qui soulève quand même bien des interrogations… » Envisagée depuis plusieurs années, la vente du club pourrait bien intervenir à la fin de la saison. Mais tout cela reste très flou, alors que le club est détenu par la famille Masoni depuis 1986. Mais on pourrait déjà imaginer l’agacement du président actuel à l’annonce d’une nouvelle relégation en Ligue 2 en fin de saison, alors que celui-ci avait annoncé en Mai dernier que « le club est désormais très bien préparé à l’accession en L1 […] à l’inverse d’il y a 3 ans (en 2012-2013, ndlr)« . De plus, le club est très instable financièrement parlant, comme l’a prouvé la descente provisoire en Ligue 2, courant Juillet, prononcée par la DNCG.
Des supporteurs en colère
Supporter l’ESTAC depuis le début de la saison, n’est pas très en vogue dans les rues de la cité Champenoise, c’est le moins que l’on puisse dire. En effet, les supporteurs des bleus et blanc qui se sont rendus au Stade de la Beaujoire à Nantes, lors de la précédente journée de championnat, s’en sont pris à leurs joueurs en estimant qu’ils devaient « mouiller le maillot ».
Jonathan Martins Pereira, latéral droit de l’ESTAC, a souligné ce problème des sifflets à Nantes dans une interview accordée au site estac.fr: « Pendant le match, sur le côté, je n’ai fait qu’entendre des invectives comme essentiellement : ‘mouillez le maillot’. Si tu fais un déplacement, c’est que tu aimes ton équipe et que tu viens pour la soutenir […] Nous nous sommes battus pour que l’Estac parvienne à ce niveau et nous nous battrons tout autant pour qu’elle y demeure ». Dans tous les cas, ces sifflets et autres reproches des supporteurs Troyens vis-à-vis de leurs joueurs, cesseront dès la première victoire de l’ESTAC en Ligue 1. Et pourquoi pas au Stade de l’Aube contre l’ogre Lyonnais le 31 octobre prochain ? Affaire à suivre …
Une lueur d’espoirComme nous le disait Jonathan Sottas, « Les statistiques sont aussi faites pour être déjouées ». Au-delà du début de saison catastrophique de l’équipe Troyenne, celle-ci pourrait avoir l’occasion de se rattraper lors des prochaines journées de championnat, où l’équipe Auboise rencontrera des équipes abordables. En effet, les joueurs de l’ESTAC rencontreront des équipes en mauvaise forme, notamment Bordeaux (le dimanche 25 octobre), Lorient (le 7 novembre), ou encore Toulouse (le 2 décembre). Entre-temps, comme nous l’expliquait le journaliste d’NRJ « une fois que l’ESTAC aura retrouvé ses titulaires habituels, elle pourra enfin lancer sa saison ». Patience donc …