Les Lions indomptables retrouvent le toit de l’Afrique. Nonobstant l’ouverture du score d’Elneny, le Cameroun a renversé la situation grâce à N’Koulou et Aboubakar. Une autre finale perdue pour le malheureux Héctor Cúper. Hugo Broos prend lui une revanche sur le sort. Un exemple à suivre pour ceux qui pensent que tout est déjà écrit d’avance et qu’il ne sert à rien de lutter.
Qui sait comment se sentira le défenseur de Liverpool Joël Matip, le latéral de West Bromwich Albion Allan Nyom. Ou, encore, le gardien de l’Ajax André Onana, l’attaquant de Schalke 04 Eric Maxim Choupo-Moting et les autres qui ont claqué la porte à leur pays, refusant de prendre part à cette coupe d’Afrique, préférant conserver leurs places dans leurs clubs respectifs, refusant l’appel de la patrie et boudant la convocation d’Hugo Broos, qui à son tour, avait obtenu le poste en répondant à une annonce en ligne de la fédération… On se demande comment ils se sont sentis, assis devant la télévision, voyant leur (non plus) Cameroun, devenir champion d’Afrique?
Un compte de fée, écrit conjointement par l’entraîneur Belge et le «gourou» Roger Milla, qui avait créé un groupe de travailleurs, sans étoiles avec des mots d’un certain poids, qualifiant de « traîtres » tous ceux qui avaient refusé de se lancer vers l’aventure au Gabon. Les Lions à nouveau devenus indomptables, ont repris un titre Continental tant désiré depuis 2002, renversant le désavantage initial d’Elneny pour au final, s’imposer 2-1, grâce aux réalisations de N’Koulou (59′) et Aboubakar (88′). En revanche, c’est une autre finale de perdue pour le pauvre Héctor Cúper, qui semble accompagné par une véritable malédiction.
Le film du match
Le début de partie est nettement à l’avantage de l’Egypte qui se montre immédiatement dangereuse dès la deuxième minute, oublié sur le côté droit, Mohamed Salah sert parfaitement El-Saïd dans le dos de la défense Camerounaise. La frappe puissante du meneur de jeu des Pharaons est bien captée par Ondoa. La réponse du Cameroun vient de Bassogog. Celui-ci récupère un ballon au pressing sur le côté gauche et peut ensuite servir Siani à l’entrée de la surface. La frappe du joueur d’Ostende est trop molle et El-Hadary se couche parfaitement (7’). Les Pharaons sont les maîtres du terrain et l’ouverture du score vient récompenser leur excellente entame: Sur un magnifique jeu en triangle côté droit, le joueur de la Roma Salah trouve une passe parfaite dans l’intervalle pour Elneny dans la surface. Après un bon contrôle, le milieu de terrain d’Arsenal frappe fort dans l’angle fermé et trompe Ondoa, surpris par la force du tir ! 1-0 pour l’Egypte (22’).
Sur la même action, il faut signaler l’erreur de positionnement d’Adolphe Teikeu, qui plus est, se fait mal et doit la mort dans l’âme, quitter ses partenaires (31’). Pour le suppléer, c’est le défenseur de l’Olympique Lyonnais Nicolas N’Koulou, auquel fait appel Broos: A première vue, cela semble un remplacement quelconque, ce sera pourtant un coaching qui changera l’issu de cette finale. Avec un autre changement qui a eu lieu après la pause, celui de Vincent Aboubakar – le grand exclu – entre à la place de Robert Ndip Tambe. Au retour des vestiaires, en fait, les Lions regagnent la pelouse du stade de l’Amitié avec une toute autre mentalité. Ils mettent de côté la peur et commencent à attaquer sans relâche. Jusqu’à obtenir la récompense, juste avant l’heure de jeu: Sur un corner tiré sur la gauche, Le ballon est dans un premier temps dégagé par la défense égyptienne mais revient sur Moukandjo (jusqu’à ce moment là inexistant) sur la gauche. L’attaquant Camerounais centre parfaitement au deuxième poteau pour Nkoulou, qui dévie le cuir au fond des filets d’El-Hadary, et remet les pendules à l’heure 1-1 (59’).
