Le troisième et dernier grand tour de cette saison 2016 s’est achevé hier, à Madrid. Après 10 arrivées au sommet, 46 cols et près de 3277 kilomètres parcourus, les coureurs peuvent enfin souffler et rentrer à la maison. Retour sur les moments clés de cette 71e édition.
Le duel entre Froome et Quintana à la hauteur des espérances
Nairo Quintana gagne ce Tour d’Espagne 2016. Après 3 semaines de rebondissements, Christopher Froome n’a rien pu faire et ne sera « que » deuxième de cette Vuelta. Cela peut paraître un exploit puisqu’il est le vainqueur sortant du dernier Tour de France mais le britannique avait en tête le doublé, et ne sort que forcément déçu. On peut retenir beaucoup de choses de leur duel, mais le premier moment, c’est tout simplement la première étape de cette Vuelta. Contre la montre par équipe, la Sky de Christopher Froome domine pour quelques dixièmes la Movistar de Nairo Quintana. Contador est déjà relégué à plus de 50 secondes. La victoire finale devrait probablement se jouer entre le britannique et le colombien même si ce dernier annonce « avoir encore le Tour dans les jambes« . Le leader de la Movistar récupère « son » maillot rouge lors de la 10e étape, et fait coup double en gagnant également celle-ci.
Le lendemain, Quintana devra se contenter d’une deuxième place, seulement battu par son grand rival, Christopher Froome. Le deuxième fait marquant, c’est lors de la 15e étape: le leader de la Sky perd du temps et se retrouve déjà à plus de trois minutes au général. Et enfin, un dernier moment, c’est lors du contre-la-montre à quelques jours de l’arrivée finale que Froome fait renaître des espoirs à ses fans et à son équipe. Le britannique revient à 1minuite 21 du leader de la Vuelta à la veille de la dernière ascension. Tout était possible mais les deux ne se sont pas lâchés lors de la montée finale et finissent dans le même temps. Nairo Quintana remporte donc haut la main cette 71e édition du Tour d’Espagne.
Des Frenchies à la hauteur
Sur cette Vuelta, les français ont régalé à tous les niveaux. Certes, on ne retrouve pas un Romain Bardet 2e d’un Grand Tour comme sur le Tour de France. Mais les français se sont battus, ont attaqué, souffert, gagné. Trois victoires d’étapes sur cette Vuelta et avec la manière. Laurent Pichon porte le maillot à pois dès la première étape en ligne et Alexandre Geniez continue sur la belle lancé de la FDJ en remportant la 3e étape au sommet d’Izaro. Un soulagement pour le coureur averyonnais qui s’était blessé en début de saison. La FDJ s’est également montré lors des sprints en amenant Kevin Reza qui a pris une belle 3e place lors de la 5e étape. C’est ensuite Lilian Calmejane de l’équipe Direct Energie qui s’impose lors de la 4e étape au terme d’une échappée victorieuse. Et les français n’ont pas dit leurs deniers mots.
Kenny Elissonde donne tout ce qu’il a pour aller chercher le maillot à pois. Ses efforts lors de l’avant dernière étape n’ont pas suffi. Il est derrière Omar Fraile pour un petit point. Un petit point qui le sépare du bonheur, de son nom acclamé à Madrid, d’une reconnaissance infinie. « J’ai joué… j’ai perdu…« . Le grimpeur de poche peut être déçu mais surtout fier de lui. Et il n’est pas le seul à s’être battu jusqu’au bout. Pierre Latour, jeune talent d’AG2R La Mondiale, gagne la dernière étape de montagne, en résistant aux favoris et après un mano à mano avec Darwin Atapuma. C’est sous une tournure nostalgique que se termine cette Vuelta pour les français, Jean-Christophe Péraud quitte le peloton professionnel, au terme d’une 13e place au classement général.
Une Vuelta qui aura fait parler d’elle
Peut-être le savez-vous ou peut-être pas, mais les coureurs ne peuvent pas mettre le temps qu’il veulent lors d’une étape. Il existe ce que l’on appelle les délais. Les organisateurs prennent en compte le temps du vainqueur, la vitesse moyenne de course et calculent ainsi un horaire à partir duquel les coureurs seront classés hors délais. Mais lors de la 15e étape du Tour d’Espagne, 90 coureurs dont l’ensemble de la formation Direct Energie ainsi que l’équipe Sky, excepté Chris Froome, sont arrivés bien après cette barrière horaire. Les coureurs ont expliqué ensuite s’être mis d’accord pour finir l’étape tranquillement. Le jury se voyait dans l’impossibilité d’interdire le départ à 90 coureurs et a, par conséquent, pris la décision de les faire continuer cette 71e édition du Tour d’Espagne. Une décision qui a ensuite fait polémique sur les réseaux sociaux. Parmi les 198 coureurs au départ, 39 ont abandonné. Les raisons ? La fatigue, les chutes. Kevin Reza, Jose Joaquim Rojas et malheureusement bien d’autres encore ne verront pas Madrid mais passeront quelques jours entre quatre murs d’hôpitaux.
Crédits photo à la une: Maurizio Costanzo