Le Tour Down Under est atypique. D’aspect champêtre, il est pourtant le fer de lance de la saison cycliste depuis 1999. Consolidé par son statut WorldTour en 2008, la course australienne est plus qu’un simple coup d’envoi de l’année, elle est un symbole pour le cyclisme australien.
Le Tour Down Under, course déjà historique
Vingt éditions mais déjà une sacrée histoire pour cette jeune course, premier symbole important de la mondialisation du cyclisme. Née en 1999, elle a quelque peu profité de l’engouement qu’elle suscitait auprès des coureurs australiens, sans doute ravis de voir leur pays enfin mis à l’honneur par une course qui appelait alors à devenir une référence. Preuve en est, il n’aura fallu que neuf années pour que le Tour Down Under soit inscrit au calendrier WorldTour, une première pour une course hors d’Europe. Cette inscription représentait le Graal pour une course qui accueillait alors souvent de jeunes coureurs en devenir (Luis Leon Sanchez, Philippe Gilbert ou encore Cadel Evans). Avec les points WorldTour qu’elle offrait, la récente course pouvait désormais attirer des noms en quête de premiers points mais surtout en quête de forme alors que la saison européenne ne démarre que fin février pour le calendrier WorldTour.
C’est donc ainsi que certains coureurs arrivent déjà très affûtés en Australie dont le terrain est parfait pour les puncheurs et les sprinters. Et ce n’est pas la chaleur qui empêche les coureurs de venir dans le Sud de l’Australie, terre d’accueil du Tour Down Under. Celui-ci tente de se spécifier ces dernières années pour offrir beaucoup plus de spectacle avec des côtes nouvelles en plus du Old Willunga Hill, véritable tradition chaque année et au sommet duquel Richie Porte s’est imposé les cinq dernières fois, preuve que les Australiens ne rechignent pas à s’y aligner. Ainsi, il apparaît peu probable de revoir un sprinter (André Greipel vainqueur en 2008 et 2010) au palmarès. Les récentes victoires de Tom-Jelte Slagter (2013), Simon Gerrans (2014 et 2016), Rohan Dennis (2015) et Richie Porte (2017) montrent que les puncheurs et les grimpeurs sont les nouveaux rois du Tour Down Under, bien que le couteau suisse sud-africain Daryl Impey soit venu quelque peu contredire cette logique cette année.
Le Tour Down Under, un guide pour le cyclisme australien
Le cyclisme australien s’est réellement développé à partir de la fin des années 1990, explosant en ce début de siècle grâce notamment aux exploits de Cadel Evans, premier australien à remporter le Tour de France (2011) et la course en ligne des championnats du monde de cyclisme sur route (2009). Et cette période coïncide justement avec l’histoire du Tour Down Under qui a servi de réel tremplin pour de nombreux cyclistes australiens (Stuart O’Grady, Michael Rogers, Cadel Evans…) qui, jeunes ou au début de leur carrière, bénéficiaient d’une certaine visibilité sur les routes d’une course qui intriguait à ses débuts. Le Tour Down Under fut donc un guide pour le cyclisme australien, une lanterne pour légitimer un sport qui ne possède pas seulement la route mais aussi la piste.
Les championnats du monde de cyclisme sur piste sont un parfait exemple de cette ère nouvelle pour l’Australie qui s’affirme comme une place dominante du cyclisme. Sur les 232 médailles glanées par l’Australie lors de ces championnats du monde sur piste entre 1893 et 2017, 175 le sont sous l’ère open entre 1993 et 2017, ce qui place la nation en première position en termes de nombre de médailles. Il est alors incroyable de voir que l’essor du cyclisme australien est lié à de multiples facteurs interdépendants entre eux, le Tour Down Under faisant partie de ces facteurs. Il n’est alors pas compliqué, en reliant chacun des facteurs, de s’apercevoir que les années 1990 constituent le point de départ d’une courbe croissante qui a tendu vers la verticalité dans les années 2000, pendant lesquelles Michael Rogers a remporté trois titres de champion du monde du contre-la-montre (2003, 2004 et 2005, le premier intervenant trois ans après le début de sa carrière) alors qu’aucun Australien n’en avait remporté un seul auparavant.
Le Tour Down Under, un symbole national
Il est clair que la course est devenue un morceau du patrimoine australien dont le cyclisme national peut être fier. Course sans aucun doute la plus importante de l’hémisphère Sud, le Tour Down Under s’est construit au fil des années une solide réputation qui doit beaucoup au peuple australien lui-même, fidèle sur les routes mais pas que: cet événement est plus qu’une course de cinq jours, c’est une fête de neuf jours avec de multiples activités dans les rues. Même si ce ne fut pas le cas cette année, le Tour Down Under s’accorde souvent pour que la fête nationale (26 janvier) tombe pendant une étape, de quoi passionner encore un peu plus un pays et ramener encore plus de monde au bord des routes. En 2017, 840 000 personnes ont encouragé au plus près les coureurs et la grande majorité n’a pas été déçue puisque Richie Porte est devenu le huitième australien à inscrire son nom au palmarès de la course.
Également, dans des temps où les cyclistes sont très vulnérables sur les routes, l’Australie profite de la popularité de l’événement pour faire de la prévention routière et inciter le plus de monde à faire attention sur des routes que les automobilistes et les cyclistes doivent partager. Cette prévention a été brutalement rattrapée par l’actualité alors que le 22 décembre dernier, Jason Lowndes, un jeune coureur de 23 ans de l’équipe Israël Cycling Academy, parrainée par Peter Sagan, était tué à l’entrainement en Australie, renversé par une voiture. Cela avait provoqué un certain émoi dans le monde du cyclisme et surtout dans le monde du cyclisme australien. Plus que jamais, la popularité importante du Tour Down Under est un moyen pour l’Australie de faire passer des messages essentiels.
Crédits photo à la Une: Twitter – @MitcheltonSCOTT