L’Egypte sombre physiquement
A partir de là, c’est un nouveau match qui commence: le Cameroun met le turbo compresseur, et se montre de plus en plus dangereux. Les Égyptiens, physiquement rincés, résistent pourtant avec courage. et alors qu’on se dirigeait tranquillement vers les prolongations, les Pharaons vont se faire piéger contre toute attente. Sur un long ballon dans le dos de la défense, Vincent Aboubakar réussit un superbe contrôle de la poitrine avant d’éliminer Gabr d’un coup du sombrero et d’enchaîner par une reprise de volée victorieuse qui laisse El-Hadary (44 ans) de marbre ! C’est somptueux mais tellement cruel pour les camarades de Salah (88’), les Lions «travailleurs» montent sur le toit du continent noir et, dans les tribunes, on retrouve un Samuel Eto’o fou de joie. Le Cameroun remporte la CAN 2017 et le cinquième titre de sa glorieuse histoire, le premier depuis 2002. Un trophée que les lions, redevenus rois de la jungle du football Africain, et plus que jamais indomptables, défendront dans deux ans chez eux, puisqu’ils organiseront l’épreuve en 2019.
Statistique clé:
Les deux finalistes de cette finale de Coupe d’Afrique des Nations ont trouvé la faille. Une première depuis 2004 (Tunisie-Maroc 2-1).
L’homme du match:
Hugo Broos (Sélectionneur du Cameroun): Difficile de ne pas lui décerner le fameux prix «The best» Il avait obtenu le poste en répondant à une annonce en ligne inhabituelle de la fédération, en confirmant celle-ci, par téléphoné sur un coup de fil passé à Yaoundé pour vérifier si sa candidature avait bien été prise en considération. Les anciennes gloires du pays ont contesté ce choix, c’en est même suivie une révolte populaire, ne considérant pas celui qui avait été limogé déjà comme un mal propre de la Jeunesse Sportive de Kabylie -alors que le célèbre club Algérien trustait le sommet de son championnat- à la hauteur du poste. Puis pour ne rien arranger, les stars de l’équipe ont décidé tour à tour, d’ignorer en décembre ses convocations. Mais le Belge – ancien défenseur d’Anderlecht dans les années 80’- ne désespère pas et crée un groupe compact et uni avec le même objectif, ramener le trophée le plus convoité au pays. Chapeau !
Le pire:
Ali Gabr (Défenseur de l’Égypte): En seconde période, le joueur du Zamalek a complètement perdu la boussole et, à la 88′, il se fait ridiculiser par l’attaquant de Beşiktaş Vincent Aboubakar, mettant fin aux rêves de gloire du pauvre Héctor Cúper.
Les déclarations des deux sélectionneurs:
Héctor Cúper (Sélectionneur Argentin de l’Egypte, battu en finale de la CAN): «Je veux d’abord féliciter le Cameroun. Je ne suis pas triste parce que j’ai encore perdu une finale. Je suis désolé pour les joueurs. Je regrette seulement que nous n’ayons pas pu donner cette joie au peuple égyptien. Bon, je perds encore une finale… Je ne vais pas dire que je suis habitué, mais bon… » (NDLR, il avait déjà perdu cinq finales : trois de Coupe d’Europe, en 1999 (C2), 2000 et 2001 (C1), une de Coupe du Roi (1998) et une de Coupe de Grèce (2010)).
Hugo Broos (Sélectionneur Belge du Cameroun, vainqueur de la CAN): « C’est vrai que lorsque je suis arrivé au Cameroun, j’ai dû changer des joueurs âgés, qui n’étaient plus motivés par la sélection. J’ai pris des joueurs plus jeunes. On a fait du bon travail. L’équipe n’est pas encore à son meilleur niveau. Je suis content pour les joueurs. Ce n’est pas un groupe de footballeurs, c’est un groupe d’amis. Prendre une revanche sur des journalistes, c’est le plus stupide qu’un coach puisse faire. Je ne demande qu’une chose, j’espère que la presse Camerounaise m’a compris: Patience et correction. Je pense que notre relation est bien meilleure qu’il y a un an. »
Crédits photo à la une: copa2014.gov.br