- Peter Sagan remporte au sprint le Championnat du Monde de Doha. Son deuxième consécutif. En remportant un deuxième championnat du Monde ce week-end, Peter Sagan rentre un peu plus dans l’histoire du cyclisme. Le Slovaque courra un an de plus avec la plus belle des tuniques, le fameux maillot arc-en-ciel.
Peter Sagan est un géant. Cette phrase revient sans cesse depuis un an et son titre mondial de Richmond, où le Slovaque avait fais la différence dans la dernière bosse pavée à trois kilomètres de l’arrivée. Depuis, il n’a cessé d’éclabousser le cyclisme de sa classe en remportant de belle manière le Tour des Flandres, trois étapes du Tour en plus d’un cinquième maillot vert consécutif sur les Champs-Élysées ou encore le GP de Québec. Son récent titre de champion d’Europe, le premier décerné pour un coureur professionnel, a renforcé un petit peu plus son emprise sur le monde de la petite reine. C’est donc sans stress que le coureur de 26 ans a pu aborder la défense de son titre, car même une contre-performance en terre qatari n’aurait pas entaché sa saison. Mais c’est bien une réelle performance qu’à réalisé Peter Sagan sur les routes de Doha.
Une bordure attendue et décisive
Afin de pimenter la course et donner la possibilité aux coureurs de faire en sorte qu’elle soit bien plus qu’une épreuve plate en circuit, un aller-retour de 150 kilomètres était prévu dans le désert. Bien que sans relief, les deux longues lignes droites présentaient une difficulté importante : le vent. Après un début classique et la traditionnelle échappée matinale, c’est un virage sur le droite qui va tout changer, alors qu’il reste plus de 170 kilomètres à parcourir. Une accélération subite des nations britanniques et belges, associée à un vent venant de la droite, et les bordures tant espérées pour dynamiter l’épreuve apparurent. Les coureurs sont alors éparpillés, il y en a partout et une grosse vingtaine parviennent à tenir la tête. On cherche alors les meilleurs sprinteurs et favoris du jour. Si Cavendish, Boonen, Sagan, Matthews ou encore Kristoff sont là, plusieurs outsiders à une médaille sont absents. A commencer par les Français.
Bonnet d’âne pour l’équipe de France
Ni Nacer Bouhanni, ni Arnaud Démare, les deux leaders tricolores, n’ont pu accrocher le wagon de tête. La faute à un placement chaotique avant le changement de direction. Les kilomètres précédant ce fameux virage ont pourtant annoncé la couleur, avec une franche accélération à l’avant du peloton. Pas suffisant pour que les Français soient bien placés et seul William Bonnet, habituellement au service du dernier vainqueur de Milan-San Remo, a su accrocher les bonnes roues. L’autre grande nation piégée n’est autre que l’Allemagne. Avec André Greipel et Marcel Kittel au départ, les coureurs d’outre-Rhin avaient largement de quoi croire au maillot arc-en-ciel.
Mais les erreurs de placement vont réduire à néant tous leurs espoirs. Alors que seul John Degenkolb a su rester avec les meilleurs spécialistes face au vent, la malchance va s’abattre sur le coéquipier habituel de Warren Barguil. Une crevaison et ce sont tous les espoirs allemands qui s’effondrent. Ce qui laissera un Degenkolb dans tous ses états, à vif lorsqu’il fut perturbé par les Belges dans sa chasse et effondré lorsqu’il se retira de la course. Car la victoire allait bien se jouer à l’avant.
Un sprint incontestable
Une fois entrés dans Doha, à plus de cent kilomètres du but, les leaders n’ont qu’une minute d’avance sur ce qu’il reste du peloton, soit quarante coureurs. Mais l’écart va sensiblement augmenter sur le circuit, la faute à une équipe belge bénéficiant de six éléments, prêts à se dévouer pour Tom Boonen. Le final fut donc nettement moins passionnant que la traversée du désert. Aucune attaque à déclarer avant la banderole des cinq derniers kilomètres et la tentative de Niki Terpstra. Médiocre sprinteur, le Batave n’avait d’autre choix que d’anticiper l’emballage final. Mais les forces semblaient lui manquer, contrairement à son compatriote, le surprenant Tom Leezer. Le Néerlandais de 30 ans tente sa chance à deux bornes de la ligne, alors que personne ne l’attendait là. Inconnu du grand public et sans références particulières, il parviendra à prendre un léger avantage mais sera repris aux 500 mètres, pour laisser place à une sprint en petit comité.
Sagan, plus fort parmi les costauds
Avec un vent de face et une légère pente sur les deux cents derniers mètres, il ne fallait pas se découvrir trop tôt. Tom Boonen a peut-être été trop impatient ou a eu trop peur de se faire enfermer. C’est le premier à produire son accélération finale qui le propulse en tente aux cent mètres. Mais Cavendish est parti plus tard et le déborde sur sa gauche, alors que Sagan a choisi la droite de la route. La puissance du Slovaque est incroyable et c’est avec un vélo d’avance qu’il précède le Britannique sur la ligne. Il vient ainsi conserver sa couronne mondiale, exploit que personne n’avait réalisé depuis Paolo Bettini en 2006 et 2007. Plus fort encore, il a su se cacher tout le final et a fait le bon choix, celui de ne pas anticiper les débats. Car avec l’immense pancarte qu’il a dans le dos, un coup tactique était trop compliqué à mettre en place. Alors il a laissé parler son physique, sûrement son meilleur atout. Ce qui va lui permettre de passer un an de plus sous le maillot arc-en-ciel, une tunique amplement méritée.
Classement final:
- Peter Sagan (Slovaquie)
- Mark Cavendish (Grande-Bretagne)
- Tom Boonen (Belgique)
- Michael Matthews (Australie)
- Giacomo Nizzolo (Italie)
- Edvald Boasson Hagen (Norvège)
- Alexander Kristoff (Norvège)
- William Bonnet (France)
- Niki Terpstra (Pays-Bas)
- Greg Van Avermaet (Belgique)
Crédits photo à la une: Flowizm